Rome a toujours attiré les regards de par son Histoire si longue et si particulière. La « Ville Eternelle » ne doit pas son surnom au hasard et c'est ainsi que Montesquieu s'intéresse à elle. L'extrait que nous étudions présentement est tiré des Voyages de Montesquieu, plus précisément du premier tome où se trouve la partie Voyage en Italie. Cette œuvre est publiée pour la première fois en 1894, à Bordeaux, par Albert de Montesquieu, l'arrière arrière-petit-fils de Charles-Louis de Secondat dit Montesquieu, né le 18 janvier 1689 et mort le 10 février 1755 à Paris. Il est le baron de La Brède mais est surtout un moraliste, un penseur politique et un écrivain français des Lumières. Au travers de sa formation, il est vite orienté vers l'Histoire de Rome qui est en quelque sorte, un chemin obligé dans la formation culturelle de l'époque. Ainsi, à l'âge de dix ans, il rédige sous la dictée une Historia Romana en latin et il reste très attiré par Cicéron qu'il juge être « un des grands esprits qui aient jamais été ». En 1728, alors qu'il vient d'être élu à l'Académie Française, il décide de partir en voyages à travers toute l'Europe lors desquels il se rend en Autriche, en Hongrie, en Italie, en Allemagne, en Hollande et en Angleterre où il séjourne plus d'un an. De ces voyages en sortent des analyses tant sur le plan géographique que économique, ou encore politique et moral (notamment sur les mœurs des habitants). Lorsque Montesquieu arrive en Italie, celle-ci est morcelée. La géographie politique italienne fut établie initialement à Utrecht. En effet, l'un des principaux buts de la paix de 1713 était d'établir un équilibre des forces entre les grandes puissances européennes. L'Italie fut donc divisée sans que les traditions ou les aspirations des peuples concernés ne soient évoquées. Ainsi, Charles VI, archiduc d'Autriche, récupère la plupart des anciennes possessions espagnoles, c'est-à-dire Milan, Mantoue, Naples et la Sardaigne. Le Piémont de Victor-Amédée II reçoit quelques territoires du milanais, le duché de Montferrat et la Sicile. Cependant cette répartition s'avère ne pas être stable et quelques modifications sont faites au cours du XVIIIème. C'est ainsi qu'en 1720, la maison de Savoie, pour obtenir la Sardaigne, dut laisser la Sicile à l'Autriche. Rome, capitale de l'Etat pontifical, était au XVIIIème siècle la seconde ville d'Italie en termes de population, passant de 135000 habitants à 163000 à la fin du siècle. Ce sont 10% de la population de l'Etat pontifical qui vit dans la ville. C'est également, à cette époque, une ville de contrastes sociaux violents.
[...] Ce sont des vestiges prestigieux de la période impériale qui fascinent les intellectuels de ce siècle. Nous pouvons percevoir, grâce à Montesquieu, le fait que l'Italie, au XVIIIème siècle, n'est qu'une expression géographique. Notamment, grâce au paragraphe allant de la ligne 53 à 61, où il dit que le cardinal Annibal Albani lui a expliqué les relations commerciales tendues avec le royaume de Naples, appartenant à l'empereur Charles VI. L'Italie est éparpillée en plusieurs royaumes et donne l'impression d'un délitement par rapport à son passé prestigieux. [...]
[...] Georgelin, L'Italie à la fin du XVIIIème siècle, SEDES, Paris 1989. [...]
[...] Montesquieu insiste sur la dégradation de cette Villa, elle est très négligée (l.17). Elle est le symbole d'une puissance passée, celle des Médicis. Montesquieu s'attarde beaucoup sur des éléments d'architecture et de sculpture antiques. Il remarque ainsi de très beaux bas-reliefs antiques sur la façade de la Villa Médicis. Le texte est parsemé de références aux temps anciens comme à la ligne 21 avec les Bains de Néron ou lorsqu'il fait référence au palais Domitien à la ligne 30. Enfin, des lignes 63 à 67, il évoque le Palais des Empereurs. [...]
[...] Forts de la constatation que nous faisons des considérations de Montesquieu sur l'Histoire romaine, pouvons-nous pour autant le considérer comme un historien ? Nous nous attachons ici à répondre à cette interrogation. III Montesquieu historien ? Tout au long du texte Montesquieu fait des références au temps ancien, décrit des situations passées, étudie la société dans son ensemble. Il n'est plus seulement le philosophe, il adopte une autre démarche. A Un intérêt fort pour l'Italie et le temps ancien. Comme nous l'avons dit précédemment, l'étude de Rome est un passage obligé de la formation intellectuelle du XVIIIème siècle. [...]
[...] Non seulement Montesquieu pense cela, mais d'autres auteurs comme Montaigne et Sismondi également. Ces éléments sur les mœurs romaines décrites par Montesquieu expriment bien cette vision d'une Rome décadente. Tout au long du texte, il dissémine çà et là des éléments, outre cette réflexion sur les caractères, qui nous montre cette chute B Ruines et morcellement. Montesquieu, lors de son voyage, s'attache beaucoup à l'art comme nous l'avons vu précédemment. Ainsi, dans son récit, il ne cesse de mettre en évidence les ruines, les vestiges, signes de la puissance passée de la ville. [...]
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