nation, nationalisme, XIX, siècle, Ernest, Renan
S'il est bien un terme dans les sciences humaines dont la définition est extrêmement floue, c'est bien celui de « nation ». De nos jours encore, ce terme n'a pas une définition unique et reconnue. Il existe en fait deux définitions principales de la nation, conçues à partir des expériences nationales françaises et allemandes : d'un côté nous avons la vision allemande de la nation – dite objective – théorisée au XIXème siècle par des penseurs tels Heinrich Gothard von Treitschke ou Johann Gottlieb Fichte, qui met en avant des arguments tels la langue, la religion ou la race dans la formation d'une nation, et de l'autre, nous avons la vision française de la nation – dite subjective – élaborée dès la fin du XVIIIème siècle et défendue par des hommes tels Fustel de Coulange ou Ernest Renan, qui insiste sur le fait que la nation est un acte d'auto-définition (c'est ce que nous verrons dans une des parties de cet exposé).
Ernest Renan, l'auteur de ce texte, est un écrivain et historien français, né en 1823 et décédé en 1892. Renan fait dans un premier temps des études religieuses de 1832 à 1843, il fréquente l'école ecclésiastique de Tréguier, sa ville de naissance, puis divers séminaires parisiens ou proches de Paris. Cependant en 1845, il perd la foi, rompt avec la carrière ecclésiastique et commence des études de philosophie. En 1848, il est reçu premier à l'agrégation de philosophie et la même année, commence à fréquenter la jeunesse libérale de La liberté de penser, une revue philosophique. Tout au long de sa carrière d'historien, il réalise plusieurs travaux sur les langues sémitiques et sur l'histoire religieuse, son ouvrage le plus fameux est Vie de Jésus (1863). En 1862 il est nommé professeur au Collège de France mais est suspendu quatre jours après sa leçon d'ouverture pour avoir exposé des doctrines injurieuses pour la foi chrétienne. En 1870, alors qu'il est en voyage en mer du Nord avec le Prince Jérôme Napoléon, il apprend la déclaration de guerre de la France à la Prusse, et six ans plus tard, en 1876, il publie Dialogues Philosophiques, ouvrage inspiré de la défaite française et de l'expérience de la Commune de Paris. C'est en 1882 qu'il prononce ce fameux discours Qu'est-ce qu'une nation ? à la Sorbonne pour des étudiants. Longtemps tourné vers les idées conservatrices et réactionnaires, Renan lorsqu'il prononce ce discours est fraîchement converti aux arguments démocratiques.
[...] Il nous décrit une nation qui permet l'accomplissement de l'individu, lui donne de l'importance, de la fierté. Et enfin, il n'affirme pas du tout que la nation doit être permanente, bien au contraire, il dit que chaque nation s'éteindra à un moment donné. Voyons maintenant les caractéristiques qui font de cet extrait du discours de Renan un texte engagé. III / Les caractéristiques d'un texte engagé 1 A / Renan hanté par le fantôme de 1871 S'il est évidant rien que par son intitulé que ce texte définit ce qu'est la nation, il est d'autant plus évidant à la lecture de cet extrait qu'il est loin d'être sans arrières-pensées. [...]
[...] La nation, comme l'individu, est l'aboutissant d'un long passé d'efforts, de sacrifices et de dévouements (l. Par cette phrase, Renan entend que la nation est un aboutissement, et ce, pour l'individu qui se donne tout entier à sa construction et donc y trouve ce qu'il y cherchait : on aime la maison qu'on a bâtie et qu'on transmet (l. 11- 12). En plus d'être un accomplissement, l'existence d'une nation est un plébiscite de tous les jours, comme l'existence de l'individu est une affirmation perpétuelle de vie (l. 25-27). [...]
[...] La nation se forme sur la répétitions de ces souffrances collectives, il n'y a qu'ainsi qu'elle puisse se former. L'idée nationale s'appuie aussi sur un passé glorieux, à ce titre, on constate dans ce texte un champ lexical extrêmement mélioratif : riche legs de souvenirs (l. un passé héroïque, des grands hommes et de la gloire (l. des gloires communes dans le passé (l. . Ainsi, pour aider lla construction nationale en France - dans le cadre du conflit franco-allemand entre la fin du XIXème siècle et le début du XXème - on crée des mythes, des légendes : on parle d'une descendance gauloise la plus ancienne de toute alors qu'en réalité les français ont plus de descendances celtes, ibères ou . [...]
[...] Comme il le dit lignes 31 et 32 de ce texte : Le vœu des nations est, en définitive, le seul critérium légitime, celui auquel il faut toujours en revenir Pour lui, la nation possède le droit de décision le plus important, elle ne peut se laisser classée dans un concept pré-défini et ainsi choisir ce qui est le mieux pour elle, ce qui lui convient . ce qui va totalement à l'encontre de cette nation dominée et soumise à des concepts que nous livrent Fichte ou Treitschke. [...]
[...] Enfin, il convient de nuancer l'objectivité de ce travail puisque Renan le tourne clairement contre l'ennemi allemand car il reste fortuitement marqué par la défaite française, de plus, certains problèmes essentiels continuent de subsister, ce qui fait que cette vision de la nation ne peut être considérer comme la définition même de la nation. [...]
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