En juin 1942, de Gaulle décrit la IIIe République comme : « Un régime moral, social, politique, économique a abdiqué dans la défaite, après s'être lui-même paralysé dans la licence ». Ce jugement peut sembler sévère lorsque l'on sait que la IIIe République est la République la plus longue à ce jour, puisqu'elle s'étend de 1875 à 1940.
Si la IIIe République est tombée durant la Seconde Guerre mondiale, elle a résisté à la Première, tout comme à une multitude de crises extérieures, comme le scandale de Panama, et de crises intérieures, comme l'affaire Boulanger. Le régime a également su s'adapter. En effet, il a été créé par des monarchistes dans l'optique d'une restauration et il a cependant survécu lorsqu'en 1879 toutes les institutions sont occupées par une majorité républicaine.
Par conséquent, lorsque de Gaulle lui reproche de "s'être lui-même paralysé dans la licence", il pense sans doute que son adaptation a été trop loin. Beaucoup attribuent la longévité de cette constitution à son laconisme, la compréhension de ce texte et de son application offre donc des intérêts juridiques, mais aussi politiques.
[...] La France connaît une forte montée d'anticléricalisme dans le même temps, relayée par le député Gambetta qui déclare dans un de ses discours à la Chambre que les dangers que connaît la France viennent des catholiques. Mac-Mahon fervent catholique est furieux, il écrit alors à son Président du Conseil, J. Simon, qu'il ne sait pas faire approuver son gouvernement. Cette attaque entraîne la démission de ce dernier. Le 16 mai 1877, J. Simon signe la nomination de son successeur, choisi par Mac-Mahon, le comte de Broglie. Cet orléaniste catholique est détesté par la Chambre qui veut le renverser, mais il anticipe et dissout, pour la première fois, le 25 juin 1877. [...]
[...] P. Pactet, Droit constitutionnel, Armand Colin, Collection U Paris. [...]
[...] Le Sénat est créé par la loi constitutionnelle du 24 février 1875. Le Sénat dispose, selon la terminologie de Montesquieu, d'une véritable faculté d'empêcher et en effet les monarchistes l'ont créé dans l'unique objectif de freiner la Chambre. C'est une assemblée peu nombreuse, elle ne compte que 300 membres en 1875 puis 314, après la loi du 17 octobre 1919. L'éligibilité est fixée à quarante ans ce qui ne peut qu'en faire une assemblée conservatrice, d'autant plus qu'elle comporte soixante-quinze sénateurs inamovibles, nommés à vie. [...]
[...] La Chambre des députés est élue au suffrage universel direct masculin d'après la loi constitutionnelle du 8 février 1875. Le mode de scrutin n'est pas réglementé par la constitution, ainsi différents systèmes ont été appliqués, en fonction des résultats que la chambre souhaitait obtenir. On a pu assister entre 1920 et 1928 à l'application d'un système proportionnaliste. Mais, avec les lois du 21 juillet 1927 et du 20 mai 1936 est fixé un mode de scrutin uninominal d'arrondissement. Ce mode de scrutin a certainement contribué à maintenir élevé le nombre de partis politiques. [...]
[...] L'Assemblée a voulu rendre la fonction prestigieuse, puisque le Président est protégé du délit d'offense, il est grand maître de la Légion d'honneur, il a le droit de grâce, ancien privilège régalien, et surtout il est irresponsable. Son irresponsabilité devant le Parlement l'oblige à être contre signé dans tous les cas, sauf pour les traités qui n'engagent ni les finances de l'Etat, ni les doits des Français à l'étranger. L'irresponsabilité présidentielle est une caractéristique du régime parlementaire. Ainsi, la France est entrée dans la Première Guerre mondiale du fait d'un traité secret que le Président Grévy avait passé avec la Russie. [...]
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