La fin de la Seconde Guerre mondiale découvre un monde profondément bouleversé et dominé par les deux « grands » vainqueurs, dont les troupes ont libéré l'Europe : les États-Unis et l'URSS. Les premiers apparaissent alors comme la première puissance économique mondiale, détenant un tiers des réserves d'or mondiales, et ayant su profiter du contexte d'une guerre menée hors de leur territoire pour développer leur industrie de biens de consommation notamment. Les États-Unis détiennent également une importance fondamentale dans le cadre de l'ONU, Organisation des Nations Unies, qui, créée en 1945, a pour but de « préserver la paix dans le monde et garantir le progrès ».
Dans le même temps, le régime stalinien en Union soviétique repose au lendemain du 8 mai 1945 sur le prestige d'une « guerre patriotique », au cours de laquelle « l'hydre des totalitarismes a été désarmée au prix du sang ».
L'antagonisme entre ces deux superpuissances, sous-jacent dès 1945, devient manifeste à partir de 1947, date qui peut marquer l'entrée du monde dans la « Guerre froide ». Comment définir, comment caractériser ce conflit qui s'étendra jusqu'en 1989 ? L'expression « guerre impossible, paix improbable », prononcée par Raymond Aron en 1947, peut-elle s'appliquer à l'ensemble de cette période longue de près de quarante-cinq ans ?
[...] La Guerre froide semble ainsi se conclure par la reconnaissance par les deux grandes puissances de la nécessité d'un travail pour la paix et la prévention de la guerre, au-delà même du constat de l'improbabilité de l'une et de l'impossibilité de la seconde. Raymond Aron semble ainsi avoir employé dès 1947 une expression caractéristique de la période de Guerre froide dans son ensemble, depuis 1947 jusqu'en 1989: dans la période de guerre froide véritable de 1947 à 1953, l'affrontement direct entre États-Unis et Union soviétique est sans nul doute rendu impossible par équilibre de la Terreur et la paix improbable par l'opposition idéologique fondamentale entre les deux Grands; la coexistence pacifique dès 1953, et surtout la période de détente qui suit la crise de Cuba en 1962 semblent permettre la prise en considération par les deux puissances de cette caractéristique de leur antagonisme mais la paix demeure improbable malgré les espoirs de voir le conflit s'atténuer, aucun des deux Grands ne pouvant diminuer ses intérêts de puissance, et la guerre impossible toute nouvelle tension entre les blocs entraînant le renforcement de la course aux armements. [...]
[...] Dans le même temps, la Corée du Nord, communiste, traverse en juin 1950 le 38e parallèle, qui la séparait de la Corée du Sud, proche du monde occidental. Les États-Unis interviennent sous le drapeau de l'ONU et repoussent l'agression, mais le général MacArthur, désavoué par le Président américain Eisenhower alors qu'il souhaitait attaquer la Chine et utiliser l'arme nucléaire, doit faire face à volontaires chinois: s'ensuivent trois années de guerre, qui font morts, avant que l'armistice ne soit signé en 1953, rétablissant la séparation des deux régimes le long du 38e parallèle. [...]
[...] Une autre crise, survenue en 1948 en Tchécoslovaquie, illustre à la fois le rôle majeur occupé par l'Europe centrale dans la Guerre froide et la caractéristiques particulières de l'opposition entre les deux acteurs principaux du conflit. De fait, la Tchécoslovaquie est en 1947 le seul pays situé en zone d'influence soviétique ayant pu disposer d'élections démocratiques, qui ont porté au pouvoir le président de la République d'avant-guerre, Bénès, tandis que Gottwald, secrétaire général du parti communiste, devient président du Conseil. [...]
[...] L'on peut ainsi considérer qu'il y dès 1956 en URSS, et dès 1962 aux États-Unis, reconnaissance de l'aspect de guerre impossible, paix improbable aspect qui rend de fait indispensable une coexistence pacifique Pourtant, dès lors que les deux superpuissances reconnaissent en leur opposition le fait d'une guerre impossible et d'une paix improbable les caractéristiques de cette Guerre froide semblent changer. L'on assiste tout d'abord à un affaiblissement interne des deux blocs, qui entraîne entre eux un relatif rapprochement. Ainsi, les États-Unis, intervenus dans la guerre du Vietnam à partir de 1964, connaissent une défaite humiliante à Saigon en 1975, qui bouleverse et déstabilise l'opinion. [...]
[...] La doctrine du roll-back qui consistait à vouloir repousser l'expansion communiste par l'ensemble des moyens disponibles, y compris nucléaires, élaborée par J.F. Dulles et adoptée par le Président américain Eisenhower à sa venue au pouvoir au début des années 1950, est remplacée par la doctrine de la riposte graduée qui prône des représailles proportionnées à l'importance de l'agression. Ce contexte permet la signature par les deux Grands d'accords pour la limitation du développement de l'armement nucléaire : en 1963, le traité de Moscou interdit tous essais nucléaires dans l'atmosphère, dans l'espace et sous l'eau tandis qu'est conclu en 1968 le traité de Non-Prolifération de l'Arme Nucléaire, visant à empêcher de nouveaux pays de développer ce type d'arme. [...]
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