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Par la loi Rivet du 31 août 1871, l'Assemblée décerne à Thiers le titre de président de la République en vertu de son pouvoir souverain qui inclue le droit d'user du pouvoir constituant. Ce titre est accordé à Thiers comme une récompense consécutive au succès des républicains des élections partielles qui sont dues personnellement à Thiers (une sorte de plébiscite). Cela récompense la loyauté de Thiers, et laisse supposer que l'assemblée doute des intentions de Thiers et de sa neutralité.
[...] La situation de fond devient tendue. Le conflit est latent entre les députés et le président. À droite, les monarchistes contestent l'orientation républicaine du régime (même si c'est une orientation conservatrice). Par ailleurs, les monarchistes ont pris du poids grâce à l'élection de Buffet élu à la présidence de l'assemblée en remplacement du républicain Grévy. À gauche, les radicaux progressent à chaque élection partielle, ce qui accentue leur éloignement vis-à-vis de Thiers. Depuis janvier 1872, les radicaux obtiennent aux élections partielles 17 sièges sur 41 sièges à pourvoir. [...]
[...] En laissant s'éterniser la question du cadre juridique, les monarchistes prennent le risque d'acclimater l'idée républicaine. Ils sont trop divisés pour proposer un projet. Gambetta mène un combat acharné pour l'instauration de la République. Il voyage beaucoup en province et fait beaucoup de discours (11 volumes de discours). Il avait été surnommé « le commis voyageur de la démocratie ». Dans le discours de Grenoble du 26 septembre 1872, Gambetta prévoit l'avènement des classes moyennes (appelées à l'époque « couches nouvelles ») appelées à jouer un rôle politique majeur. [...]
[...] Les monarchistes voient les manœuvres de rapprochement de Thiers vers les gauches républicaines. Toutefois, les espoirs d'une restauration de la monarchie se sont éloignés depuis le manifeste du Comte de Chambord, héritier au trône juillet 1871) qui se proclame en faveur du rétablissement du drapeau blanc, symbole de la monarchie absolue. Les légitimistes modérés et les orléanistes ne se retrouvent pas dans ce manifeste. Ils sont partagés entre leur attachement à la royauté et leur volonté de maintenir l'héritage révolutionnaire à travers un système parlementaire. [...]
[...] La République fait désormais peur, car elle pourrait devenir une revanche des laissés pour compte. On retrouve l'antagonisme entre Thiers et Gambetta autour de deux visions de la République. Thiers désavoue Gambetta pour garder la confiance des modérés de droite à l'assemblée. D'un côté, Thiers s'adresse au monarchiste en déclarant ses convictions républicaines (volonté de sortir de l'incertitude institutionnelle), de l'autre, il avertit les républicains de gauche en disant que tout gouvernement doit être conservateur. Au fond, Thiers espérait réunir les centres sous sa bannière. [...]
[...] La victoire de Barodet est la revanche des anciens communards ayant échappé à la répression de Thiers, appelé « le massacreur de la Commune ». L'élection de Barodet cristallise les craintes confuses entretenues par l'ambiguïté institutionnelle qui perdure depuis 3 ans et qui sert de déclencheur à la chute de Thiers. Thiers est dans une impasse : il ne rassure plus les royalistes (qui voient progresser les radicaux) et les radicaux reprochent à Thiers de vouloir une république sans républicain (trop modéré). Thiers ne peut donc plus se maintenir au pouvoir. [...]
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