Ce discours, l'un des plus célèbres de la vie politique française au XXe siècle, a été prononcé par Léon Blum, le 27 décembre 1920 en clôture du Congrès de Tours, 18e congrès de la SFIO (Section Française de l'Internationale Ouvrière). Il s'agissait lors de ce congrès pour les socialistes français de déterminer l'attitude à adopter face aux bouleversements majeurs venus de l'Est.
Blum, défenseur du socialisme démocratique face à la pratique révolutionnaire violente, tente de se faire entendre dans une salle surchauffée et de faire passer quelques messages à ceux qui vont désormais faire route politique à part, au sein d'un discours politique très travaillé jusque dans les plus petites allusions.
Dès lors, on pourrait se demander comment ce texte nous éclaire en ce qui concerne les modalités et les motivations du divorce provoqué par Blum et ses partisans au sein de la SFIO française. Et, malgré son apparente fermeté et son refus du compromis avec le léninisme, Blum ne cherche-t-il pas aussi à travers ce discours à ménager un futur rapprochement entre socialistes et communistes ?
[...] On entre parce qu'on veut ou n'entre pas parce qu'on ne veut pas. On entre ou on n'entre pas parce que la raison adhère ou n'adhère pas. Moi non plus, je peux vous le dire comme Sembat, je ne veux pas faire d'émotion. Je ne suis entré qu'à deux reprises dans la vie politique du Parti, à quinze ans de distance. J'y suis entré en 1904-1905 pour travailler à l'unité, et j'y suis revenu en 1917, à un moment où l'unité me paraissait menacée. Je n'y suis entré que pour cela. [...]
[...] Nous verrons que la SFIO n'est pas, après le vote du Congrès de Tours, seulement travaillée par deux uniques tendances politiques vis-à-vis des 21 conditions de Lénine. Néanmoins le camp de Blum se détache nettement par son refus total d'adhérer à la IIIème Internationale, refus motivé par la tradition socialiste française jaurésienne, dont Blum est l'héritier. Mais en tant qu'héritier de la vieille maison socialiste, Blum espère peut- être aussi un futur revirement des communistes français et un retour au bercail de ceux-ci. [...]
[...] Invités par Lénine au congrès de L'Internationale à Moscou, ils découvrent les vitrines du modèle soviétique à travers les villages Potemkine. Éblouis, ils rentrent en France et parviennent à convaincre un grand nombre d'adhérents de la SFIO que l'adhésion au modèle de Moscou est la seule solution réelle aux problèmes du prolétariat. Cette mouvance communiste représente un courant politique moderne en 1920, comme semble l'avouer Blum lui-même lorsqu'il utilise le terme «aventure» pour désigner le communisme (ligne 20). discours de Blum ne traite pas uniquement de ceux qui vont adhérer sans réserve à la IIIème Internationale. [...]
[...] Lénine appelle en effet dès juillet 1920 toutes les formations ouvrières à adhérer à la IIIème Internationale; adhésion qui n'est cependant pas automatique, car il faut appliquer scrupuleusement 21 conditions draconiennes qui ont pour objectif d'aligner les partis sur le modèle bolchevique. Le Congrès de Tours voit donc s'opposer partisans et adversaires à cette adhésion dans un climat social très agité, puisque depuis 1919 et surtout 1920, de grandes grèves insurrectionnelles à caractère révolutionnaire ont agité le pays et ont semblé signifier le possible basculement de la France dans un scénario politique à la russe . [...]
[...] Bibliographie La gauche française : AGULHON Maurice, La République de 1880 à nos jours, Paris, Hachette, collection Histoire de France tome WINOCK Michel, La Gauche en France, Paris, Tempus Sur le congrès : KRIEGEL Annie, Le Congrès de Tours, Paris, Gallimard Sur Léon Blum : LACOUTURE Jean, Blum, Paris, Seuil réédition 2000. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture