Né à Martigues le 20 avril 1868, Charles Maurras gagne Paris en 1886, où il débute comme journaliste. Dix ans plus tard éclate l'affaire Dreyfus, au cours de laquelle il affirme sa foi en une monarchie autoritaire et nationaliste. Dès 1899, il fonde, avec Jacques Bainville (l.22) et Léon Daudet, le groupe de l'Action française et le quotidien du même nom, dont l'idéologie se fait progressivement de plus en plus antisémite. Défenseur de l'ordre et de l'unité de la société française autour de l'Eglise, de l'armée et des valeurs traditionnelles, Maurras lance une virulente campagne antidreyfusarde et antirépublicaine dans la presse. Il nous est ici livré l'extrait d'un de ses articles, pour lequel il adopte à la fois un ton ironique et polémique. Très partisan, le journaliste manque de distance et d'objectivité comme, par exemple, lorsqu'il évoque "l'agitation dreyfusienne"(l.58), les Républicains, l'Allemagne, "la faiblesse, la nullité et la perversité de notre Etat"(l.8)... Sa partialité est un obstacle aux bonnes analyses et compréhensions de l'événement que représente l'incident d'Agadir, mais elle nous renseigne sur le point de vue que peut en avoir l'extrême droite antirépublicaine, lecteurs auxquels s'adresse l'Action française.
Daté du 3 juillet 1911, cet article est paru dans la presse seulement trois jours après l'incident d'Agadir, résultat de l'extension de la rivalité franco-allemande sur le plan colonial. Les Allemands avaient ainsi tenté en vain, en 1905-1906, d'arrêter la "pénétration pacifique" de la France au Maroc. La position stratégique du Maroc en faisait un enjeu crucial dans la lutte coloniale ; les Français avaient eu l'occasion de vérifier la fiabilité de leur jeune alliance (1904, "Entente cordiale") avec le Royaume-Uni lors de la conférence d'Algésiras . La question du Maroc était néanmoins demeurée en suspens et les ambitions allemandes sur cette partie de l'Empire ottoman étaient régulièrement réaffirmées. Au début de l'année 1911, les Français envoyèrent des troupes, pour secourir le sultan Moulay Hafiz, assiégé dans son palais à la suite d'une révolte berbère. L'Allemagne assimila ce geste à un début d'occupation du pays : elle demanda d'abord à la France des compensations coloniales, en échange de son accord pour un protectorat français sur le Maroc ; puis, pour accroître la pression, l'Allemagne envoya la canonnière Panther dans le port d'Agadir, au sud du Maroc, le 1er juillet 1911.
Maurras tire profit de cet épisode pour comdamner à maintes reprises le régime républicain(l.89-90), il utilise la caricature (la figure du"Germain"), il s'exprime avec emphase ("Jamais tonnerre n'éclata dans un ciel plus serein" "Jamais..."l.24), il reprend ironiquement les arguments des journalistes de la presse républicaine(l.75 à 88). Après avoir opposé la situation de l'Allemagne et de la France (l.1 à10), il cherche à montrer combien les négociations de la France, menées par les Républicains, avec les Allemands qui, selon lui, poursuivent une politique perfide(l.58 à 75) et immorale (l.75 à 88), sont inefficaces (l.22 à 44), inapropriées et paradoxales(l.44 à 58). Il termine son article en exsortant les Français à "être très forts" et intransigeants (l.88).
Pour Maurras, l'incident d'Agadir a sonné le glas de la politique de compromis et de négociation des Républicains en matière coloniale. Pourtant le recours à diplomatie avait pour fonction d' apaiser les rivalités impérialistes des puissances coloniales europréennes et de retarder un conflit armé.
Maurras, lui, prône une nouvelle aire politique, où il s'agirait d'utiliser la force pour récupérer les provinces perdues, plutôt que pour la conquête coloniale.
[...] Le poids de la défaite de 1870 et la perte de l'Alsace-Lorraine alimente l'esprit revanchard des Français. Pour Maurras, la France reste un "peuple vaincu et humilié" (l.35). L'agitation nationaliste pousse à l'intransigeance (l'article de Maurras en est un riche exemple: il attise la haine et la xénophobie) des deux côtés du Rhin, mais les pays ne sont pas prêts. En France, l'armée manque d'hommes et de moyens, en Allemagne une panique boursière, suscitée ou encouragée par le président du Conseil français, Caillaux, bien introduit dans les milieux bancaires montre que le financement de la guerre n'est pas assuré. [...]
[...] De part et d'autre, l'agitation nationaliste a fait prendre conscience des risques de conflit et de l'intérêt d'un rapprochement. "de mars à avril 1906": la première crise marocaine Elle débute le 31 mars 1905 lorsque Guillaume II déclare à Tanger qu'il considère le Sultan comme "un souverain absolument libre" et qu'il est décidé à préserver les intérêts allemands au Maroc. Paris redoute une guerre et Delcassé partisan de la résistance doit démissionner le 6 juin à la demande de l'Allemagne. [...]
[...] L'empire guerrier fondé par les rois de Prusse est loin d'être l'ennemi des arts de la paix. Seulement, il manie les instruments de diplomatie d'une main exercée à tenir l'arme du soldat. Les avances des peuples vaincus et humiliés doivent lui servir autant qu'il doit faire expier leurs semblants d'insurrection. On croyait trop, en France, que M. Delcassé était la cause de tout le mal. Et l'on s'était d'abord beaucoup trompé en lui attribuant je ne sais quels projets de revanche. M. [...]
[...] Pour Maurras, l'incident d'Agadir a sonné le glas de la politique de compromis et de négociation des Républicains en matière coloniale. Pourtant le recours à diplomatie avait pour fonction apaiser les rivalités impérialistes des puissances coloniales européennes et de retarder un conflit armé. Maurras, lui, prône une nouvelle aire politique, où il s'agirait d'utiliser la force pour récupérer les provinces perdues, plutôt que pour la conquête coloniale. Rivalités entre les puissances européennes sur la question coloniale (1895-1911) L'"ouverture du canal de Kiel"en juin Des représentants du gouvernement de la République sont présents : Faure, Hanotaux, Ribot. [...]
[...] Ce serait, de ce côté des Vosges, d'être très forts. On ne l'est pas en République. Quant à l'empire français, il a fait l'Allemagne que les rois de France avaient défaite plusieurs fois. Charles MAURRAS, Kiel et Tanger (suite) L'Action française juillet 1911. Cité dans O. WIEVIORKA & Ch. POURCHASSON, La France du XXe siècle. Documents d'histoire, Nouvelle Histoire de la France contemporaine, Paris, Le Seuil, coll. Points histoire p. [...]
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