Le monde retrouvé, Louis-François Pinagot, Sur les traces d'un inconnu, Alain Corbin, atonie d'une existence, historien, histoire sociale
Dès les premières lignes de son préambule, l'auteur historien souhaite exposer l'existence du personnage. Ainsi, il rappelle que si « Louis François Pinagot a existé » comme « l'état civil en témoigne », il cite de nombreux exemples négatifs qui rendent son personnage banal dont on s'interroge sur l'intérêt de l'étude. En réalité, cette démarche que Corbin veut en rupture avec les historiens du passé permet de donner du sens et du poids aux documents que l'état s'efforce de mettre en place au XIXe siècle afin que personne n'échappe à ses rouages et qui se révèlent des sources précieuses pour l'historien à l'image de l'état civil, des fiches militaires, des conscriptions, des comptes rendus de tribunaux ou encore des actes citoyens allant des pétitions aux listes d'émargement électoral.
[...] Cela étant possible avec ses nombreuses connaissances qu'il apporte et qui permettent de palier le très peu d'information que vont lui apporter ses multiples recherches sur l'inconnu pris au hasard d'un ouvrage d'archives municipales. Dans un projet quasiment politique, Corbin souhaite donner une leçon aux historiens, ce qui semble être réussi au vue du nombre de réaction qu'on suivi la sortie de son livre... En résumé, cet ouvrage est avant tout un livre à destination des historiens plus qu'à un public curieux d'histoire afin que chacun puisse réfléchir à sa posture dans sa narration et qui interroge le devoir de mémoire non pas au sens d'un mémoriel collectif mais bien d'un devoir de ne pas laisser oublier la mémoire de ses atomes qui ont provoqué et façonné l'historie de France, à l'image de ce sabotier normand qui sera passé d'un statut de paroissien pauvre et illettré à celui d'un citoyen propriétaire et capable de s'engager à l'échelle de sa commune comme nous l'illustre la seule et unique trace écrite venue à us à ce jour : une croix sur un texte pétitionnaire. [...]
[...] Le texte qui nous st permis de présenter est un filet de modalités énonciatives car les affirmations positives non discutable sont d'une telle rareté qu'elles n'autoriseraient pas la rédaction d'un livre d'une taille honnête. Le titre même de l'ouvrage est une sorte d'aveux. Il n'est pas question de la vie mais du monde retrouvé de Louis François Pinagot. Ainsi, on voit très rapidement que cette biographie est impossible , Corbin l'admettant très aisément. Admettons qu'il se lance dans un projet d'histoire fine mais qui n'est pas non plus une œuvre prosopographique d'un groupe social. [...]
[...] En citant ce courant historiographique venu d'Italie dans les années 1970, et qu souhaite s'interroger surs les individus plutôt que sur les masses, il est vrai que ce mouvement semble proche de la visée voulue par Corbin. Pour autant, un point très important diffère : la place de l'écrit. En effet, la microstoria fait un point d'honneur à affirmer par la preuve pour donner du sens à son propos et ces analyses alors que Corbin laisse une large place au doute et à l'imagination. [...]
[...] Dans ses cahiers, il expliquera que seul 1,5 % de la population de l'époque a laissé des traces suffisamment conséquentes pour parler d'elles et de leur projet. Son hostilité assumée à la mise en place d'une histoire de héroïsation le pousse à s'intéresser aux autres qu'il décrit comme un atome social . A ce niveau, Corbin qui souhaite rompre avec la tradition fait de son livre et de son personnage un point de rupture avec la notion d'héroïsme . Il souhaite mettre sur le devant de la scène les exclus de la mémoire et refuse que cette masse atone et silencieuse soit vue comme une classe ou un groupe unique et uniforme sous l'appellation générique de Peuple . [...]
[...] CONCLUSION Dans ce texte préambule, Corbin annonce les règles qui l'on conduit à se lancer dans 'l'étude d'un inconnu répondant au nom de Louis François PINAGOT. Rappelant ses sources et ses méthodes, il avance son envie de faire feu de l'histoire héroïque ou de l'historie collective qui semble avoir prévalu jusqu'alors dans l'histoire Sociale. Si son discours ne se veut pas nouveau car déjà repris par l'école de la microstoria , cette dernière avance néanmoins la nécessité de l'écrit pour démontrer. [...]
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