Colonisation française, Afrique, diffusionisme européen, Europe, exploitation économique, exploitation politique
Le premier devoir d'une nation colonisatrice, c'est de faire régner dans ses colonies l'ordre et la paix, et nous avons vu que la France, au cours du XIXe siècle, s'y était appliquée en évitant, plus que toute autre nation, les mesures brutales. Partout, elle a fait cesser les guerres entre tribus, les vendettas héréditaires, les razzias, et il est fréquent d'entendre de vieux indigènes célébrer ce bienfait de la France.
Mais il y a un ordre social plus profond qu'il faut également assurer : c'est celui qui dépend d'une bonne administration de la justice. On n'imagine pas quelle peut être l'importance de cette question pour des populations coloniales : leur justice traditionnelle est souvent barbare, injuste et vénale ; elles nous demandent de la corriger sans la bouleverser, et c'est là un des soucis dominants des gouvernements coloniaux. En général, on a laissé subsister les tribunaux indigènes et les droits coutumiers, mais en réprimant ce qu'ils pouvaient présenter de contraire aux devoirs d'humanité et en les soumettant au contrôle constant des autorités françaises.
[...] Il n'a que tout juste le temps de prendre des croquis cavaliers du cadre où il agira. Voici dans quelle attitude d'esprit il se tiendra pour voir juste : Qu'il distingue bien entre la colonie et le pays entre ce qui est de la colonie et de ce qui est du pays. Il y a là deux éléments qu'il ne s'agit pas de dissocier. L'art de la politique indigène consiste au contraire à bien les lier. Mais il faut les connaître ; et distinguer entre eux pour les analyser. [...]
[...] Car il ne suffit pas que l'indigène veuille travailler, il faut encore qu'il puisse fournir la somme de travail que nous attendons de lui. Or, l'indigène de nos colonies n'est pas, comme on le croit trop volontairement, un icurable paresseux, il y a même des régions où il se montre merveilleusement actif et ingénieux ; mais il est, dans la plupart des cas, un faible, un corps mal nourri et misérable. La nature tropicale et équatoriale n'a que les apparences de la générosité, elle exige en réalité un vif et constant effort pour devenir vraiment productive, et un effort que le climat rend particulièrement pénible, même pour l'indigène ; de plus, elle favorise le développement de maladies redoutables, paludisme, maladie du sommeil, épidémies de toutes sortes, et comme l'hygiène de ces malheureuses populations est tout à fait rudimentaire, la mortalité atteint des proportions effrayantes. [...]
[...] Il est commode de dire que tel pays est évolue, tel autre attardé, mais cet usage finit par gâter l'esprit. On accordera au pays dit évolué un intérêt spécial qu'on refusera au pays dit attardé, ou bien au contraire, on imaginera que l'attardé a quelque pureté dans son retard, et on voudra maintenir cette pureté prétendue. On chantera les braves types de la brousse, contre les salopards du chef-lieu. Peu de préjugés sont aussi tenaces et aussi nuisibles à la saine administration. [...]
[...] Georges Hardy préconise de réformer les institutions africaines déjà présentes, et voit dans la présence européenne un modèle complémentaire et une place d'arbitre dans la mise en oeuvre des politiques territoriales comme l'éducation. C'est ainsi qu'il souhaite impulser de nouveaux principes moraux à ces populations, comme par exemple les valeurs humanistes et les "devoirs d'humanité" que les Européens doivent à l'Afrique. Georges Hardy évoque la nécessité de porter un intérêt à la santé des populations locales, en leur fournissant une aide médicale et en luttant contre les "maladies redoutables" tel que le "paludisme, maladie du sommeil, épidémies de toutes sortes". [...]
[...] Vers 1930, des historiens africains issus de l'Ecole coloniale et des administrations des colonies vont renouveler cette approche historique de leur continent, et donc permettre de mieux comprendre les véritables enjeux qui se posent dans ces territoires, et de remédier finalement aux réels problèmes auxquels sont confrontés les européens mit quelques temps à reconnaitre la cause de ce courant de masse : la colonie ayant ordonné aux chefs indigènes ( . ) de faire produire du coton ( . ) ils invoquaient en cela d'anciennes coutumes locales", Delavignette), en dépit de leurs liens avec les chefs locaux, les traducteurs, etc. [...]
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