Grande idée grecque, megali idea, Charles de Moüy, Charles de Freycinet, crise de 1885, Bulgarie, Roumélie orientale, Grèce, Balkans, relations internationales, ambassade
Ce texte est une lettre envoyée par l'ambassadeur de France en Grèce, Charles de Moüy au Ministre des Affaires Etrangères de la IIIe République Française Charles de Freycinet. le 18 octobre 1885. Charles de Moüy fut auparavant chargé d'affaires à Constantinople à partir de 1875 et sera nommé ministre (ambassadeur) plénipotentiaire à Athènes en 1880.
Suite à la révision du Traité de San Stefano par le Traité de Berlin en 1878, la Grande-Bulgarie esquissée par la Russie se trouvait amoindrie et séparée en deux entités: une Bulgarie indépendante mais vassale de l'Empire Ottoman dirigée par un prince (le prince Alexandre Ier de Bulgarie, un noble allemand choisit par les puissances signataires du Traité que sont l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, l'Autriche-Hongrie, la Russie et l'Empire Ottoman) et une province autonome de Roumélie Orientale « sous autorité politique et militaire directe de son Impériale Majesté le Sultan » et administrée par deux gouverneurs choisis, eux aussi, avec l'assentiment des puissances signataires. La désagrégation de l'Empire Ottoman étant à présent largement entamée, un jeu balkanique entre états de la péninsule se superpose aux intérêts des grandes puissances européennes dans la région. Ainsi, le 6 septembre 1885, la province de Roumélie Orientale se soulève et proclame l'union avec la Bulgarie, ce que le prince Alexandre Ier de Bulgarie confirme sur place après quelques hésitations liées au contexte géopolitique général et que le Sultan entérinera après la crise, par l'accord de Tophane, le 24 mars 1886. Ce fait accomplit et ses développements, que l'auteur appelle « les évènements de Bulgarie » (l. 13) engendra une forte tension dans la région balkanique et trouvera sa conclusion dans la guerre serbo-bulgare quelques mois plus tard.
[...] Les deux étant liés, la première nourrissant la seconde. les ambitions serbes Le second casus belli évoqué par le Président du Conseil Hellénique serait une entrée en campagne de la Serbie .76). Car en accordant l'occupation militaire de la Bosnie-Herzégovine à l'Autriche-Hongrie, le traité de San Stefano poussait la Serbie, cliente de la double monarchie Habsbourg, à tourner ses ambitions expansionnistes vers le sud des Balkans, et notamment la Macédoine. La reconstitution d'une Grande-Bulgarie partielle hypothèque sérieusement « l'équilibre oriental » (l. [...]
[...] Ses premières manifestations visibles remontent aux années 1860-1870 à travers des révoltes contre l'Empire Ottoman ou encore dans le cadre de la « question de l'Eglise Bulgare ». Car le sentiment national bulgare s'est forgé contre les Ottomans mais aussi contre les Grecs, élite économique et culturelle chrétienne de la Porte. Ceux-ci géraient ainsi écoles, institutions culturelles mais surtout religieuses à travers le Patriarchat de Constantinople dans le cadre d'un empire multiethnique ne reconnaissant et ne comptabilisant que la diversité religieuse, et non les nationalités. [...]
[...] Ainsi, l'intervention britannique, et dans une moindre mesure française, durant la guerre d'indépendance furent motivées, à côté du philhellènisme ambiant, par le désir de contrer la Russie qui, sous couvert de protéger l'orthodoxie, espérait le contrôle, ou tout du moins une influence dans la région balkanique et des détroits, objectif tsariste intangible et premier. La tutelle, caractérisée par la mention « Représentants des puissances » (l. 56) est à la fois politique (Russie, France et Grande-Bretagne sont les Puissances Protectrices du Royaume et contrôlent l'élection royale), économique et financière (l'état grec est fortement débiteur de la Grande-Bretagne notamment). [...]
[...] Cette tutelle se traduit par l'ingérence de ces trois puissances dans la politique grecque. Ainsi, en 1850, la Grande-Bretagne ira jusqu'à mettre en oeuvre un blocus des ports grecs pour obtenir l'indemnisation d'un diplomate portugais lésé par l'état grec. Londres utilisera la même arme à l'issue de cette crise lorsque le gouvernement de M. Delyannis tentera d'organiser la mobilisation générale du pays en 1886. Ainsi M. Delyannis, devant la pression populaire et de trois de ses ministres avait annoncé « les mesures militaires que le Cabinet n'a pu évité de prendre sous peine de sombrer à l'instant même » à 43). [...]
[...] Elles se basaient sur la domination intellectuelle, culturelle et religieuse grecque des chrétiens sujets de la Porte à travers la religion est la langue en particulier (d'ailleurs de nombreux slaves avaient soutenus l'indépendance grecque et l'Hellénisme). Paradoxalement, l'Hellénisme reprenait les catégories qu'utilisait la Porte pour définir les populations qu'il contrôlait et assoir son hypothétique future domination. Il s'agissait d'inverser l'ordre ottoman basé sur la religion musulmane et le turc par un pseudo « Empire Byzantin » grec et orthodoxe basé sur le milliyet de Rûm, à l'image de l'extension du futur état hellène esquissé par Rigas. [...]
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