En janvier 1919, le serrurier Anton Drexler fonda à Munich le Parti Ouvrier Allemand (ou DAP en allemand : Deutsche Arbeiterpartei), groupuscule d'extrême droite comme tant d'autres dans l'Allemagne d'après 1919, meurtrie par la défaite et le « coup de poignard dans le dos » (Dolchstoßlegend).
La République de Weimar était régulièrement ébranlée par des agitations politiques violentes. Afin de surveiller le DAP d'Anton Drexler, les services de renseignements de l'armée lui envoya l'alors caporal Adolf Hitler, soldat ayant passé quatre ans dans les tranchées et traumatisé par le sort de la nouvelle Allemagne et l'humiliation du « diktät de Versailles ».
En 1920, le parti ouvrier allemand (DAP) se transforma en parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP) et cette mutation fut symbolisée par un programme résumé en 25 points. On ignore qui furent toutes les personnes participant à l'élaboration de ce programme même si Ian Kershaw reconnaît la « patte » du chef du parti, Anton Drexler, et de l'économiste du NSDAP, Gottfried Feder. Le 24 février 1920, c'est l'orateur vedette du parti, Adolf Hitler, qui présenta devant une foule de près de 2 000 personnes, le programme en 25 points qui marqua la naissance du parti national-socialiste allemand, qui sera plus tard communément appelé « parti nazi ».
L'Allemagne d'alors est traumatisée par la défaite, se sent vaincue et humiliée. Elle est touchée par des crises économiques, sociales, et politiques nées de l'après-guerre. Dès lors, on peut se demander à travers ce programme en 25 points dans quelle mesure la défaite de 1918 et le Traité de Versailles ont posé les jalons des réflexions nazies, ainsi que les « réponses » que ces dernières proposent pour résoudre les problèmes de l'Allemagne de Weimar.
[...] Elle est également perçue comme ne respectant pas l'attribution des postes selon les capacités, mais selon les relations. Cette vision du rôle exclusif du citoyen nous amène à parler d'une autre caractéristique des états totalitaires : un endoctrinement des individus, où l'Etat s'immisce bien au-delà de l'économique et du social. Le rôle de l'Etat : de l'endoctrinement au contrôle sur les citoyens Le parti national-socialiste allemand souhaitait un contrôle de l'Etat sur la vie de ses citoyens dès leur plus jeune âge comme le révèle le point 20 qui proposait des réformes scolaires en profondeur. [...]
[...] On pourrait résumer cette éducation par le passage : L'esprit national doit être inculqué dès l'âge de raison dans l'article 20. Dans l'article 21, on retrouve les cultes qui seront utilisés plus tard : la culture de la mère et le culte du corps. Plusieurs mesures sont prévues pour encourager l'éducation des jeunes : l'article 20 prévoit que l'Etat couvre les frais de l'instruction supérieure Le culte du sport se retrouve avec le passage qui prévoit l'introduction légale de pratiquer le sport et la gymnastique Cela avait un double objectif : d'abord une politique nataliste, puisque la population était un facteur de puissance militaire, et d'autre part le conditionnement à la discipline et au développement physique afin de préparer de bons futurs soldats. [...]
[...] Un Etat fort et centralisé pour des citoyens dévoués On a vu que le projet économique du NSDAP passait par de nombreuses nationalisations, l'Etat prendrait donc un grand contrôle sur l'économie. Mais en plus de cela, le parti national-socialiste prévoit un état autoritaire. Dans l'article 17, il demande la promulgation d'une loi permettant l'expropriation sans indemnité L'article 25 prévoit la création d'un pouvoir central puissant, l'autorité absolue du Comité politique sur l'ensemble du Reich et de ses organisations On peut donc voir une extension des prérogatives de l'Etat, qui passe avant tout par une centralisation. [...]
[...] III) Les prémisses du futur état totalitaire ? Après avoir vu les fondements idéologiques et le projet économique et social du NSDAP, on peut se demander quels sont les signes avant-coureurs de l'Etat totalitaire. Le terme n'existe pas encore, et il n'est pas défini clairement ce que sera le IIIe Reich, Hitler ne se voit même pas à l'époque comme le futur leader de l'Allemagne. Pourtant, la vision de l'Etat énoncé dans ce programme laisse entrevoir des signes qui serviront à construire l'Etat totalitaire à partir de 1933. [...]
[...] Le point 17 réclamait une réforme agraire conforme à nos besoins nationaux avec expropriation sans indemnité de terres utiles à l'intérêt commun Cette expropriation vise en fait surtout les sociétés juives spéculatives, soupçonnées d'avoir acquéri des terres de manière frauduleuse. Ces réformes sont prévues dans l'optique de protéger les plus faibles face aux grands possesseurs, que ce soit les grands propriétaires ou les trusts. Le cliché du juif rentier et spéculateur alimentera cet amalgame entre antisémitisme et anticapitalisme. Au final, le programme économique et social du NSDAP tourne autour de l'antilibéralisme et l'anticapitalisme, mais principalement dans un but électoral. [...]
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