L'affaire Dreyfus a été un moment déterminant dans l'apprentissage de la République en France et reste encore à l'origine de certaines oppositions de la société française. Problème à l'origine d'espionnage et du ressort d'un tribunal militaire, ce qui a été appelé « l'Affaire » prend très vite de l'ampleur après 1894 et devient un enjeu franco-français, qui entraîna de nombreuses conséquences dans la société française, tellement importantes qu'elles ne sont pas mesurables.
Ainsi, il ne faut pas s'arrêter à 1906 et la réhabilitation de Dreyfus pour chercher les suites de l'Affaire, mais jusqu'à aujourd'hui. Des lois comme celle de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, si fondatrice de notre République, sont une conséquence directe de l'Affaire Dreyfus, et Charles Maurras qui déclare en 1945 que c'est « la revanche de Dreyfus » consacre en même temps l'événement. En mettant l'affaire au centre du débat politique, c'est en vérité un combat de fond qui s'engage, et qui met en jeu des questions comme la place de l'individu face à l'intérêt général, jusqu'où peut aller le patriotisme, l'antisémitisme…
[...] Seule une poignée d'écrivains et d'hommes politiques étaient alors dreyfusards. Après le suicide de Henri, en revanche, la ligne de partage est plus nette et on peut là parler de dreyfusisme ou d'antidreyfusisme de conviction. La première caractéristique de l'antidreyfusisme : il défend l'armée, la raison d'Etat, les principes d'ordre et d'autorité et l'intérêt du pays, jugé supérieur à la cause d'un individu. A l'inverse, les partisans de la révision mettent en avant les idées de Justice, de Vérité, de Raison et de défense des Droits de l'individu. [...]
[...] Dreyfus est condamné au bagne à vie. Le 31 octobre, Le Soir révèle que Dreyfus a trahi la France. Relatif consensus : l'armée n'est pas remise en cause et le jugement est vu comme juste. Pas de mouvement politique autour de l'Affaire, qui est perçue comme terminée dès 1894. Déchaînement de la presse avec antisémitisme. Clemenceau et Jaurès protestent contre le régime de faveur dont a bénéficié l'espion au regard des condamnations habituelles : sa classe sociale et sa richesse l'auraient sauvé. [...]
[...] Problématique : L'affaire Dreyfus, en voyant s'opposer radicalement deux parties de la société française, crée de grands changements, sur le plan politique comme sur le plan culturel ; changements parfois immédiats, et parfois plus profonds. Dans une première partie, nous observerons qu'à l'origine l'Affaire Dreyfus est une affaire juridique, mais que peu à peu elle divise la France. Dans un second temps, nous analyserons de quel ordre sont les divisions et en quoi elles marquent le jeu politique droite-gauche durablement. Enfin, dans une troisième partie, nous verrons les conséquences politiques et culturelles immédiates et à long terme. [...]
[...] Cavaignac à la chambre fait publier des éléments du dossier secret qui avait accablé Dreyfus, mais il est démontré que c'est un faux. Henry avoue puis se suicide. Révision inévitable, mais il y a toujours des divisions entre ceux qui ne veulent pas retirer du prestige à l'armée et qui pensent que la nation vaut plus qu'un juif (Maurras, Barrès ) L'opinion toutefois est ébranlée et commence à douter de l'armée. Les deux camps sont définitifs et plus opposés que jamais. [...]
[...] L'Historiographie a parfois lu l'Affaire Dreyfus sous l'angle uniquement antisémite. C'est trop réducteur, mais pour autant il y a de nombreuses conséquences à cet antisémitisme de l'affaire Dreyfus : durablement, une partie de la droite sera antisémite, et on retrouve cela dans les années 1930, puis avec Vichy. Le souvenir de Dreyfus exacerbe les passions à cette époque et une sorte de vengeance a lieu quand sont mises en places les lois antijuives de Vichy. A l'inverse, le précédent créé par l'Affaire Dreyfus est peut-être ce qui a permis de faire l'union de la gauche après le 6 février 1934. [...]
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