- L'idée est défendu par beaucoup, que, de 1940 à 1944, le cinéma français aurait été lié à l'existence même de Vichy, et aurait possédé un particularisme Mais ce n'est pas ce que pense J.Siclier : sous l'Occupation, la principale préoccupation du cinéma français est d'assurer sa survie en dépit des contraintes.
Pour les spectateurs de l'époque, il n'y a pas non plus de "cinéma de Vichy" : le cinéma est une distraction, permet d'oublier les difficultés... est une forme de liberté. Il faut noter qu'il n'était pas encore considéré comme une forme de culture.
La possibilité d'évasion qu'ils représentent explique que les cinémas sont très fréquentés sous l'Occupation (tous les spectacles en général), ainsi que le fait qu'en hiver, on avait chaud dans les salles. On constate une baisse de la fréquentation seulement en 1944, provoquée par les alertes, les coupures de courant...
- L'auteur rappelle qu'en province, l'Occupation est vécue de loin, à cause de la sous-information (les postes de TSF coûtent cher).
- L'opinion selon laquelle les Français ont boudé les films allemands à l'écran par patriotisme est ici dénoncée comme fausse. En réalité, seuls quelques films allemands appartiennent vraiment à la propagande pure : Le Juif Süss, Veit Harlan (succès de curiosité face à un amas de poisons raciaux du IIIe Reich) ; Le Président Kruger, Hans Steinhoff (film anti-britannique qui dénonce les camps de concentration anglais de la guerre des Boers)... Sinon, la "propagande" est assurée par des films imitant les succès américains : mélodrames, comédies, films musicaux, d'aventures... Succès d'actrices comme Zarah Leander ou Marika Rokk. Succès des films italiens également avec Isa Miranda, Alida Valli...
- Le cinéma est alors la continuation du cinéma français des 30'. Les films de cette époque circulent encore, même si la censure allemande fait couper des plans où apparaissent des acteurs juifs : c'est le cas avec Macao de Jean Delannoy (1939), interdit en juin 40 à cause de la présence dans le film de Stroheim, antinazi notoire. Delannoy le remplace donc par Renoir et fait ressortir le film en décembre 42, sous le titre L'enfer du jeu.
La seule rupture entre l'avant-guerre et l'Occupation est l'arrêt presque total de l'industrie cinématographique entre mai et décembre 40, ainsi que l'exil de René Clair, Julien Duvivier, Renoir, Gabin, Michèle Morgan, Louis Jouvet, Madeleine Ozeray... ou encore la menace des lois raciales sur Max Ophuls (...)
[...] - La découverte de Clouzot Henri-Georges Clouzot n'est pas inconnu dans le monde du ciné : travaux d'adaptation, assistant-réalisateur De plus, c'est le compagnon de Suzy Delair. Il est engagé par la Continental pour ce qui deviendra le Dernier des Six : il part d'un roman policier (Six hommes morts de Steeman) qu'il transforme : ajoute notamment le personnage de Mila Malou. Suzy Delair n'est pas favorisée par sa liaison avec lui, et est choisie pour ce rôle par Greven lui-même. [...]
[...] IV Le mystérieux Alfred Greven et la production française de Continental Films Pour les spectateurs, Continental produit des films français comme les autres. A la Libération, on apprend qu'elle était allemande. - Max Winkler, l'organisateur : Il achète pour le compte des nazis des organes de presse mis en faillite. Il dirige la Cautio GmbH à Berlin, qui rachète à l'étranger des parts de journaux pour le IIIè Reich. A partir de 1937, il négocie le rachat des actions de la UFA (une des sociétés de production cinématographique allemande les plus importantes), en crise financière. [...]
[...] Très dévouée, elle réalise plein de bonnes actions, en surprenant les secrets du village grâce au standard de la poste (justification des écoutes téléphoniques par les défenseurs de la vertu Elle apparaît comme une femme simple, qui fait triompher la raison; une morale traditionnelle est mise en valeur. VII René Dary : le nouveau Gabin, régénéré par la Révolution Nationale Gabin incarne une virilité prolétarienne. Par exemple, le côté front populaire dans La Belle Equipe de Duvivier (1936). Il disparaît du cinéma sous l'Occupation : est mobilisé en 1939 dans la marine, et une fois démobilisé, obtient accord de Vichy d'aller tourner aux Etats-Unis. Il ne revient en France qu'après-guerre. [...]
[...] - Epuration ? A la Libération, l'administration des Domaines saisit le stock de la Continental. Trois films sont interdits : Les inconnus dans la maison, Le corbeau et La vie de plaisir, tous 3 considérés par la Résistance comme œuvres pernicieuses. Le Corbeau est particulièrement visé : Clouzot est privé du droit de travailler dans le cinéma français pendant deux ans. Son talent est surtout censuré à cause de la Continental. Il fera une rentrée triomphale en 1947, avec Quai des Orfèvres. [...]
[...] Le cinéma français évite de s'attaquer à Hitler. Par exemple, la nouvelle version de J'accuse, d'Abel Gance qui sort en 1937, véhicule un message pacifiste et idéaliste ; La grande illusion, de Renoir (1937) rappelle la première guerre mondiale. Le cinéma français se cantonne dans les films d'espionnage et les évocations du conflit franco-allemand de 14- 18 : Melle Docteur, Pabst (1936) . - La drôle de guerre : Le cinéma ne fait que fortifier la haine du boche et l'idée de revanche ; de plus, il entretient l'illusion d'une paix impossible. [...]
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