Firman impérial ottoman, empire ottoman, sultan ottoman, province, Egypte, territoire égyptien
Le document qui nous est présenté est un firman impérial ottoman, c'est-à-dire un ordre écrit du Sultan de l'Empire ottoman, signé par le Sultan ottoman, vraisemblablement Abdulmecit Ier, au « Gouverneur » ou Vice-roi d'Egypte Méhémet Ali, l'Égypte constituant alors une province ottomane. Ce firman a été récupéré après l'indépendance de l'Égypte par le roi d'Égypte Fouad Ier à des fins d'étude historique. Il convient de rappeler qu'au XIXe siècle, l'Empire ottoman regroupe depuis Constantinople (l'actuelle Istanbul) un territoire s'étendant de l'Europe du Sud-Est à l'Arabie et à l'Afrique du Nord. Présent sur les cartes depuis la fin du Moyen Âge, on peut cependant constater son déclin tant territorial qu'en termes de gestion intérieure au cours du XIXe siècle, alors que les revendications d'autonomie prennent de l'ampleur et que les ambitions coloniales des puissances européennes s'affirment.
[...] Le firman, sous couvert de l'autorité qu'il diffuse, peut aussi être lu et interprété à l'inverse comme un aveu de faiblesse d'un Empire en déclin. Le Sultan fait ainsi une concession majeure - l'hérédité - à un homme qui l'a lui-même défié. Il décrit la manière dont la province doit être administrée, alors que cette même province a déjà affirmé beaucoup plus frontalement le peu de loyauté qu'elle était prête à accorder à l'Empire. De fait, l'Empire Ottoman est d'ores et déjà considéré comme Homme malade de l'Europe , c'est à dire un pays en retard sur ses voisins et appelé à se disloquer dans les décennies à venir, de l'opinion même de ces voisins (il se maintiendra finalement jusqu'en 1918, non sans avoir largement fondu en taille au cours du XIXème siècle. [...]
[...] La reprise en main présentée dans ce firman aura finalement été de peu d'effet. Plus largement, elle peut sans doute illustrer le peu de réalisme des derniers sultans ottomans à s'évertuer, par l'utilisation de gouverneurs, à administrer au XIXème siècle de manière traditionnelle des régions qui avaient de moins en moins vocation à se maintenir dans l'espace ottoman. Bibliographie FARGETTE, Guy, Méhémet Ali : le fondateur de l'Egypte moderne, Paris, L'Harmattan, 1996 LAFI, Nora, "L'Empire ottoman en Afrique : perspectives d'histoire critique , Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique , Vol. 128, 2015, p. [...]
[...] C'est ainsi que le firman porte ainsi une valeur légale, puisqu'il confirme la position de Méhémet Ali comme gouverneur de l'Egypte. Il est intéressant de constater également la place de l'hérédité dans la transmission du pouvoir : la province est ainsi promise à ses descendants - masculins - aussi longtemps que faire se pourra. L'on observe ici une reproduction à l'échelle provinciale de la transmission du pouvoir telle que pratiquée à l'échelle impériale, également héréditaire. A noter cependant, est cela est rappelé à la fin du document, que l'hérédité, qualifiée de privilège - de fait, un privilège plus souvent observé pour des souverains que pour de simples gouverneurs, dans l'Empire Ottoman ou ailleurs - est conditionnée au respect d'un certain nombre de règles à respecter absolument par le destinataire. [...]
[...] Derrière l'ordre du Sultan : les difficultés d'administration d'un pouvoir à bout de souffle Si le fonds du firman est ferme donc, la forme pourrait apparaître comme presque cordiale, entre un souverain et un homme de confiance, fut-il vassal. Cependant, une analyse plus approfondie de l'histoire récente de l'Egypte ne peut que faire relativiser ce constat, afin de mieux comprendre sa finalité, qui n'est autre que de mettre un terme à un certain nombre d'initiatives récentes de Méhémet Ali. Il faut savoir en effet que Constantinople et l'Egypte sortent de décennies agitées, de par même l'activisme de Méhémet Ali. [...]
[...] Dans un second temps, nous verrons ce que ce document, mis en relation avec l'histoire égyptienne et ottomane d'alors, vise à permettre une tentative de reprise en main de celle-ci par le Sultan. Le Sultan ottoman et l'Égypte du XIXème siècle : ordres et efforts pour maintenir une domination sur la province égyptienne Une première lecture du document présent fait incontestablement apparaître une relation de domination, le destinataire - Méhémet Ali - devant visiblement bien comprendre qu'il est aux ordres de l'expéditeur - le Sultan - , dans une relation claire de vassalité. [...]
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