Ledru-Rollin, profession de foi faite devant les électeurs de la Sarthe dans le cadre de sa candidature à la députation dans ce département (juillet 1841)

Résumé du document

En 1841, le mouvement républicain est dans l'impasse et ne représente plus qu'une faible menace pour la monarchie de juillet alors dans une période de calme politique relatif et de stabilisation malgré un vague de mouvement naissant en faveur d'une réforme électorale.
Le document soumis constitue un exemple de la subsistance de l'idéologie et du mouvement républicain. Ce texte est un extrait d'un discours d'Alexandre Auguste Ledru-Rollin prononcé en juillet 1841 pour sa candidature à la députation de la Sarthe. Ce discours a lui-même été restitué dans un recueil de Discours politiques et écrits divers publié en 1879.

Alexandre Auguste Ledru-Rollin, né en 1807 à Paris dans une famille bourgeoise incarne au XIXe siècle le principal chef de file d'un mouvement alors renommé parti démocratique, parti radical portant les idéaux de la République. Débutant en tant qu'avocat au barreau de Paris en 1830, Ledru-Rollin est un républicain convaincu, exprimant ses idées dans de nombreuses plaidoiries, notamment après l'attentat de la rue Transnonain ou lors des procès, qu'il défend, des journalistes républicains opposés au régime de la monarchie de juillet. Élu député de la Sarthe en 1841, il oriente son discours autour du thème du suffrage universel.

Extraits

[...] Les radicaux sont républicains, mais ils ont renoncés à l'action révolutionnaire, ils cherchent à appuyer leur idées par des campagnes politiques et des mouvements électoraux. Ledru-Rollin le dit lui-même à la ligne 21, les radicaux c'est avant tout la volonté d'un progrès pacifiste Le radicalisme de Ledru-Rollin c'est aussi une grande fierté du passé et de ses acquis. En effet tout au long du discours il n'a de cesse de rappeler les idéaux et l'action de ses pères (lignes 10,35). [...]

[...] Ainsi, il est possible de trouver ici un legs d'Étienne Garnier-Pagès qui disait que tout gouvernement devrait s'occuper des classes malheureuses Ledru-Rollin veut changer les institutions à leurs racines mêmes, il est bel est bien homme d'extrême gauche, radical, il veut le suffrage universel avant tout Le plan de Ledru-Rollin ne s'arrête donc pas au seul suffrage universel, il va plus loin, il ne veut pas qu'une transformation radicale du régime Pour lui les réformes politiques ne fassent que précéder et introduire les réformes sociales. La démocratie et la République sont les serviteurs du peuple qui souffre. Ledru-Rollin expose donc la seconde partie de son projet de la ligne 24 à 30. [...]

[...] Ses pères ce sont les hommes de 1789, des hommes comme Danton, Mirabeau ou bien encore Condorcet qui depuis la Révolution française n'ont cessé d'alimenter par leurs réflexions et leurs actions l'idéologie et la doctrine républicaine. Ainsi, il rappelle ligne 7 le principe fondateur du modèle républicain, le principe de base à savoir la souveraineté du peuple grand principe qu'il y a près de cinquante ans nos pères ont proclamé Ledru-Rollin sait qu'il doit respecter ses prédécesseurs pour les acquis qu'ils ont permis et pour leurs idées qu'il partage partiellement. [...]

[...] ANNONCE DE PLAN Nous étudierons donc dans un premier temps le caractère tribun de Ledru-Rollin, sa fierté des acquis du passé puis dans un second sa critique sévère du gouvernement représentatif et enfin son projet et ses propositions pour le futur. I Ledru Rollin, un tribun radical et déterminé Ledru-Rollin fait preuve dans son discours d'une détermination et d'une vivacité explicite pour défendre sa cause. Par ce discours il nous offre en quelque sorte un portrait de lui, celui d'un tribun zélé dans la lignée directe de ses prédécesseurs Ledru Rollin est en effet un véritable orateur qui se pose en défenseur du peuple. [...]

[...] Il parvient grâce à cette profession à heurter les bourgeois alors peu préoccupés par la cause populaire. Étant l'un des premiers à défendre cette voie il sert de modèle, trace le chemin aux futurs meneurs de la nation tels Gambetta et Ferry. Il restera d'ailleurs en 1848 lors de la révolution février un acteur prééminent dans la vie politique puisqu'il deviendra ministre de l'Intérieur du gouvernement provisoire, incarnant la pensée radicale le 25 février 1848 peu après le renversement de la monarchie de juillet. [...]