Profession de foi d'Albert Sarraut, élections législatives de 1906, Parti radical, Narbonne, politique anticléricale, réformes sur les libertés individuelles, lutte anticléricale, IIIe République
"Les radicaux, devenu le parti dominant de la Troisième République, grâce à des institutions et à un système électoral qu'ils avaient jadis violemment combattus, en sont désormais les défenseurs", nous explique Serge Berstein dans son ouvrage intitulé "Histoire du Parti radical : la recherche de l'âge d'or." C'est cette vision radicale qu'entend expliquer Albert Sarraut dans sa profession de foi aux élections législatives de 1906. Le document à étudier est donc un communiqué daté de 1906 de la part d'Albert Sarraut, député de la deuxième circonscription de Narbonne et candidat à sa propre succession pour les élections législatives.
Ce dernier fait le bilan de son mandat qui touche à sa fin. Albert Sarraut est un homme politique français né en 1872 à Bordeaux et mort en 1962 à Paris. C'est un avocat de métier, député de l'Aude entre 1902 et 1924, puis sénateur entre 1926 et 1940. Il représente bien la "République des avocats" décrite par Jean Garrigues et Philippe Lacombrade dans La France au XIXe siècle où ils expliquent que les avocats (ou magistrats) de formation représentent à la fin du XIXe siècle entre un quart et un tiers des députés et des sénateurs.
[...] Ils appartiennent à ce que l'on appelle les nouvelles couches (Léon Gambetta), c'est-à-dire des personnes qui peuvent se réclamer d'une tradition politique familiale, mais qui peuvent dire également qu'elles se sont faites eux-mêmes (études, origines bourgeoise, accès à des métiers qui leur donnent une surface sociale Dans ces nouvelles couches, il y a beaucoup d'avocats comme Sarraut, mais aussi des médecins, des journalistes ou des professeurs. Ce sont des personnages instruits. Ils ont pu se payer un enseignement secondaire et ont obtenu le moyen pour payer et être financé pendant les années d'université. J'ai conscience d'avoir tenu la parole donnée, d'avoir apporté à la défense de vos intérêts moraux et matériels un dévouement égal à une égale fermeté l. 4-6. La Chambre des députés, élue au suffrage universel pour quatre ans, est la plus importante du Parlement. [...]
[...] Le pape nomme dès le lendemain de la loi quatorze évêques sans consultation du gouvernement. Un enseignement privé se met en place, concurrençant l'enseignement public et laïc jugé de mauvaise qualité par le clergé. Sarraut se positionne donc clairement dans le mouvement du combisme, alors que celui-là avait créé des dissidences de certains radicaux, partisans d'un radicalisme de gestion, de juste milieu J'ai lutté de toutes mes forces pour la défense de la République, parce que la République est le seul instrument possible de progrès démocratique l. [...]
[...] Le taux de chômage est de 10% vers 1896-1900 (ibidem). Il y a donc une grande partie de la population qui réclame de meilleures conditions de vie et de travail, et le parti radical propose un programme pour y remédier. Léon Bourgeois[3] en 1901 l'exprime déjà : Lorsqu'en face de cette toute puissance on aperçoit la faiblesse et l'isolement des travailleurs ( nous n'avons pas le droit de laisser faire A noter que l'idéologie bourgeoise de gauche, l'anticléricalisme, le souvenir de luttes communes imprègnent la classe ouvrière par le biais d'une sorte de conscience collective. [...]
[...] La loi est portée aux nues. Il utilise même le terme salutaire qui possède une connotation religieuse, exprimant ainsi l'action bénéfique que représente cette mesure. Sarraut poursuit : J'ai été avec la liberté de conscience contre la servitude du dogme, avec la tradition française contre l'esprit ultramontain, la France contre Rome l. 10-12. En effet la République assure la liberté de conscience et le libre exercice des cultes moyennant le respect de l'ordre public Elle ne subventionne aucun culte Il faut cependant préciser que la décision d'adopter une telle loi n'a pas toujours fait l'unanimité au sein du parti radical. [...]
[...] Dès lors les députés constituent le sommet d'une classe politique qui s'insère entre eux et les citoyens (La France de 1848 à 1914, Antoine Olivesi et André Nouschi). Il y a donc un glissement qui s'opère du notable au professionnel de la politique (cf. Eric Phélippeau, La fin des notables revisitée). Sarraut en est une bonne illustration. Ce texte nous diffuse l'image d'un homme politique actif, dévoué, au service des électeurs. Les soucis de ses concitoyens lui tiennent réellement à cœur. [...]
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