Dès 1945, le pays –à la croisée de l'Europe occidentale et orientale –est pris d'assaut par l'URSS et les États-Unis, en témoigne la division bipartite de Berlin, dont la partie occidentale est administrée par les vainqueurs américains cependant que la zone orientale est investie par l'Armée soviétique. Déjà se dessinent en creux les prémices d'un affrontement idéologique qui s'engage entre la démocratie libérale américaine et le régime totalitaire stalinien, véritable guerre d'usure à la fois politique et idéologique, appelée Guerre froide.
L'Allemagne devient très vite le théâtre de ce conflit latent : découpée en deux zones distinctes, sa capitale subit le même sort –division quadripartite –de 1945 à 1990, si bien que les deux superpuissances sont en concurrence sur un même territoire qu'il s'agit de rallier à sa cause. Très rapidement, l'Allemagne s'impose comme un enjeu dans l'affrontement des deux modèles qui se livrent une compétition sans merci. Deux Allemagne se forment d'un point de vue idéologique dès 1945, et ne se défont qu'en 1990, date à laquelle l'Allemagne est réunifiée. Cette césure entre les deux Allemagnes cristallise pendant 45 ans le conflit tangible entre les deux superpuissances.
[...] Car il est notoire que le niveau de vie de la RFA est nettement plus élevé que celui de la RDA, une simple frontière séparant deux mondes radicalement opposés. L'économie de la RDA, essentiellement fondée sur l'industrie lourde, s'épuise et se rétracte, alors que l'économie en RFA s'ouvre aux échanges et au commerce mondial. Cette autarcie de la RDA est liée à l'autosuffisance voulue par Moscou. Par ailleurs, si la démocratie est libérale en RFA, elle n'est que factice en RDA si bien que les populations tentent de fuir les conditions de vie déplorables, espérant atteindre une vie meilleure en Allemagne de l'Ouest. [...]
[...] Acculé à son échec, Staline est contraint en mai 1949 d'abandonner cet embargo déjoué par les formes américaines. Conséquence : la rupture entre les deux blocs est définitivement consommée, et l'hostilité que chaque modèle éprouve sur l'autre s'exacerbe. Dès lors, l'Allemagne est partagée en deux dès 1949, la ligne Oder-Naisse découpant arbitrairement le pays, jeté sous la tutelle des deux puissances rivales : la République fédérale d'Allemagne à l'Ouest, est mise sous le contrôle des Alliés, avec la création d'une nouvelle capitale, Bonn, cependant que la République démocratique allemande accaparée par les Soviétiques. [...]
[...] De plus, la RFA bénéficie elle aussi du progrès social et de l'éclosion économique produite par les Trente Glorieuses constituant ainsi un pays capitaliste et développé. Dès 1957, elle participe à la signature du Traité de Rome et s'impose comme la puissance économique la plus aboutie du continent européen, grâce à l'inondation des capitaux américains qui ont permis sa refondation complète. Economie externalisée, la RFA s'affranchit progressivement du joug américain en participant activement à la fondation de l'Europe des six. [...]
[...] Reste alors le sort de l'Allemagne à régler : le Parti Communiste de la RDA accepte d'organiser des élections libres, prodromes du multipartisme. L'année suivante, en octobre, le traité 4+2 scelle la réunification des deux Allemagnes : il ne reste plus désormais qu'une Allemagne. Ainsi, la réunification de l'Allemagne est avant tout le signe de l'effondrement d'un monde bipolaire, caduc et compassé. Cette réunification est avant tout la marque de la défaite du communisme, qui n'a pas su faire face aux événements. Quant à Berlin, son statut de capitale d'Etat est restauré. [...]
[...] Dès lors, l'Allemagne condense la vivacité de la tension qui oppose les deux superpuissances, et s'impose comme un enjeu de pouvoir et d'influence, subissant les vicissitudes de régimes radicalement antagonistes. Sous l'impulsion de Willy Brandt, les relations entre les deux Allemagnes s'apaisent, ce qui marque les prémices d'un détachement par rapport au modèle libéral américain. Au début des années 1990, l'implosion intestine de l'URSS et la victoire du modèle libéral suscitent l'émergence d'une réunification allemande, Etat qui devient désormais indépendant, souverain et unifié. [...]
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