Pour comprendre les enjeux propres au métier de journaliste, il n'est pas anodin de rappeler que d'un point de vue historique, l'émergence en France du journalisme comme activité de recueil et de diffusion d'informations est très largement liée à l'histoire politique du pays.
[...] Le journaliste, garant d'une information fiable De ce fait, la garantie d'une information de qualité tient également à la probité de celui ou celle la produit, d'où l'importance du premier engagement prescrit par la Charte : prendre « la responsabilité de tous ses écrits ». Pour la Charte prévoit également un volet d'engagements concernant la personne du journaliste, qui ne saurait faire usage de son activité « dans une intention intéressée » (Charte des devoirs professionnels des journalistes français, 1918). [...]
[...] Les responsabilités afférentes au métier de journaliste n'ayant cessé de s'accroître durant le XIXème siècle, à la faveur notamment de l'établissement d'un régime démocratique, le concept de droit à l'information a conduit les démocraties libérales et les journalistes à définir un corpus de règles dont l'objet est de garantir la qualité d'une information qui permette la libre détermination de ses destinataires. [...]
[...] Dans cette perspective, il est intéressant de voir que la structuration du métier de journaliste a connu en France au début du XXème siècle un tournant majeur, avec en 1918 la rédaction de la première Charte des devoirs professionnels des journalistes français. Mais pourquoi les journalistes se donnent-ils, comme d'autres professions dont l'objet est particulièrement sensible (médecins, avocats, etc.) une ligne de conduite ? A l'aide de l'étude du texte de la Charte, nous verrons dans un premier temps que la transmission de l'information constitue un enjeu central dans le contexte politique français de l'époque : l'établissement durable du régime Républicain. [...]
[...] Le scandale en effet avait permis de faire, sous couvert d'information, la publicité des emprunts russes lancé par le Tsar entre 1888 et 1914 pour restaurer les finances de l'Empire. Cette première étape montre l'émergence d'une volonté de contrôle du métier de journaliste afin de distinguer l'activité de diffusion d'information de l'activité de réclame, c'est-à-dire la promotion d'une information qui ne relève pas de l'intérêt général. C'est précisément ce concept que reprend la Charte de 1918 en précisant que les journalistes ne peuvent accepter que des « missions compatibles avec la dignité professionnelle » (Charte des devoirs professionnels des journalistes français, 1918). [...]
[...] En d'autres termes, le journaliste, en tant que personne par qui transite l'information, détient un rôle en lien direct avec le bon déroulement de des pratiques démocratiques. Depuis, parmi les critères premiers des ONG mesurant le degré de démocratie d'un pays se trouve celui de la liberté de la presse, précisément parce qu'elle constitue un bon indicateur de la liberté d'expression concédée par un régime politique. En cela, le revendication par les journalistes de la « liberté de publier honnêtement ses informations » (Charte des devoirs professionnels des journalistes français, 1918) constitue sans doute l'un des fondements principaux du métier de journaliste : une presse contrainte ne serait dès lors plus la presse, mais simplement un organe très efficace de propagande (dans le cas d'un régime autoritaire) ou de publicité (dans le cadre d'un cartel). [...]
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