Ce document est une étude critique complète et entièrement rédigée, qui porte sur la lettre que Christophe Colomb a écrit à l'intention des souverains espagnols. L'extrait étudié est le suivant ;
"En trente-trois jours je suis arrivé aux Indes. [...] J'y ai trouvé de nombreuses îles dont j'ai pris possession au nom de Leurs Altesses par proclamation et en faisant déployer l'étendard royal, et je n'ai rencontré aucune opposition. [...]
Ces îles sont très fertiles. La Juana (Cuba) l'est particulièrement [...] Les habitants n'ont aucune secte ni idolâtrie ; ils croient seulement que la puissance et le bien résident dans le ciel ; et ils croyaient que moi et mes gens nous venions du ciel avec nos navires. En tout endroit où j'accoste, ils me reçoivent avec le respect dû à un être divin, dès que la crainte les a quittés. [...]
Dans l'île d'Hispaniola (Haïti) en un lieu très convenable, le meilleur pour l'accès aux mines d'or et pour le trafic vers la terre ferme du Grand Khan (la Chine), j'ai fondé une grande cité à laquelle j'ai donné le nom de Navidad et j'y ai établi une forteresse ; j'y ai laissé des gens en nombre convenable avec armes, artillerie, provisions pour plus d'un an. [...] Les habitants ne sont pas noirs comme en Guinée et ils portent leurs cheveux pendants. [...] Dans une autre île habitent des hommes très féroces qui mangent de la chair humaine.
Je peux assurer Leurs Altesses que je leur donnerai autant d'or qu'il leur sera nécessaire, si elles me prêtent un léger concours, ainsi que des épices, du coton, autant qu'elles en désireront, et de la gomme - de cette gomme que l'on ne trouve qu'en Grèce et dans l'île de Chio et que Venise vend le prix qu'elle veut..
Toute la chrétienté doit être dans l'allégresse et rendre grâce solennellement à la Sainte Trinité, en considération de l'accroissement que l'afflux de tant de peuples vaudra à notre sainte foi."
Écrit dans la caravelle, 15 février 1493
[...] En 1492, Christophe Colomb s'embarque au sein de la caraque (grand voilier) nommée Santa Maria, qu'accompagnent les caravelles Pinta et Nina. Cependant, la Santa Maria ayant fait naufrage au large d'Haïti, il effectue le voyage retour à bord de la Nina, d'où il rédige sa correspondance envers les souverains. Lorsque Colomb déclare être « arrivé aux Indes », il fait référence à l'Inde telle que nous la connaissons, située en Asie, qui constituait l'objectif de son voyage ; en réalité, il est probable que Colomb soit plus vague quant à ce terme et pense plus simplement être arrivé à proximité, dans l'est de l'Asie, vraisemblablement près du Japon, « Inde » est alors un terme assez peu précis employé pour évoquer l'Asie. [...]
[...] L'usage du futur, s'il est prometteur, est aussi révélateur : « je leur donnerai autant d'or qu'il leur sera nécessaire », promet Colomb : l'on peut s'étonner que celui-ci, qui possède encore deux bateaux en état, ne soit pas en mesure déjà de charger tout cet or et d'en ramener de bonnes quantité avec lui ; il mentionne également l'accès à la Chine, mais il est bien évident qu'il n'en a aucune garantie réelle, n'en ayant pas trouvé l'entrée (et pour cause ) ; « l'accroissement (de peuples convertis) vaudra à notre sainte foi » montre que sur le plan religieux également tout reste à faire. En réalité, la lettre demande en apparence bien davantage qu'elle n'apporte. Bien que l'allusion ne soit explicite qu'une fois, la conditionnalité du succès est liée aux financements futurs du Roi : « si elles me prêtent un léger concours » illustre la demande claire de Colomb d'obtenir le financement de nouvelles expéditions, sans laquelle le premier voyage aurait été vain. [...]
[...] Ces territoires doivent aussi favoriser de par leur position (supposée proche) le commerce avec des états voisins déjà connus « le trafic vers la terre ferme du Grand Khan » (la Chine) dont l'Espagne espère bénéficier plus facilement par cette nouvelle proximité. Il est attendu également de pouvoir retirer des bénéfices économiques directs de la possession des territoires investis, dans la mesure où « ces îles sont très fertiles » et il y a un « accès aux mines d'or ». [...]
[...] Histoire – Étude critique Le document présent est une lettre de Christophe Colomb, adressée aux rois d'Espagne. Christophe Colomb est un navigateur et explorateur génois du tournant des XVème et XVIème siècle, né en 1451 et mort en 1506. Il est devenu mondialement célèbre pour avoir permis la découverte de l'Amérique dans le cadre de sa première expédition en 1492 et 1493 durant laquelle il traverse l'Océan Atlantique et arrive aux Antilles;il est à préciser que Colomb comme ses contemporains ignorait l'existence même de ce continent et était à la recherche d'une nouvelle route maritime vers l'Asie. [...]
[...] La lettre est adressée aux rois d'Espagne nommés « leurs Altesses », au pluriel. Cela s'explique par le fait qu'entre 1474 et 1504, le Royaume d'Espagne, qui achève son unification par la Reconquista de l'Andalousie jusqu'en 1492, est dirigé conjointement par Ferdinand roi d'Aragon, et Isabelle la Catholique, reine de Castille ; leur mariage scelle alors l'union des deux couronnes. Il est indiqué que la lettre est écrite « dans la caravelle » ; caravelle est le nom donné aux navires à voile capables d'effectuer de longs voyages aux XVème et XVIème siècle. [...]
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