Rédigé principalement par Adolf Eichmann, ce procès-verbal constitue la transcription par écrit d'une réunion qui s'est déroulée le 20 janvier 1942 au 56-58 de l'avenue Arn Grossen Wannsee, une villa cossue d'un faubourg de Berlin. Reinhard Heydrich est l'instigateur de cette réunion qui réunit les principaux fonctionnaires de l'administration ministérielle et de la SS. Né en 1904, cet ancien officier de la marine a 38 ans en 1942. Il fait une carrière fulgurante dans la SD, le Service de Sécurité de la SS, la police secrète chargée de la surveillance et de l'espionnage des « ennemis ». Il en obtient la direction dès sa création. Très liés à Heinrich Himmler, ils sont à eux deux à la tête de toutes les polices du pays.
Ce document est un exemplaire du procès-verbal, il est ici adressé à Luther, sous secrétaire d'État aux Affaires étrangères. Plusieurs autres ont également été envoyés à d'autres dignitaires du Reich. Ce procès-verbal établit les résultats de la conférence de Wannsee, des résolutions qui ont été prises. Il s'agit d'un acte rédigé par une autorité compétente, il constate un fait et entraîne des « conséquences juridiques» (Le Petit Robert), et ici, aussi des conséquences humaines et morales.
Si le langage utilisé peu apparaître peu clair – cela est notamment dû au fait que cette conférence doit rester secrète -, le sens même de cette conférence est limpide, il s'agit de trouver une solution pour le long terme à la « question juive en Europe », et d'organiser ses moyens de réalisation de « l'exécution pratique de la solution finale de la question juive est désormais arrêtée [ … ] une totale convergence de vue règne entre les différents bureaux concernés » (l.8 à 10 de l'introduction au procès-verbal). Tous les ministères liés de quelques façons à cette question étant réunis, des divergences sont apparentes, d'autant plus que Heydrich entend imposer son point de vue. Cependant tous sont d'accord sur le fait qu'une « solution » doit être mise en place, les précédentes s'étant révélées caduques.
Depuis 1933, plusieurs « solutions » ont pu être envisagées, un rappel de celles-ci est d'ailleurs effectué lors du procès-verbal. Cependant, elles deviennent difficilement applicables, notamment à cause du prolongement de la guerre. A l'issue de cette conférence, la « solution » vers « l'est » est adoptée. Une notion très vague qu'il conviendra de définir.
Cette conférence va au-delà de l'intention d'une politique anti-juive. Il s'agit de formuler clairement cette intention pour trouver les moyens de l'appliquer.
[...] Les Juifs eux-mêmes doivent s'en charger comme le stipule le texte. Les populations les plus pauvres doivent compter sur des aides, des donations personnelles ou internationales. Cela permet au pays d'acquérir des devises étrangères d'un montant de dollars à l'octobre 1941. Une taxe en proportion des fortunes de chaque juif est en outre exigée par le gouvernement nazi. Si une partie de la population juive allemande à la possibilité d'émigrer, une partie préfère rester sur le territoire allemand, comme nous l'avons dit précédemment. [...]
[...] Il lui a été promis que son territoire serrait libérée de juifs alors que les flux d'émigrants ne cessent pas. Cette double hostilité du commandement militaire et du Gouverneur Général aurait pu être surmontée si Hitler n'avait pas confié à Himmler et Heydrich le soin de réinstaller les Volksdeutsch, les Allemands de souche, dans le Reich. Il s'agit du triage, du regroupement racial ; d'une part parce qu'Hitler dans ses objectifs de conquête de l'URSS veut éviter que des Allemands puissent être pris en otage, et parce qu'il faut éviter le mélange des races Le procès-verbal mentionne des réticences de la part de certains pays à accueillir d'autres afflux de populations juives. [...]
[...] D'autre part, il élabore un règlement législatif sur le divorce forcé des couples mixtes Sur la question des conséquences de l'évacuation des juifs sur la vie économique [ ] l'exécution des actions actuellement en cours (l.1 à 7 du point IV) Le 23 octobre 1941Eichmann s'engage à ce qu'aucun juif travaillant dans les usines d'armements du Reich ne soit déporté sans l'accord de l'Inspection de la production d'armement compétente. A cette date le RSHA et l'Office d'économie et d'armement de l' état-major de la Wehrmacht se sont mis d'accord. Heydrich confirme d'ailleurs cette disposition durant la conférence lorsque Neumann le questionne à ce propos. En réalité, de nombreux travailleurs juifs sont déportés après que le RSHA ait restreint le nombre de personnes exemptées de déportation. [...]
[...] La date de la conférence de Wannsee marque les esprits, il s'agit désormais d'une date récurrente dans la chronologie de la Seconde Guerre mondiale. Peut -on dire qu'on lui donne plus d'importance qu'elle n'en a réellement ? Cette conférence constitue-t-elle un tournant dans la politique anti-juive ? Aussi, il semble intéressant de définir les enjeux de cette conférence, tant au niveau politique, historique et bien sûr moral. Quelles décisions sont prises ? Ces décisions marquent-elles une extrême radicalisation du régime nazi ? [...]
[...] L'idéologie nazie classifie la société selon des concepts raciaux, certains hommes sont par nature supérieurs ce qui explique aux yeux des nazis la domination d'hommes sur d'autres hommes. Au sommet de cette hiérarchie se trouvent les ariens, hommes supérieurs qu'il convient de favoriser et de protéger des autres races dites inférieures qui doivent alors être écartées. Au plus bas de cette hiérarchie, les juifs sont considérés comme des sous- hommes et responsables de tous les maux de l'Allemagne. Hitler considère que les juifs sont à la fois l'unique problème et solution de l'Allemagne. Problème car ils sont à l'origine d'une conspiration mondiale contre l'Allemagne. [...]
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