Ian Kershaw (né en 1943) est un historien britannique essentiellement connu pour ses travaux sur Hitler et le nazisme. Il s'agit ici d'un article qu'il a publié dans le livre dirigé par Enzo Traverso et publié en 2001, Le totalitarisme : le XXe siècle en débat.
Ian Kershaw développe la thèse d'une « renaissance » du terme totalitarisme depuis 1989 et la chute du Mur de Berlin. Il semblerait que ce terme, qui laissait certains relativement sceptiques, soit réinvesti par « les nouvelles approches de comparaison des régimes nazi et soviétique ».
Plusieurs raisons expliquent une telle modification dans l'angle d'analyse du totalitarisme : Ian Kershaw s'attarde sur trois principales.
- L'ouverture du bloc communiste à l'Occident a permis – grâce aux récits de citoyens du bloc est – de saisir l'étendue de « l'enrégimentement », « de la surveillance, de la répression, de la persécution » dans ces pays.
- L'héritage du conflit qui opposa l'Allemagne nazie et l'URSS stalinienne est encore prégnant dans nos sociétés.
- Les citoyens de la Fédération Allemande doivent aujourd'hui faire face à la mémoire de deux dictatures : celle du régime nazi et celle du régime communiste en RDA.
[...] L'auteur l'a illustré en disant que le régime nazi est le seul à être apparu dans un Etat ayant un système politique démocratique et une économie industrielle et avancée. Ce point de divergence me semble assez déterminant et, je peux me tromper, mais il me semble qu'aucun autre régime dictatorial ne se soit installé dans de telles conditions. Il faudrait donc ainsi essayer de fonder un autre concept qui prend en compte l'unicité du nazisme et qui le distingue particulièrement du totalitarisme et de la dictature moderne puisqu'il semble être une échelle au-dessus de ces régimes. [...]
[...] - Le régime poststalinien a connu une perte de dynamisme, ce que le régime nazi n'a jamais connu. - Après la mort de Staline et avec le début de la déstalinisation, l'URSS n'a pas connu de grand chef charismatique au contraire du régime nazi qui, évidemment, avait Hitler. - Dans le régime nazi, les dissensions intérieures n'ont jamais réellement disparu alors que l'URSS poststalinienne a plus ou moins réussi à la faire taire. Sans compter que la répression est devenue largement prévisible et non-arbitraire dans ses interventions à la grande différence du régime hitlérien. [...]
[...] - Comparaison régime nazi / communisme soviétique : Cette comparaison décrit des techniques et des instruments de gouvernement semblables Toutefois, elle ne rend pas compte des différences quant aux origines, aux bases sociales différentes, aux buts, aux idéologies, aux structures économiques et aux chronologies. C'est ainsi que Ian Kershaw s'interroge sur la périodisation du communisme. Faut-il considérer le communisme allant de Lénine à Gorbatchev ou considérer le stalinisme comme une période bien particulière ? Il est de l'avis de la seconde proposition. Pour Ian Kershaw, comparer stalinisme et nazisme permet de les regrouper dans une seule et même catégorie tout en mettant en évidence les différences de chaque régime. [...]
[...] La destruction des structures de pouvoir faisait partie du système nazi lui-même tandis que cette même destruction n'était qu'un des traits différenciant le stalinisme du système soviétique avant et après Staline. C'est lui qui a entrepris de détruire le pouvoir du parti dans le souci d'étayer son pouvoir personnel Ian Kershaw en vient en suite à utiliser les catégories de légitimité de Max Weber pour expliquer ces différences dans le sabotage des structures d'Etat par Hitler et Staline. Il pense que le nazisme était, par essence, fondé sur une autorité charismatique qui était l'antithèse des structures légales et rationnelles de gouvernement. [...]
[...] - Comparer le régime nazi aux régimes poststaliniens n'est pas pertinent. - Le terme totalitarisme prend tout son sens lorsque l'on compare le régime nazi et le régime de Staline ; tous deux ayant cherché à obtenir une emprise totale sur leurs sujets. - Le concept de totalitarisme ne peut décrire qu'une phase de transition, révolutionnaire, violente et exceptionnelle dans la vie d'un régime. - Les différences les plus flagrantes entre les deux régimes tiennent à la nature de l'autorité dans les deux régimes - La comparaison a permis d'illustrer la singularité et l'unicité du nazisme et c'est là ce qui importe le plus à l'auteur. [...]
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