David A. Bell est un historien américain spécialiste de l'histoire de la France aux XVIIe et XVIIIe siècles ; il enseigne actuellement à l'université de Princeton. La notion de guerre totale qu'il conceptualise dans cet ouvrage est née au lendemain de la Première Guerre mondiale. Léon Daudet (1918) puis le maréchal Ludendorff (1936) l'utilisent pour caractériser la mobilisation sans précédent de l'appareil productif. George Mosse et Stéphane Audoin-Rouzeau introduisent le concept dans l'historiographie de la Première Guerre mondiale, insistant cette fois sur le transfert de l'expérience de la brutalisation vers l'ensemble de la société.
[...] Les deux premiers chapitres étudient les racines du passage à l'état de guerre totale et notamment l'influence de la philosophie des Lumières. Deux chapitres présentent la Révolution française et la déclaration de guerre de 1792 comme la grande rupture dans la façon de faire la guerre, dans une situation d'urgence pour construire un État capable de remplacer la monarchie. Les chapitres suivants s'intéressent à la façon dont la guerre totale se pratique, démontrant que l'idée d'extermination totale de l'ennemi n'est pas restée une théorie. [...]
[...] Cette pensée portait en germes la guerre totale à venir, la guerre d'une nation contre une autre. Wilhelm von Humboldt dans son pamphlet de 1792 fait l'éloge de la guerre antique, du noble caractère du guerrier Comme chez les Lumières et contre la conception aristocrate, la guerre doit être absolument extraordinaire, c'est un moment unique où la nation s'extrait de la routine à laquelle elle s'abandonnait pour se donner l'occasion de progresser. La pensée de la guerre est abstraite, largement fantasmée. [...]
[...] Avec les Cent-Jours et le sacrifice de l'exil solitaire, il met en scène une légende éblouissante. L'auteur s'intéresse à la trace de cet héritage et l'expression d'un nouveau discours sur la guerre dans Le Rouge et le noir de Stendhal. Julien Sorel rêve d'une brillante carrière militaire, car il rêve de sortir couvert de gloire d'une grande guerre apocalyptique, et non pour jouer un rôle social prédéterminé, contrairement à Valmont, l'officier aristocrate de Laclos. La guerre trouve une place centrale dans la littérature romantique et l'idée nouvelle du moi romantique. [...]
[...] Les orateurs appellent à la mobilisation de la population. Le discours de Danton de septembre 1792 est resté célèbre : de l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace, et la France est sauvée dit-il avant de réclamer la peine de mort pour ceux qui refusent de coopérer. Le 20 septembre, l'armée française dirigée par Dumouriez (successeur de La Fayette, accusé de trahison) l'emporte à Valmy, un duel entre artilleries à l'ancienne qui devient un objet de propagande pour raviver le moral de la France révolutionnaire. [...]
[...] Mais cette pensée sera au fondement des conceptions des révolutionnaires, qui armeront le peuple sans-culotte de lances au mépris des règles de l'art de la guerre moderne. Avant 1798, il manque un événement capable de renverser l'ancien système de valeur, il faut encore que ressurgisse avec toute l'urgence du moment, la question construction de l'État. De la paix universelle à la guerre révolutionnaire En mai 1790 la France renonce solennellement à toute guerre d'agression, l'Assemblée nationale adoptant le crédo pacifiste de Fénelon ou d'Holbach. [...]
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