Commentaire de la lettre de Colbert controleur des finances à ses intendants pour contrôler la noblesse sous l'ordre de Louis XIV :
Site méthodologique page 31 : http://lettres.sorbonne-universite.fr/IMG/pdf/PAYEN_DUBOIS_MATHIS_NARDELLI-MALGRAND_alii_Reussir_sa_licence_d_histoire_-_premiere_annee_ed-_4_0.pdf
[...] L'on peut ainsi aisément déduire une augmentation nette des dépenses étatiques à l'arrivée au trône de Louis XIV – sans préjuger de leur intérêt. Le renforcement de la rigueur fiscal est donc nécessaire pour éviter un endettement marqué des finances de l'Etat. Si, au cours de son règne, Louis XIV parvient à réaliser ses ambitions tant militaires qu'architecturales, c'est bien parce qu'il parvient à imposer, plus qu'aucun autre monarque avant lui, cette soumission fiscale à l'ensemble de sa population. Impôt et privilèges : la dispense de la noblesse, déjà au cœur du système Le présent document, enfin, dépeint parfaitement les inégalités fiscales d'une société marquée par les privilèges. [...]
[...] Plus largement, il va constituer le point de départ d'une véritable mise au pas des intéressés. Le texte présent est donc une parfaite illustration de l'une des premières priorités du Roi à partir de son couronnement en 1661 : si cette année-là Louis XIV déclare surtout souhaiter identifier les « usurpateurs » dans sa déclaration du 8 février, dès 1666, lors de la rédaction de la présente lettre, ce travail de recouvrement de l'impôt n'est plus la seule priorité du Roi et de Colbert, qui souhaitent plus largement connaître le nombre et l'état de la classe noble en France, d'où l'usage des juridictions des « grands jours », amenées à réaliser ces recensements. [...]
[...] En effet, si le calme semble revenu lors de l'accession de Louis XIV au trône, ni lui ni Colbert n'ignorent que le manque de contrôle des personnes censées être soumises à l'impôt représente un manque à gagner financier. En cause, comme nous l'indique le document, un manque de rigueur dans le recensement de la Noblesse : « ils se sont dispensés de côter les titres et les degrés comme ils le faisaient autrefois. » Colbert soupçonne donc que de nombreux sujets du Roi prétextent leur appartenance à la Noblesse pour ne pas payer les impôts dûs. Leur objectif est donc de mieux identifier la Noblesse au XVIIème siècle afin d'assainir les finances de l'Etat. [...]
[...] S'il se fonde sur le principe de service rendus par le passé par certaines familles au Roi – d'où leur anoblissement – il est cependant de plus en plus contestable à partir du XVIIème siècle : les responsabilités de la noblesse vont être de moins en moins apparentes, à la « noblesse d'épée », c'est à dire acquise au combat, succédant la « noblesse de robe », occupant des fonctions de gouvernement auprès du Roi, voire la « noblesse de cour », autre terme désignant les courtisans. Dans tous les cas, le système actuelle marque bien la société de privilège de l'Ancien Régime. Si les oppositions à ce système restent alors modérées, on sait que le débat quant à sa légitimité va progressivement s'accroitre au cours du siècle à venir. Il est possible que le renforcement de la rigueur relative à la perception de l'impôt à partir du règne de Louis XIV puisse expliquer une augmentation par la suite de sa contestation. [...]
[...] La Fronde illustre bien la faiblesse du pouvoir royal au milieu du XVIIème siècle. Le recensement de la Noblesse, premier acte de sa mise au pas Ce travail de recensement de la Noblesse constitue donc bien un acte volontaire de meilleure identification de celle-ci, à la fois pour que les sujets du Roi soient tenus de respecter leurs obligations fiscales, mais aussi pour, progressivement, contrôler la Noblesse. Comme le précise la lettre de Colbert, les Nobles sont désormais tous appelés à « (déclarer) leurs noms, surnoms, âges, qualités, armes et blasons ». [...]
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