Ce document est tiré du journal Libération, rédigé, imprimé et distribué entièrement dans la clandestinité et qui a clairement été pensé dans l'idée de proposer une alternative politique nouvelle aux Français face au régime de Vichy. Il s'agit ici d'affirmer l'existence d'un véritable contre-modèle par la réalisation d'échanges, d'interactions, entre les différents sentiments de rejet que la situation politique de la France en août 1941 pouvait provoquer chez les individus.
Cet éditorial est donc l'illustration d'un phénomène de gradation non pas dans les actes que l'on peut qualifier « de résistance », mais dans la pensée, c'est une synthèse d'idée qui ordonne les principes de ces mouvements clandestins, un appel politique.
[...] En effet, rien ne peut dire que la défaite de l'Allemagne est certaine en Août 1941 : la France est écrasée et vassalisée, le Royaume-Uni affaibli et isolé, l'URSS est au bord de l'effondrement depuis Juin 1941, les Etats-Unis restent, sous la pression de l'opinion publique, dans le cadre d'une politique isolationniste. On peut de cette manière affirmer que l'auteur procède à une sorte de coup de bluff afin d'impressionner les lecteurs. On peut considérer que la Résistance, comme toutes les alternatives à l'occupation et à la France de Vichy à l'époque, c'est être seul et démuni de tout. [...]
[...] L'auteur considère ainsi que cet armistice dépasse le traité de Versailles en termes de sévérité, celui-ci souligne par ailleurs aux lignes 2 et 3 le choc total, l'effondrement moral, que la défaite a provoqué dans le pays. En effet, la France est internationalement reconnue en 1939 comme une puissance militaire de premier ordre avec une armée nombreuse, mécanisée et retranchée derrière un système de fortification moderne, cette armée s'est retrouvée vaincue aussi rapidement que l'avaient été des Nations bien plus faibles militairement à l'image de la Pologne en Septembre 1939, du Danemark et de la Norvège en Avril 1940 ou encore de la Tchéquoslovaquie en Mars 1939. [...]
[...] La date de rédaction de ce document se situe au mois d'Août 1941, il est écrit et diffusé dans la Zone Sud de la France, dans une France donc coupée territorialement depuis alors un an, mais clivée également dans l'esprit même des Français. Le texte prend place par ailleurs dans un contexte de renforcement du rejet de l'occupation allemande et d'un début de désaveu clair du régime vichyste, on peut ainsi considérer l'émergence à cette période d'une nouvelle communauté de pensée face un Vichy, un contre-modèle donc, situation illustrée notamment par un discours prononcé par le maréchal Pétain en Août 1941 parlant d'un Vent Mauvais soufflant sur la France. [...]
[...] C'est un conflit qui dans une certaine mesure, oppose les espaces de subjectivité des individus. Cet état est mis en valeur à la ligne 21 du texte à travers l'expression le total des affirmations personnelles cette dernière nous ramène par ailleurs vers les origines de la Résistance qui avant d'avoir été un ensemble organisé et quasi-institutionnalisé, a été donc une série d'interactions entre les différentes éthiques personnelles, les morales et les pensées des individus qui ne peuvent accepter, de manière en quelque sorte spontanée, l'humiliation de la défaite et ses conséquences politiques illustrées en premier lieu par le régime de Vichy. [...]
[...] L'auteur établit clairement de cette manière que le régime de Vichy est avant tout une parenthèse dans le processus d'édification républicain de la France, en cela, il initie la conception du général De Gaulle de la restauration de l'Etat en France en 1944. On observe également le souci de conserver par- dessus tout l'espoir et la confiance des Français pour l'avenir de cette guerre, il y a là véritablement une confiance en forme de coup de bluff exprimée à travers la certitude en l'effondrement de l'Allemagne pourtant à l'apogée de sa puissance à cette époque. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture