Albert Camus, Combat, actualité, journalisme, éditorial, journalisme critique, La République, lecteurs, patriotisme, libération
Alors que le gouvernement français actuel s'apprête à légiférer à l'encontre des fausses nouvelles (fake news) qui envahissent l'internet et sont pressenties avoir fait basculer la dernière élection présidentielle américaine, l'éditorial du 8 septembre 1944 publié par Albert Camus dans le journal Combat semble d'une actualité brûlante. Le contexte d'écriture de ce document est en proie à des changements brutaux, « la certitude de la victoire remplaçant soudain l'espoir infatigable de la libération ».
[...] En effet, ne pas trouver le ton juste peut faire dégénérer le commentaire partial en récit partiel, et donc en propagation de fausses nouvelles. A contrecourant d'une certaine euphorie de la libération, Camus dénonce à demi-mot le patriotisme débridé des médias alliés durant la libération de la France, comme il a pu combattre la propagande vichyste quelques mois auparavant. C'est pour cela que Camus se fait le chantre de nouveaux mots , d'un langage à apporter à la France libérée afin de fonder la presse d'après-guerre sur des bases permettant l'information de qualité et l'esprit critique. [...]
[...] L'armée alliée a alors débarqué en Normandie depuis quatre mois, et, le même jour, Charles de Gaulle forme le premier gouvernement provisoire de la République française (GPRF). Camus est le rédacteur en chef de Combat de 1944 à 1947, il est engagé dans la Résistance en tant qu'intellectuel, ou plutôt embarqué , comme il préfère le dire. Camus a toujours été très empirique dans sa philosophie et son éthique, contrairement, par exemple, à Sartre qui était bien plus idéologique. Ici, Camus se positionne en faveur d'une refondation de la presse à la libération. [...]
[...] La première remarque de Camus concerne la nécessité d'une réflexivité des journalistes, c'est-à-dire d'un regard critique sur leurs propres pratiques. Les journalistes doivent confronter les informations et les sources dans leurs articles mêmes, en donnant aux lecteurs les clés pour se faire leur propre analyse de la situation. De plus, toujours dans les articles-mêmes, il convient pour le journaliste de relater la collecte des données empiriques ayant servi à la conception de l'article. Camus milite donc pour une forme de méta-journalisme. Camus prône également un commentaire raisonné de l'actualité dans la presse. [...]
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