Fernand Braudel (1902-1985) est un historien français, agrégé d'histoire qui enseigna dès 1923 en Algérie, puis au Brésil. Après la Seconde Guerre mondiale, il intègre le magazine historique Les Annales. Il fonde en 1949 le Centre de Recherche Historique qui deviendra en 1975 l'École des hautes études en sciences sociales et enseigne à partir de 1949 au collège de France. C'est « un bâtisseur d'empire » lorsqu'il occupe la chaire d'Histoire et de la civilisation moderne, au Collège de France. Reconnu internationalement comme l'un des plus grands historiens de son temps et élu à l'Académie française en 1984, Braudel développe une approche novatrice de l'histoire en prônant son rapprochement avec les autres sciences sociales. Persuadé que les différentes sciences humaines sont fondamentalement unies, il intègre à ses travaux les acquis de la géographie et de l'économie. Très sensible à la durée, il privilégie la longue durée dans ses synthèses et notamment dans L'identité de la France, au détriment de l'histoire évènementielle.
L'identité de la France est le dernier grand projet que Braudel laisse inachevé à sa mort et qui est publié un an plus tard, en 1986. Cet ouvrage s'inscrit de façon surprenante dans l'œuvre de Braudel car non seulement il est destiné à un public de non-spécialistes mais aussi hors normes car il se démarque clairement dans sa démarche des autres livres sur l'histoire de France. Il ne s'agit en effet pas d'une histoire de la France au sens classique du genre. Braudel cherche à démontrer ce qui dans le jeu de l'histoire, a rendu possible la France du 20ème siècle (et de son époque).
Le premier tome intitulé Espace et Histoire, tente de comprendre « la France rétrospective comme un laboratoire d'expériences ». Comprenant une introduction et trois chapitres, ce premier tome est consacré à l'inventaire des formes de l'espace français. Il interroge l'espace pour révéler la diversité française composée d'une pléthore de micro-milieux. Il ne commence à vrai dire pas l'Histoire de France au sens où on l'entendrait. Il esquisse plutôt la diversité des espaces géographiques français pour entamer sans doute dans ses deux autres tomes, l'histoire.
Dans son introduction, Braudel prend soin de nous informer d'entrée de jeu de « sa passion exigeante et compliquée » et ne nourrit pas d'illusion excessive sur sa capacité à regarder la France comme un autre pays.
[...] En cela, l'identité de la France se construit évidemment en son sein. De l'autre, l'identité se construit aussi par rapport à l'extérieur, au monde. De là, l'unité de la France peut être considérée comme duale car l'Etat comme le reste du monde sont créateurs d'unité et tendent à créer ou à modeler un espace unifié mais pluriel. À la fin de l'ouvrage, on est face à cette lente procession vers l'unité d'une France qui aura été longtemps en devenir Opinion personnelle : J'aimerais citer les propos de Braudel, recueillis à Châteauvallon, deux mois avant sa mort : certains écrivent l'histoire des Français avec de mauvaises idées derrière la tête. [...]
[...] En s'identifiant avec Paris, il a commencé très tôt, à abandonner ce qui était autour d'elle, à bloquer le développement des villes trop proches, et à ne laisser prendre une importance relative qu'à celles situées en périphérie : d'un côté des ports comme Nantes, Bordeaux, ou Marseille, de l'autre des villes frontière comme Lyon ou Strasbourg. L'identité s'articule donc entre les cultures locales ancrées dans le terroir et les nouveaux pôles de spécialisation économique, agricoles et industriels. L'éternelle question des frontières naturelles et humaines est également approfondie. [...]
[...] Mais aimant la géographie et l'urbanisme, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre un peu dense. J'ai surtout aimé que Braudel illustre son propos par des cartes ou des graphiques qui mettent bien en perspective ses récits très précis et minutieux. On sent que Braudel a baroudé pour écrire son livre : il a expérimenté le territoire français. D'ailleurs, je pense qu'il vaut mieux pour le lecteur d'avoir un minimum expérimenté ce territoire pour vraiment comprendre le ressenti et les explications de Braudel. [...]
[...] Il interroge l'espace pour révéler la diversité française composée d'une pléthore de micro-milieux. Il ne commence à vrai dire pas l'Histoire de France au sens où on l'entendrait. Il esquisse plutôt la diversité des espaces géographiques français pour entamer sans doute dans ses deux autres tomes, l'histoire. Dans son introduction, Braudel prend soin de nous informer d'entrée de jeu de sa passion exigeante et compliquée et ne nourrit pas d'illusion excessive sur sa capacité à regarder la France comme un autre pays. [...]
[...] Cette micro-structure semble se suffire à elle-même mais, ne pouvant vivre en autarcie, elle doit donc accepter de s'ouvrir sur l'extérieur pour acheter, vendre et échanger. Dès lors, Braudel fait un constat : il n'y a pas de société humaine sans échange. Le bourg, composé d'éléments du pouvoir royal puis républicain est le second système sur lequel s'attarde Braudel. Situé au cœur d'un réseau de hameaux et de villages qu'il domine, le bourg comporte de nombreuses fonctionnalités inexistantes dans les villages. [...]
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