Pour la synthèse contre l'histoire-tableau, Lucien Febvre, École de la Méthode, critique, histoire événementielle, histoire factuelle, historien, synthèse néoclassique
"Pour la synthèse contre l'histoire tableau" est un texte écrit par l'historien français Lucien Febvre (1878-1953). À la fin de sa carrière, il rédige "Combat pour l'histoire", dans lequel il rassemble ses idées et sa conception de l'histoire.
C'est justement de cet ouvrage qu'est tiré l'extrait étudié ici. Ce texte constitue alors le troisième chapitre de la deuxième partie du livre qui s'intitule : les pour et les contre. De son nom complet : Pour la synthèse contre l'histoire-tableau. Une histoire de la Russie moderne. Politique d'abords, ce chapitre aborde l'ouvrage Histoire de la Russie écrit par Charles Seignobos, Paul Milioukov et Louis Eisenmann en 1935. Lucien Febvre formule alors une critique assassine de cet ouvrage, et, comme le nom du chapitre l'indique, se positionne contre la surreprésentation de la période moderne et la primauté de la politique dans les sujets abordés. Cette approche, il la qualifie avec le terme "d'histoire-tableau", qui est selon lui un écueil créé par la façon de faire des historiens de l'école méthodique qu'il faut alors impérativement rénover.
[...] Toutes ces pistes que donne Febvre permettent alors de constituer une histoire qui s'éloigne, de l'histoire tableau et de l'anecdote individuelle et tend au contraire vers une histoire qui si elle n'est peut-être pas totale, permet d'offrir au lecteur une explication d'ensemble sur la vie, le fonctionnement de la Russie. Car ce sont ces questionnements qui forment pour Lucien Febvre « l'histoire même de Russie » (l101) et dont on retrouve : « si peu que rien, dans ces 1400 pages. [...]
[...] Ces deux éléments sont traditionnellement mis ensemble et étudiés ensemble mais avec les Annales, il y a cette volonté réelle d'utiliser la transdisciplinarité afin d'entrer plus en profondeur dans les sujets étudiés, de les diversifier et de mieux comprendre les phénomènes historiques. Cela doit aussi permettre de se détacher de l'histoire événementielle. Cette dernière alliée avec la politique et à des récits trop romancés finissent par recréer cette « histoire-tableau ». Par cette première argumentation, Febvre remet en question l'utilité première de l'histoire vue par les méthodiques, nécessaire certes, mais pas celle qui est uniquement viable. En effet, il veut ouvrir sur de nouvelles manières de travailler l'histoire. II. [...]
[...] Febvre lui aurait alors préférer des « observateurs français, anglais, américains ou autres » (l119) qui « laissent une impression de vie, de force, d'action tendue et de volonté matrice qui, faut-il le dire, satisfait l'esprit : » (l121-122). Car de ce chapitre Febvre ne tire « qu'un précis d'événements politiques, vus par un de leurs acteurs. » (l124-125) Selon Febvre, il faut alors revoir et élargir au maximum les objets d'études des historiens, afin de traiter toutes les périodes historiques, qu'elles soient anciennes ou très proches de l'auteur, avec autant de finesses, et rétablir un équilibre entre les périodes, mais également entre les sujets. [...]
[...] Et plus loin, ce programme : « Présenter séparément et successivement les groupes de faits de natures différentes, politique, sociale, économique, intellectuelle. » L.49-53. D'ailleurs, Febvre parle du « système de la commode », la bonne vieille commode en acajou, gloire des petits ménages bourgeois. Si bien rangée, et en si bel ordre Tiroir du haut, la politique : « l'intérieure », à droite, « l'extérieure » à gauche, pas de confusion. - Deuxième tiroir : le coin à droite, « le mouvement de la population » le coin à gauche, « l'organisation de la société ». [...]
[...] À l'histoire par le bas : tendre vers une histoire totale Car ce qui est sous-entendu dans le titre Histoire de la Russie c'est une analyse de l'histoire de ce pays dans sa totalité, de « la Russie, terrienne et paysanne, féodale et orthodoxe, traditionnelle et révolutionnaire » (l83-84), pas seulement une histoire de sa politique et de ces élites. Febvre souhait alors décentrer le regard, qui doit à présent s'attarder sur l'ensemble de la population et sur l'ensemble du territoire Russe « la vie de la forêt et de la steppe, le flux et le reflux des populations mouvantes, la grande marée au rythme irrégulier qui par-dessus l'Oural déferle jusqu'à l'Extrême-Orient sibérien » (87-89). [...]
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