Marché noir, marché, affiches, Juifs, prohibition, restaurateurs
Nous sommes en présence de deux affiches de propagande, la première s'intitule « le marché noir crime contre la communauté » et date de février 1943, la seconde s'intitule « les rois du marché noir » et date de 1943 également. C'est l'équipe d'Alain Fournier qui les ont mises au point. L'équipe d'Alain Fournier est basée à Lyon et est formée de 5 dessinateurs lors de l'automne 1940. Ils travaillent dans le cadre de la production d'affiches publicitaires, ils ont adhéré à la politique de Révolution Nationale du maréchal Pétain et souhaitent organiser un centre de propagande indépendant.
[...] La propagande allemande se met très vite en place car l'enjeu est de taille. Leurs objectifs concernent la censure et la contre-propagande afin d'éliminer toute influence antiallemande, maçonnique ou juive. Elle doit également glorifier l'Allemagne. Durant la deuxième quinzaine d'octobre apparait la première propagande antijuive. Le message de la propagande juive est toujours très clair, on sait qui elle désigne et pourquoi, ainsi que ce qu'elle dénonce. La propagande est destinée à faire accepter par l'opinion publique l'idée que les Juifs sont dangereux à plusieurs égards et qu'il n'y a pas d'autre solution que d'en débarrasser le territoire national. [...]
[...] De plus, nous avons ici l'image d'un enrichissement du Juif avec plusieurs produits de luxe : des cigares, du champagne, en témoigne l'addition qui est plus que salée et tout cela est inaccessible à la plupart des français. Nous savons pourtant que environ 70% de la population n'a jamais acheté au marché noir car ils n'ont pas de revenus suffisamment élevés. Ils doivent se contenter de rations de plus en plus faibles, ou encore des colis familiaux envoyés par des parents vivants à la campagne, cependant, un réseau se met en place afin de mettre en relation des paysans et des citadins qui n'ont aucun lien de parenté. Le Juif s'introduit dans tous les circuits de l'économie. [...]
[...] Le jaune et le noir se substituent donc au symbole de l'étoile de David. Ainsi, sur la première affiche, les couleurs prédominantes sont le noir, le blanc, et le jaune. Ainsi, dans l'inconscient collectif, l'association se fait assez vite. De plus, la baguette est jaune cela veut dire que le geste est mal, mais en parallèle, la corde est également jaune. Cette corde symbolise la sentence, la punition donnée lorsque l'on prend part au marché noir. De plus, la corde peut également renvoyée à la pendaison de Judas dans les Evangiles. [...]
[...] Pour cela, on a besoin de lui attribuer des caractéristiques propres. La représentation du Juif durant la Seconde Guerre Mondiale adopte des critères raciaux plutôt que religieux à cause de la politique de propagande du IIIe Reich et des lois de Nuremberg de 1935 qui définissent les Juifs comme appartenant à une race. Le Juif est représenté avec un nez crochu, des mains griffues, des yeux en amande Ainsi, pour la population, le Juif est associé à un individu différent, étranger à la nation française. [...]
[...] Le marché noir est ici un lieu où les juifs s'enrichissent, où les juifs marchandent. Cependant, en 1943, de nombreuses déportations ont déjà été effectuées, notamment celle du Vélodrome d'Hiver qui est emblématique. Dans les villes, les juifs préfèrent se cacher, ils ne sont pas des acteurs du marché noir. Les acteurs sont les paysans qui revendent leurs excédents très chers, mais également les personnes riches qui ont la possibilité de s'approvisionner au marché noir. Vichy désigne donc un coupable qui n'en est pas un. [...]
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