Louis-Philippe sera appelé au trône par les députés à la suite de faux pas de Charles X. Il acceptera ses fonctions et prêtera serment le 9 août 1830. Issu de la branche cadette des Bourbons, il sera surnommé « l'usurpateur » par les milieux légitimistes, c'est-à-dire favorable aux Bourbons. Il aura une conception différente de celle de Louis XVIII au sujet du rapport avec le peuple. En effet, il prendra le titre de « Roi des Français » et mettra en place une monarchie contractuelle et représentative, abandonnant le principe traditionnel de légitimité royale pour le retour de la souveraineté nationale. Pour ce faire, il révisera la Charte.
Outre des différences notamment au sujet des hommes forts du régime (Louis XVIII s'appuiera sur la noblesse tandis que Louis-Philippe préfèrera la bourgeoisie libérale) montrant la modernité du second, les deux hommes avaient une conception différente au sujet du rapport entre le Roi et la Nation ; ceci explique les critiques du second dans cet extrait traitant justement du rapport avec le peuple.
Selon Louis-Philippe, Louis XVIII avait en 1814 pour objectifs de « contenir les révolutionnaires, ranimer l'esprit monarchique, et rendre à l'autorité royale la puissance et la stabilité que les progrès de l'esprit démocratique lui faisaient perdre de plus en plus ». Ainsi, il devait concilier au mieux le retour de la monarchie avec les acquis révolutionnaires et acquérir la confiance du peuple.
Le « Roi des Français » laisse penser que son prédécesseur a échoué dans cette tâche ; nous nous demandons ainsi pourquoi, selon celui-ci, Louis XVIII n'a pas rempli ces objectifs.
Tout d'abord, Louis XVIII n'aurait pas apporté la monarchie constitutionnelle qu'espéraient les Français (I) ; ensuite, il aurait sous-estimé les conséquences de la Révolution (II).
[...] Louis XVIII met en place une Charte organisant une monarchie constitutionnelle, c'est-à-dire le régime souhaité en 1789. Or, selon Louis- Philippe, c'est effectivement un régime tel que la France l'avait souhaité avant la révolution que celle-ci attendait. Cependant, contrairement à cette époque, c'est selon sa conception qu'elle sera élaborée. En outre, celle-ci, s'inspirant largement du système anglais, établira une séparation des pouvoirs plus souple qu'en 1791 afin d'échapper au risque de conflits insolubles entre ceux-ci. De plus, Louis XVIII reprendra dans un titre intitulé droit public des Français inclus dans la charte la tradition d'une déclaration des droits. [...]
[...] La négligence d'un des principes fondamentaux de la révolution française : la souveraineté nationale La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 énonce dans son article 3 : le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément En outre, le principe de la souveraineté nationale est repris dans le titre III de la Constitution du 14 septembre 1791, et, à partir de ces dates, de nombreuses Constitutions l'ont reconduit. [...]
[...] Cependant, celui-ci ne semble pas avoir jugé nécessaire de rappeler qu'il était Roi en vertu des Lois Fondamentales du Royaume de l'Ancien Régime (reprises dans la Charte) ; pour Louis-Philippe, Louis XVIII s'est en effet contenté [ ] d'apprendre à la Nation qu'il régnait sur elle depuis dix-neuf ans (c'est-à-dire depuis la mort de Louis XVII, il faisait ainsi référence à une continuité que les régimes précédents n'avaient pas rompue) . Ainsi, en omettant de préciser le fondement de sa légitimité, le Roi semblait une nouvelle fois faire preuve d'un désintéressement de l'opinion du peuple. [...]
[...] Cette approche était soutenue par son entourage et par l'ensemble des royalistes qui aspiraient à un retour à l'Ancien Régime. On la remarque notamment dans le préambule, par la formule l'autorité toute entière résidait en France dans la personne du Roi tandis que Louis-Philippe traduit cette vision de la souveraineté dans le texte par ces paroles : ne lui devait rien et ne devait rien lui devoir ainsi qu'en évoquant l'ancienne formule [ ] de sa pleine science, pleine puissance et autorité royale Pour l'auteur, Louis XVIII a ainsi enveloppé dans les formes d'un pouvoir absolu la Charte. [...]
[...] Cette guerre, qui dura ainsi vingt-deux ans, avait essoufflé les différents régimes français, entraînant des problèmes financiers et la lassitude de l'opinion face à de nombreuses défaites. Bien que Louis XVIII ne soit pas directement l'instigateur de la paix (cette paix ayant eu lieu à l'initiative des puissances étrangères qui avaient posé comme condition le retour à la monarchie et à la stabilité), il peut être perçu comme tel, les faits coïncidant et étant liés. Pour Louis-Philippe, la France fatiguée [ ] appelait de tous ses vœux l'établissement d'une monarchie constitutionnelle vraisemblablement soucieuse de trouver une certaine stabilité après une succession de régimes. [...]
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