Il s'agit d'une autobiographie publiée en 1898. Trente ans après la révolution Meiji, le Japon est alors ouvert, son économie est modernisée. Le Japon est aussi une puissance militaire ; en effet, en 1895, il est victorieux contre la Chine dans la guerre sino-japonaise et il annexe l'île de Taiwan. Le Japon est donc alors en pleine expansion.
La même année, Fukuzawa publie un recueil de l'intégralité des textes qu'il a écrits au long de sa vie (opuscules, articles) ; il a 63 ans (il mourra 3 ans plus tard). Cette démarche s'inscrit donc dans une volonté de laisser un testament politique.
Concernant la forme, le style est révolutionnaire, très simple, très accessible. Il est caractérisé par une alternance de passages narratifs et de dialogues rapportés au style direct ; par de nombreuses anecdotes, de nombreux exemples ; également caractérisé par la juxtaposition de courts paragraphes.
C'est donc un style très spontané qui permet à cette autobiographie de rencontrer un grand succès populaire (en effet l'apprentissage de la lecture est valorisé par la tradition confucéenne ; et dès 1871, l'école est rendue obligatoire ; ainsi en 1898, on estime que 98% de la population japonaise sait lire).
Concernant le contenu du livre, il est évidemment autobiographique, mêlé de descriptions du Japon traditionnel ainsi que descriptions de la modernité occidentale découverte par l'auteur lors de ses voyages en Europe et aux Etats-Unis.
[...] Il appelle à un ordre social plus démocratique. Son refus d'être honoré davantage que n'importe quel marchand de tofu pour ses efforts, ce qu'il perçoit comme un privilège archaïque, s'inscrit dans cette revendication. En outre, expérience personnelle de l'auteur donne profondeur et sincérité à ses revendications. L'auteur semble avoir éprouvé une blessure profonde dans son enfance liée à son origine sociale. Il se décrit comme le valet d'un valet puis comme un vermisseau étranger à l'espèce humaine Cette manière de lier contenu autobiographique et politique procure une dimension supplémentaire qui semble donner plus de poids à l'argumentation de Fukuzawa. [...]
[...] La superficialité est le symbole d'une modernisation partielle qui manque de sincérité. Ainsi, Fukuzawa dénonce les fonctionnaires dont l' élocution est aisée et la tenue d'une parfaite correction mais dont la pensée manque de pénétration et dont les aptitudes physiques semblent limitées 237). De la même manière, il dénonce un gouvernement qui soutient la doctrine de l'ouverture, mais qui reste farouchement xénophobe 238). On peut presque voir dans cette dénonciation une démarche platonicienne en rapprochant l'opposition de la superficialité et de la sincérité établie par Fukuzawa, de l'opposition du sensible et de l'intelligible développée par Platon. [...]
[...] La vie du vieux Fukuzawa racontée par lui-même Il s'agit d'une autobiographie publiée en 1898. Contexte de cette publication : 30 ans après la révolution Meiji ; le Japon est alors ouvert, son économie est modernisée. Le Japon est aussi une puissance militaire ; en effet, en 1895, il est victorieux contre la Chine dans la guerre sinojaponaise et il annexe l'île de Taiwan. Le Japon est donc alors en pleine expansion. La même année, Fukuzawa publie un recueil de l'intégralité des textes qu'il a écrits au long de sa vie (opuscules, articles) ; il a 63 ans (c'est- à-dire 3 ans avant sa mort). [...]
[...] L'école est au centre du combat de Fukuzawa pour l'indépendance. Il définit la civilisation comme le progrès de l'humanité dans la connaissance, ce qui renvoie à l'intelligence, et la vertu, ce qui renvoie à la moralité. Cette distinction entre vertu et connaissance est fondamentalement occidentale, ce à quoi s'oppose la vision confucéenne qui considère connaissance et vertu comme identiques. La civilisation est donc à la fois le moyen et le produit de l'indépendance. Au-delà de son école, Fukuzawa enseigne à grande échelle à travers ses écrits, livres et articles, qui rencontrent de grands succès. [...]
[...] En conclusion, Fukuzawa considère que l'indépendance est la clé du développement des sociétés modernes. Cette indépendance est menacée par des archaïsmes tels que : l'inégalité de la société, ou la xénophobie. C'est pourquoi il les dénonce avec insistance. Le moyen de sauver l'indépendance de son pays, c'est l'instruction, seule capable d'agir sur les mentalités. À travers cette autobiographie sous forme de testament politique, Fukuzawa souhaite achever une modernisation dont il reconnaît la réalité des avancées, mais dont il dénonce les insuffisances. [...]
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