Georges Clemenceau, Aude, crise viticole, révolte des vignerons, production viticole, mouvement populaire, fraude, répression des fraudes, Marianne, surproduction
Le département de l'Aude est au coeur du drame de la crise viticole de 1907. Lorsqu'en août le préfet rédige son rapport à Clemenceau, président du Conseil, l'exaspération des vignerons vient d'atteindre son paroxysme. Les manifestations des 19 et 20 juin réprimées dans le sang ont certes été suivies du vote de lois visant l'apaisement, mais la sortie de crise ne semble pas totalement acquise. Rappelant les causes supposées de la crise et son déroulement, le préfet analyse la double nature du mouvement : populaire et spontané, il s'est fortement politisé au point d'être vécu comme une menace par le gouvernement. Faisant état des avancées sur le terrain, le préfet implore Clemenceau de prendre les dernières mesures qui lui semblent nécessaires à une durable sortie de crise. Ce rapport nous interroge donc sur les enjeux et les conséquences du mouvement de 1907 : s'agit-il, comme le suggère Rémy Pech, plutôt de « Marianne en révolte » que de « révolte contre Marianne » ? Quelles mesures de défense de la production viticole sont prises ?
[...] (Clemenceau, juin 1907) Le préfet de l'Aude met Clemenceau en garde contre « le caractère nouveau très politique qu'on a essayé de donner au mouvement ». L'emploi du pronom indéfini montre comme la menace est multiple et diffuse. Bien sûr, le préfet désigne Ernest Ferroul, maire socialiste de Narbonne et ancien député, comme acteur évident de la politisation du mouvement lorsqu'il succède à Albert à la tête du mouvement à partir du mois de mai : « Au vigneron, rien que vigneron, hanté de la seule idée de sauver vin de son pays succède [ . [...]
[...] Rapport du préfet de l'Aude à Georges Clemenceau, président du Conseil ; La crise viticole de 1907 (1907) - La révolte des vignerons : quelles mesures de défense de la production viticole sont prises ? Le département de l'Aude est au cœur du drame de la crise viticole de 1907. Lorsqu'en août le préfet rédige son rapport à Clemenceau, président du Conseil, l'exaspération des vignerons vient d'atteindre son paroxysme. Les manifestations des 19 et 20 juin réprimées dans le sang ont certes été suivies du vote de lois visant l'apaisement mais la sortie de crise ne semble pas totalement acquise. [...]
[...] Surtout, après l'arrestation, le 19 juin, des membres du Comité d'Argeliers (à l'exception de Marcellin Albert) et du dr Ernest Ferroul, c'est l'escalade de violence et de provocations. A Narbonne, dans la soirée, la souspréfecture est attaquée. Les cuirassiers chargent les manifestants : un mort et plusieurs dizaines de blessés sont à déplorer. A Montpellier, on note également des heurts entre manifestants eux-mêmes. Le 20 juin, c'est l'état de siège à Narbonne. L'armée tire sur la foule devant la mairie : 4 morts, une dizaine de blessés dont l'un succombe le lendemain. [...]
[...] Les lois des 29 juin et 15 juillet 1907 instituent ainsi un contrôle de la production, rendant possible une répression des fraudes qui se perfectionne à la fois par un renforcement du service et, progressivement, comme l'annonce le préfet dans son rapport du 16 août, par une collaboration de ce service avec la Confédération Générale des Vignerons (CGV) Perspective d'avenir : coopération avec la CGV dans la lutte contre la fraude Le préfet de l'Aude rend compte de la naissance d'un syndicalisme viticole : « L'organisation actuelle de défense viticole est à la veille de se transformer radicalement. Les statuts de la future Confédération Générale des Vignerons (CGV) sont prêts ; les syndicats régulièrement constitués [ . ] vont remplacer les comités communaux et cantonaux . » La révolte close, en effet, les comités de défense viticole se transforment en syndicats locaux de la Confédération Générale des Vignerons (CGV). C'est un syndicat agricole d'un type nouveau, puisqu'il prend la défense d'un seul produit. [...]
[...] Certes, il rappelle que la terrible crise de surproduction a poussé les vignerons à crier leur détresse dans la rue et a fait l'objet de récupérations politiques et de débordements violents. Mais il est également témoin de la naissance d'une nouvelle forme de syndicalisme agricole et surtout, il rend compte d'une étape importante dans l'intervention de l'Etat pour réguler l'économie de marché au moyen de la loi. Cette législation de 1907, outre qu'elle a enfin facilité l'application des lois précédentes définissant le vin naturel, constitue le socle de ce qui sera dans les années 1931-1935 le statut du vin et le code du Vin (1936). [...]
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