Connu comme étant l'un des premiers emblèmes de la réforme protestante, Martin Luther s'oppose dès 1517 à certains aspects dogmatiques véhiculés par l'Église catholique : la suppression du sacerdoce et le refus catégorique du pontificat correspondent d'ailleurs aux idées directrices de la Réformation luthérienne, qui conduisit à une rupture définitive en 1522. Si d'autres grands principes animent également ses thèses, la remise en question de la hiérarchie religieuse et sa diffusion au sein du monde germanique, reste problématique pour l'Église occidentale.
À la noblesse chrétienne de la nation allemande est ainsi l'un des textes fondateurs de cette doctrine : rédigé en 1520 à l'attention de l'aristocratie germanique, il s'inscrit plus généralement dans ce que l'on appelle les « grands écrits réformateurs » ; un corpus, qui comme son nom l'indique, vise le renouvellement, l'amélioration de la chrétienté et du culte religieux.
[...] N'ayant pas été insufflés par le Christ lui-même, l'onction, l'ordination et la consécration sont violemment rejetés, du fait notamment de leur caractère purement anthropologique. La critique luthérienne concernant cette instrumentalisation de la spiritualité est ici aisément perceptible : à la manière des indulgences ou des dévotions, les sacrements incarnent finalement cet outil politique et économique dont use l'Église pour asseoir sa domination. Dans l'esprit du Luthéranisme, la condition religieuse n'est pourtant qu'une simple fonction, qu'un organe du corps ecclésiastique auquel chaque chrétien semblerait appartenir. [...]
[...] Se trouve alors récusée l'idée d'une société duale avec l'Église d'un côté et le monde de l'autre ; se trouve alors écartée l'idée selon laquelle il y aurait une Église à part du monde ou, à l'inverse, une Église qui s'y dilue. On mesure la révolution apportée par ce principe théologique du sacerdoce universel : chaque chrétien devient un composant inamovible, inéluctable Un savetier, un forgeron, un paysan ont chacun la tâche et la fonction de leur métier, et pourtant, tous sont également consacrés prêtres et évêques, et chacun doit, en remplissant sa tâche ou sa fonction, se rendre utile et secourable, afin que ces tâches utiles concourent au bien commun Le luthéranisme laïcise d'une certaine manière la notion de vocation en affirmant qu'il n'existe aucun métier qui soit davantage chrétien qu'un autre : chaque profession doit être exercée comme un service, tout en étant conforme aux Évangiles. [...]
[...] En somme, la condition ecclésiastique n'est plus qu'un organe du corps chrétien ; un organe qui s'avère en tout point de vue nécessaire, mais qui s'inscrit dans ce processus d'interdépendance de la communauté religieuse. Pas de supériorité de la condition religieuse sur la condition laïque Ainsi, il ne fait aucun doute au XVIe siècle que la condition sacerdotale soit une condition particulière. Le prêtre est un homme de Dieu, et la distinction entre ecclésiastique et laïcs semblait parfaitement légitime. Le raz-de-marée théologique provoqué par le luthéranisme est en cela compréhensible : il s'agit pour lui d'affirmer que rien ne justifie finalement pareille séparation. [...]
[...] CCL : > dualité chimérique de la chrétienté, fondée sur la prévalence du corps ecclésiastique > Thèse contre laquelle le Luthéranisme se dresse vigoureusement : complémentarité fonctionnelle des chrétiens, qui jouissent chacun du même pied d'égalité. > Théorie qui laïcise la vocation religieuse et abolit la frontière entre laïcs et ecclésiastique > chacun participe à sa manière à la survie de la chrétienté. > Derrière le Luthéranisme et son égalitarisme se trouve cependant une violente critique de la hiérarchie religieuse, qui s'édifie davantage sur un dessein politique et économique que spirituel. [...]
[...] Si d'autres grands principes animent également ses thèses, la remise en question de la hiérarchie religieuse et sa diffusion au sein du monde germanique, reste problématique pour l'Église occidentale. À la noblesse chrétienne de la nation allemande est ainsi l'un des textes fondateurs de cette doctrine : rédigé en 1520 à l'attention de l'aristocratie germanique, il s'inscrit plus généralement dans ce que l'on appelle les grands écrits réformateurs ; un corpus, qui comme son nom l'indique, vise le renouvellement, l'amélioration de la chrétienté et du culte religieux. [...]
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