Le statut du 3 octobre paraît le 18 octobre 1940 dans le Journal Officiel La loi du 2 juin 1941 est aussi parue dans le Journal Officiel dix jours après. Ces statuts prennent la forme du décret. Portant sur les Juifs, il est adopté par le régime de Vichy c'est-à-dire par le Maréchal Pétain, chef d'Etat français du 11 juillet 1940 au 20 août 1944, et par le Conseil des Ministres.
A deux reprises, les 3 octobre 1940 et 2 juin 1941, le gouvernement de Vichy respectivement promulgua et durcit un décret visant à stigmatiser et exclure les Juifs de la population. Ce nouveau "statut des Juifs" va priver une partie de la population de la citoyenneté qu'elle avait obtenue après beaucoup de difficultés.
Le document original, annoté par le maréchal Pétain est maintenant au Mémorial de la Shoah.
Dans quelles circonstances la France, Patrie des Droits de l'Homme, va-t-elle concevoir et appliquer par deux fois un décret aussi discriminatoire envers une partie de ses citoyens ? (...)
[...] La catégorie des exclus juifs s'étendait à d'autres secteurs de la vie sociale du fait, cette fois, de la loi adoptée par Vichy. En effet, le texte exclue les juifs de la fonction publique (article document 3 à la ligne 29 : l'accès et l'exercice des fonctions publiques et mandats énumérés ci- après sont interdits aux juifs: Chef de l'Etat, membres du Gouvernements etc.). Comme le démontre le second statut des juifs, ils ne peuvent plus être juges de paix, secrétaires généraux des ministères, directeurs des administrations centrales, préfets et sous-préfets, résidents généraux, etc. [...]
[...] Les insuffisances du texte i. La diversité des situations La France d'avant-guerre comptait sur son sol une population totale d'environ 43 millions d'habitants. Parmi eux, quelque à Juifs. On distingue tout d'abord les Juifs français dont sont de vieille souche qui se caractérisent par leur intégration au tissu social ; des Juifs étrangers. Un premier flux venu de l'Est européen, Juifs russes, roumains ou polonais, étaient venus s'installer en France dans les années 1880. Puis, au lendemain des traités de paix, une nouvelle vague d'émigrants juifs, originaires des Etats nouvellement créés (Pologne, Hongrie . [...]
[...] Le deuxième statut des Juifs de juin 1941, supervisé par Vallat, est encore un peu plus restrictif. Enthousiaste, il revendique fièrement l'appellation du décret comme étant la loi Vallat D'abord, il allonge la liste des professions d'où sont exclus les Juifs (article 3). Ensuite, il établit un numerus clausus limitant la proportion de Juifs à dans l'université et dans les professions libérales. Enfin, il crée des sanctions en cas de déclarations mensongères, à savoir des peines de prison et des amendes. [...]
[...] Orchestré spontanément par le gouvernement de Vichy Ce décret n'est pas exigé par les Allemands. Pour Alibert ou Vallat il s'agit de s'inspirer du modèle nazi. Cela témoigne d'un antisémitisme vigoureux, chrétien traditionnaliste, et un nationalisme exacerbé. Du Moulin de Labarthète, le directeur du cabinet du maréchal Pétain, a lui- même, et dès 1946, reconnu que l'Allemagne n'était pas à l'origine de lois juives, laquelle avait été spontanée, autochtone Le statut des Juifs est donc une mesure spécifiquement française, spontanée. Les Allemands n'avaient pas demandé à la France de Vichy de prendre ce statut. [...]
[...] C'est le maréchal qui se montre le plus sévère. Il insiste en particulier pour que la justice et l'enseignement ne contiennent aucun Juif». Ce décret est le symbole d'un profond antisémitisme pour certains, et d'une manœuvre politique pour d'autres. Il n'en demeure pas moins le symbole d'une grande injustice, d'un gouvernement complaisant vis-à-vis de la politique allemande, mais il porte les stigmates d'une France défaite, à terre, qui laisse libre court à sa rancœur et son amertume contre toute raison. [...]
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