L'Occident kidnappé ou la tragédie de l'Europe centrale - Milan Kundera (1983) - Comment l'auteur, sous couvert de neutralité, donne-t-il sa définition personnelle de l'Europe centrale ?

Thèmes abordés

L'Occident kidnappé ou la tragédie de l'Europe centrale, Milan Kundera, neutralité, définition personnelle, Le Débat, Kafka, Musil, figures de Schönberg, texte universitaire, théorie structuraliste, linguistique, commentaire de texte

Résumé du document

Milan Kundera est un auteur franco-tchèque. Il vit actuellement en France, depuis son émigration en 1975. Connu notamment pour ses nombreux romans écrits en tchèque puis en français, c'est aussi un grand essayiste : il a écrit quatre essais sur la littérature et la musique. Très porté sur l'art européen, il n'hésite pas à donner ses artistes privilégiés (Kafka, Musil, ou encore Hašek). Mais ce n'est pas uniquement l'art européen qui le préoccupe : c'est son Europe natale, celle trop souvent reléguée à l'Europe de l'Est et associée à la Russie. Seulement, la Tchéquie ne saurait être assimilée à la Russie, dans la mesure où tout les oppose : c'est une des thèses défendues par Milan Kundera, dans un long article publié dans Le Débat de mai 1983, intitulé "Un Occident kidnappé ou la tragédie de l'Europe centrale".

Extraits

[...] L'Occident kidnappé ou la tragédie de l'Europe centrale – Milan Kundera (1983) – Comment l'auteur, sous couvert de neutralité, donne-t-il sa définition personnelle de l'Europe centrale ? Milan Kundera est un auteur franco-tchèque. Il vit actuellement en France, depuis son émigration en 1975. Connu notamment pour ses nombreux romans écrits en tchèque puis en français, c'est aussi un grand essayiste : il a écrit quatre essais sur la littérature et la musique. Très porté sur l'art européen, il n'hésite pas à donner ses artistes privilégiés (Kafka, Musil, ou encore Hašek). [...]

[...] Être au centre du texte, c'est mettre davantage en avant cette phrase. Cette phrase, dans un sens, semble respecter la syntaxe tchèque, en plaçant à la fin de la phrase les éléments les plus importants : mais même en français, ce sont ces mots qui sont mis en avant, cette « culture » et ce « destin ». L'utilisation du terme « destin » ajoute une pointe de pathos, comme si les populations d'Europe centrale étaient destinées à être séparées politiquement de l'Occident, et séparées de l'Est et surtout de la Russie par leur culture. [...]

[...] Comment dans cet extrait Milan Kundera, sous couvert d'une neutralité, donne sa définition personnelle de l'Europe centrale ? Nous étudierons d'abord le texte en tant qu'exposé culturel et historique, puis nous questionnerons la rigueur que tel texte se doit d'avoir, avant de nous intéresser à la dimension personnelle que l'auteur a insufflée dans ce texte. I. Un exposé culturel et historique Cet extrait semble d'abord être un exposé objectif sur des notions culturelles et historiques de l'Europe centrale. Ce texte, d'environ une page, reprend les spécificités d'un exposé ou d'une dissertation, dans la structure comme dans le ton employé. [...]

[...] Seulement, c'est mettre de côté les travaux du linguiste suisse Ferdinand de Saussure, dont l'œuvre majeure, le Cours de linguistique générale (1916), a été publiée bien avant la création du cercle linguistique de Prague (1926). Jan Muk&aovský a effectivement beaucoup apporté au structuralisme linguistique, mais il n'apporta pas « au monde l'initiative » de sa pensée structuraliste, puisque cette pensée existait déjà avant. Malgré l'impression de respecter les règles universitaires d'un texte qui expose des informations factuelles dans le but d'apporter une thèse nouvelle, des imprécisions s'élèvent, révélant un fond peu rigoureux. [...]

[...] De plus, quelques connecteurs logiques sont employés, ce qui induit une réflexion bien élaborée, dont le cheminement est logique. Nous trouvons, tout le long du texte, les connecteurs : « à cet égard » (l. « par exemple » (l. « en effet » (l. ou encore « donc » (l. 48). Aussi les tournures de phrases ne semblent pas laisser la place à une personne en particulier : l'auteur utilise volontiers le pronom personnel « on », comme aux lignes 5 ou 15, qui ne renvoie à personne en particulier, mais à un groupement indistinct. [...]