L'oubli des femmes dans l'historiographie de la Résistance, Rita Thalmann, femme, résistance, Seconde guerre mondiale, mémoire collective
Bien que les femmes furent oubliées dans l'historiographie de la Résistance, nous constatons l'émergence de travaux concernant ces dernières depuis la fin du XXe et le début du XXIe siècle.
Parmi ceux-ci, Rita Thalmann publie en 1995 un article intitulé « L'oubli des femmes dans l'historiographie de la Résistance », paru dans la revue Clio. Femmes, Genre, Histoire. Thalmann, née en 1926 à Nuremberg (Allemagne) et morte en 2013 à Paris (France), est une historienne française spécialisée dans l'étude du nazisme, de la Shoah et de la Seconde Guerre mondiale, dont les parents ont péri de la violence nazie. Ayant fui avec les siens le régime nazi dès 1933 du fait de sa confession juive, elle est auteure de nombreux articles sur les juifs, les émigrés du IIIe Reich et les femmes, dans lesquels elle fait également part de son vécu. Ces trois thèmes se retrouvent dans l'article soumis à notre étude, dans lequel Thalmann avance l'oubli des femmes dans l'historiographie de la Résistance malgré leurs engagements et les missions qui leur étaient confiées, ne comportant pas moins de risques que ceux de leurs compagnons de lutte. Selon Thalmann, cet oubli tient à deux facteurs que nous allons expliciter dans notre étude : la dévalorisation de leur rôle jugé secondaire ; et la nationalisation a posteriori de la Résistance, conduisant à passer sous silence la contribution des étrangers à la libération.
[...] Un essai qui pousse à la reconsidération globale des femmes dans l'historiographie contemporaine L'oubli des femmes dans l'historiographie de guerre, un problème loin de se limiter à la résistance L'exclusion des femmes des récits historiques de guerre ne se manifeste pas seulement dans leur absence en tant que figures de résistance mais s'étend à leur rôle complexe et multidimensionnel dans les conflits armés. Cette omission reflète un système de valeurs historiographiques profondément enracinées, qui privilégie les contributions masculines et minimise celles des femmes. [...]
[...] En dépit des obstacles et de l'oubli historiographique, l'engagement des femmes révèle une facette cruciale de la mémoire collective française qui mérite d'être reconnue et intégrée dans la mémoire historique. Les femmes ont joué des rôles aussi divers que vitaux dans la lutte contre l'oppression et pour la liberté. Cette prise de conscience souligne donc l'importance d'une approche plus inclusive et équilibrée de l'histoire. En outre, l'analyse des obstacles rencontrés par les femmes, tant sur le plan de la reconnaissance de leurs rôles que de la lutte contre les stéréotypes de genre et les injustices, révèle les défis persistants liés à l'égalité des sexes dans la société contemporaine. [...]
[...] La Résistance féminine dans le Nord de la France, sous la direction de LACOUR-ASTOL, Catherine, Presses de Sciences Po, pp. 275- PERROT, Michelle, « Rita Thalmann, historienne », Revue d'Histoire de la Shoah, vol n° pp RIPA, Yannick, « Chapitre 10 - Les femmes dans la Deuxième Guerre mondiale », Les femmes, actrices de l'histoire France, de 1789 à nos jours, sous la direction de RIPA Yannick, Armand Colin, pp. 110- SCHWARTZ, Paula, « Résistance et différence des sexes : bilan et perspectives », Clio, n° VEILLON, Dominique et LEVISSE-TOUZE, Christine, « Des femmes engagées dans la Résistance », dans L'engagement et l'émancipation de CAPDEVILA, Luc et HARISMENDY, Patrick, Presses universitaires de Rennes, pp. [...]
[...] Le but n'est pas de juste parler des femmes en reproduisant l'oubli historiographique, mais bien de parler des femmes par leur nom et leur rôle et non pas leur sexe. Ce travail de qualification et de situation des femmes dans la résistance permet aussi, au même titre que les hommes, de souligner leurs actes de résistance qui sont loin de se limiter à un rôle d'arrière-garde. Des noms et des actions sont donc cités. Lucie Aubrac qui a héroïquement sauvé son mari retenu par la police de sûreté allemande, à Lyon, dans la même ville et par le même groupe qui tuera Jean Moulin sous la torture 3 ans plus tard. [...]
[...] Mettre les femmes de côté, malgré des preuves évidentes de leurs rôles durant la résistance, permet de mettre en avant l'histoire centrée sur l'homme courageux et décidé à sauver son pays de l'occupant et donc mettre en retrait la femme, comme son altérité et déterminée à n'être rien d'autre que soumise au sexe masculin. Rita Thalmann montre tout de même que, si cet oubli a été presque total dans l'après-guerre, les femmes ont commencé à être reconsidérées dans l'après-guerre. C'est en effet selon elle la vague de féminisme post-mai 68 qui a poussé les historiens à repenser le rôle de la femme dans l'histoire. [...]
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