L'oubli des femmes dans l'historiographie de la Résistance - Rita Thalmann (1995) - Comment la reconnaissance des femmes résistantes redéfinit-elle l'histoire de la Résistance et de la Seconde Guerre mondiale ? - publié le 17/05/2024

Thèmes abordés

Résistance, Seconde guerre mondiale, militantisme, femme, nazisme, historiographie, mémoire collective, Rita Thalmann

Résumé du document

Rita Thalmann publie en 1995 un article intitulé « L'oubli des femmes dans l'historiographie de la Résistance », paru dans la revue Clio. Femmes, Genre, Histoire. Thalmann, née en 1926 à Nuremberg (Allemagne) et morte en 2013 à Paris (France), est une historienne française spécialisée dans l'étude du nazisme, de la Shoah et de la Seconde Guerre mondiale, dont les parents ont péri de la violence nazie. Ayant fui avec les siens le régime nazi dès 1933 du fait de sa confession juive, elle est auteure de nombreux articles sur les juifs, les émigrés du IIIe Reich et les femmes, dans lesquels elle fait également part de son vécu. Ces trois thèmes se retrouvent dans l'article soumis à notre étude, dans lequel Thalmann avance l'oubli des femmes dans l'historiographie de la Résistance malgré leurs engagements et les missions qui leur étaient confiées, comportant pas moins de risques que ceux de leurs compagnons de lutte.

Extraits

[...] 199- LACOUR-ASTOL, Catherine, « Chapitre 7 / Les résistantes, principal frein à la reconnaissance de leur engagement ? », Le genre de la Résistance. La Résistance féminine dans le Nord de la France, sous la direction de LACOUR-ASTOL, Catherine, Presses de Sciences Po, pp. 275- PERROT, Michelle, « Rita Thalmann, historienne », Revue d'Histoire de la Shoah, vol n° pp RIPA, Yannick, « Chapitre 10 - Les femmes dans la Deuxième Guerre mondiale », Les femmes, actrices de l'histoire France, de 1789 à nos jours, sous la direction de RIPA Yannick, Armand Colin, pp. [...]

[...] Virgili évoque l'impact de l'oubli des femmes sur la mémoire collective, en se référant spécifiquement aux débats historiographiques sur la dimension émancipatrice de la guerre pour les femmes et leur place en tant que victimes ou actrices des conflits. Un article de Philippe Clancier sur la Mésopotamie illustre que même dans l'Antiquité, les conséquences socio-économiques de la guerre sur les femmes et les familles préoccupaient les comptabilisation précise du butin de guerre, y compris des captifs classés selon leur sexe et leur âge, révélant l'importance des femmes dans le contexte des conflits. [...]

[...] Les femmes, figures oubliées dans la Résistance et la guerre Entre espionnage et combat armé, la diversité de leurs missions militaires Avant d'en venir au cœur du sujet, à savoir l'oubli des femmes dans l'historiographie de la Seconde Guerre mondiale, Rita Thalmann souhaite d'abord leur rendre un hommage. Celui qu'elles n'ont jamais eu, car mises de côté dès la sortie de la guerre. L'historienne cherche d'abord à comprendre qui elles étaient, pour dresser un portrait sensible pour combattre l'anonymisation d'après-guerre. Le but n'est pas de juste parler des femmes en reproduisant l'oubli historiographique, mais bien de parler des femmes par leur nom et leur rôle et non pas leur sexe. [...]

[...] Un essai qui pousse à la reconsidération globale des femmes dans l'historiographie contemporaine L'oubli des femmes dans l'historiographie de guerre, un problème loin de se limiter à la résistance L'exclusion des femmes des récits historiques de guerre ne se manifeste pas seulement dans leur absence en tant que figures de résistance mais s'étend à leur rôle complexe et multidimensionnel dans les conflits armés. Cette omission reflète un système de valeurs historiographiques profondément enracinées, qui privilégie les contributions masculines et minimise celles des femmes. [...]

[...] Il est normal, du fait que pendant la guerre ce soient les hommes qui aient été appelés à combattre et qui étaient plus recrutés dans la résistance, mais une différence de 95 points n'est sans aucun doute pas le fruit d'une inégalité inhérente à la représentativité féminine dans la résistance, mais bien le fruit d'un oubli volontaire de l'historiographie androcentrique de l'après-guerre. Nous le verrons, le but était d'abord de renvoyer les femmes à leur condition de femmes et non pas de les élever aux actions que les hommes ont fait, mais qu'elles ont aussi fait. [...]