Pendant le « long » XIXe siècle (1800-1914), le Royaume Uni a connu des changements d'une ampleur considérable, politiques, diplomatiques, socio-économiques. En 1911, il demeurait la première puissance économique mondiale. L'affirmation des classes moyennes devait rendre caduque la structure dichotomique traditionnelle qui opposait en un clivage fondamental les propriétaires fonciers (landlords) au reste de la population. Une déchristianisation du monde ouvrier semble révélée par le recensement religieux de 1851 ; mais tous les indicateurs ne sont pas convergents (succès de la prédication méthodiste dans les milieux populaires ou à la fin du siècle celle de l'Armée du Salut) (...)
[...] Il estimait en outre que les Églises avaient tendance à élaborer des dogmes et à encourager ainsi la passivité et l'inertie intellectuelles. Malgré sa défiance à l'égard des religions établies, Stuart Mill a reconnu dans son essai sur l'utilité de la religion (1874) le fait que les hommes avaient besoin de croire, et pas seulement de savoir. Pour lui, la religion avait donc une fonction sociale. Stuart Mill proposa même de substituer une religion de l'humanité aux dogmes religieux chrétiens, qui se voient contestés au XIXe siècle. [...]
[...] Le rapport à la religion Le contraste est net entre une aristocratie essentiellement anglicane et des classes moyennes majoritairement non-conformistes ou marqués par l'esprit évangélique. La religion tenait une place centrale dans le quotidien familial : l'une des charges du pater familias était de rendre les grâces ou de faire la lecture de la Bible le dimanche ; les activités liées à la vie religieuse figuraient en bonne place au nombre des critères de respectabilité. La place de la religion dans la culture populaire : le postulat de départ est issu du recensement religieux du 31 mars 1851 et affirme une déchristianisation massive. [...]
[...] Les préoccupations se déplacèrent ensuite en direction de la morale sexuelle, et de la prostitution. Les années 1880 furent dominées par la question de la traite des blanches (white slave trade) c'est à dire des trafics de jeunes filles à peine pubères, forcées à se prostituer à Londres ou en Europe. William T. Stead est l'auteur du virulent pamphlet The Maiden Tribute of Modern Babylon (1885), la Babylone moderne étant Londres. En 1885, une loi venait relever l'âge de la majorité sexuelle, de 13 à 16 ans. [...]
[...] Inversement, le courant libre penseur s'avéra incapable d'attirer un nobre significatif de militants. Il ne faut pas non plus oublier le rôle social du clergé, ou encore le fait que les classes populaires étaient littéralement submergées par un flot de littérature religieuse et édifiante : vers 1850, la Société pour la promotion de la connaissance chrétienne publiait 4 de volumes par an (et plus de 12M° à la fin du siècle). En 1903, l'évêque de Rochester utilisait l'expression de christianisme diffus pour qualifier cette version ouvrière du christianisme dans laquelle la stricte observance des pratiques cultuelles ou les controverses théologiques comptaient moins que l'application au quotidien et dans la sphère privée d'une morale effectivement basée sur les préceptes des Dix Commandements ou des paraboles bibliques. [...]
[...] John Stuart Mill ne voyait lui pas de contradiction entre l'enseignement du Christ et sa propre philosophie politique : il développa le thème de l'utilité sociale et psychologique de la religion. Après la phase utilitariste, le libéralisme anglais a été profondément conforté par la théorie évolutionniste et par son chantre, Herbert Spencer, agnostique comme Stuart Mill et qui a pourtant lui aussi reconnu la fonction sociale de la religion comme une donnée à prendre en compte. Le socialisme est resté assez marginal en GB jusqu'au début du XXe siècle et à l'essor du mouvement travailliste. [...]
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