Ce texte est une lettre, datée du 22 juillet 1807 et écrite par Napoléon Bonaparte, empereur des Français depuis 1803. Elle est officiellement destinée au « prince Eugène », à savoir Eugène de Beauharnais, fils de l'impératrice Joséphine adopté par Napoléon, et vice-roi d'Italie grâce à Napoléon depuis le 7 juin 1805. Mais en fait, le véritable destinataire de cette missive est le pape Pie VII lui-même, souverain pontife depuis 1800. Au moment de la rédaction de la lettre, l'Europe sort tout juste d'un nouveau conflit ayant opposé la France napoléonienne à la quatrième coalition, qui réunissait le Royaume-Uni, la Prusse, la Russie et la Suède. L'empereur français s'est retrouvé en position de force à l'issue de la campagne de Pologne (on peut citer notamment les victoires d'Eylau et Friedland), et cette position se trouve confirmée par la signature des traités de Tilsit avec la Russie puis la Prusse, respectivement les 7 et 9 juillet 1807. Ces traités lui permettent notamment de consolider son projet de blocus continental contre l'Angleterre en y incluant les deux grandes puissances. Ainsi, le déséquilibre entre l'empire napoléonien et le reste de l'Europe, déjà marqué par la domination qu'exerce la France sur une grande partie de l'Europe occidentale (Hollande, Suisse, Italie, confédération du Rhin...), s'accroît encore. Il y a là de quoi donner peur aux souverains européens, et en particulier au pape Pie VII qui se sent d'autant plus menacé dans sa souveraineté sur les Etats pontificaux qu'au début de l'année 1806, Napoléon a décidé de faire occuper ses côtes par les troupes françaises, au motif que le pape aurait été favorable aux ennemis de la France lors de la troisième coalition (Angleterre, Russie, Autriche) et qu'il refuse d'appliquer le blocus contre l'Angleterre. Ainsi, il y a une évidente montée des tensions entre l'empereur Napoléon et le pape Pie VII.
Mais comment cette lettre traduit-elle ce contexte de montée des tensions entre Napoléon et le pape?
[...] En d'autres termes, il l'accuse d'indiscipline, ce qui montre bien qu'il place son pouvoir au-dessus de celui du pape. Il établit un contraste entre l'apport du pape à la religion et le sien: L.6-8 il n'y a pas un coin du monde où je n'aie fait encore plus de bien à la religion que le Pape n'y fait de mal en citant comme exemples l'Allemagne, l'Italie et la Pologne, à savoir les régions où la domination napoléonienne est assurée, directement ou indirectement. [...]
[...] Il y a là de quoi donner peur aux souverains européens, et en particulier au pape Pie VII qui se sent d'autant plus menacé dans sa souveraineté sur les Etats pontificaux qu'au début de l'année 1806, Napoléon a décidé de faire occuper ses côtes par les troupes françaises, au motif que le pape aurait été favorable aux ennemis de la France lors de la troisième coalition (Angleterre, Russie, Autriche) et qu'il refuse d'appliquer le blocus contre l'Angleterre. Ainsi, il y a une évidente montée des tensions entre l'empereur Napoléon et le pape Pie VII. Mais comment cette lettre traduit-elle ce contexte de montée des tensions entre Napoléon et le pape? Nous verrons d'abord comment la lettre retrace en filigrane l'engrenage des tensions entre les deux souverains, puis en quoi elle constitue un révélateur de la guerre désormais ouverte entre Napoléon et Pie VII. [...]
[...] Ces menaces sont évoquées dès la première phrase par Napoléon : L.1-2 Mon fils, je vois dans la lettre de Sa Sainteté { } qu'elle me menace. Cette menace de la part du pape prend plusieurs formes, évoquées par l'empereur. D'une part, la propagande (L.5 ils veulent, disent-ils, publier tout le mal que je fais à la religion menace qui a déjà commencé d'être appliquée puisque le pape et la cour de Rome prêchent la rébellion depuis deux ans (L.21). [...]
[...] L'origine du texte répond donc à une logique intéressée, et cela explique que le texte lui- même porte en germe de nombreux points de désaccord sur le fond. Par exemple, la religion catholique est reconnue seulement comme religion de la majorité des Français et non comme religion d'Etat, comme le souhaiterait au fond le pape. De même, on voit dans la lettre que l'investiture des évêques telle qu'elle a été décidée dans le Concordat pose en fait problème puisqu'il y a des revendications de la part de la papauté (cf. [...]
[...] Il s'agit là de la reprise d'un vieux conflit entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel: l'enjeu est de savoir qui, entre le pape et l'empereur, a le plus de pouvoir. Napoléon revendique un pouvoir supérieur à celui du pape, comme il est dit L.3-4 Croirait-elle donc que les droits du trône sont moins sacrés aux yeux de Dieu que ceux de la tiare? C'est là une conception impériale prétendant à une certaine universalité, dans la lignée des empires romain et carolingien, dont l'héritage est une auctoritas qui ne peut que lui revenir de droit. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture