« En termes positifs, nous avons à inventer notre humanité ». Jean Beachler (1937) ancien professeur de sociologie historique à la Sorbonne et membre de l'Académie de sciences morales et politiques depuis 1999, ne croit pas aux histoires humaines déterministes, mais à la marche du progrès qui est le sens véritable de l'histoire, selon sa conception moderne.
Il s'oppose ainsi directement aux autres conceptions contemporaines de l'histoire qui considèrent parfois le progrès comme décadence comme les auteurs Oswald Spengler ou encore Julien Freund. Pour Baechler, la période 1914-1991 ne constitue qu'une parenthèse de l'histoire qui ne remet en aucun cas en cause son sens qui est le progrès. Dans son œuvre "La grande parenthèse (1914-1991), essai sur un accident de l'histoire", il s'occupe à défendre cette thèse.
En quoi l'extrait étudié (pp.90-97) couvre les principes fondamentaux de la pensée baechlerienne et moderne de l'histoire tout en étant à la fois très ambitieux ?
[...] La thèse de prédiction de l'histoire avait déjà été défendue par Ernest Renan, ce qui confirme une fois de plus l'inspiration de celui-ci à Baechler. L'existence et la nature d'un être ne se prouvent que par ses actes particuliers, individuels, volontaires, et, si la Divinité avait voulu être perçue par le sens scientifique, nous découvririons dans le gouvernement général du monde des actes portant le cachet de ce qui est libre et voulu . Cette citation de l'œuvre d'Ernest Renan permet d'apercevoir les prémices d'une certaine prédilection liée à la science. [...]
[...] Ces derniers termes prouvent quant à eux la profonde certitude pour l'auteur que l'ère moderne est supérieure à toutes les ères la précédant. En effet l'homme moderne est devenu plus savant et puissant grâce à la science et la technique qui ont démultipliées ses facultés cérébrales. Il a donc réussi à remporter des victoires sur la mortalité infantile ou féminine. Il vit mieux, plus longtemps et le progrès matériel s'accompagne d'un progrès culturel. L'homme devient plus éduqué, plus libre et civilisé. [...]
[...] L'extrait de La grande parenthèse (1914-1991). Essai sur un accident de l'histoire reprend les grandes lignes de la conception moderne de l'histoire avec le progrès et ses parenthèses, soulevant ainsi des débats quant à la réelle signification de cette période couvrant le XXe siècle. Le plus discutable dans cette œuvre est sans doute la possibilité d'une certaine prédiction de l'histoire, ici rétrospective. L'étude de cet extrait nous amène donc à envisager la possibilité d'une prédiction prospective de l'histoire qui permettrait d'anticiper les nouvelles parenthèses que celle-ci nous réserve. [...]
[...] Au XIXe siècle, Ernest Renan a joué un rôle essentiel dans la laïcisation de la culture française et européenne. Terme très utilisé dans les analyses de Jean Baechler, synonyme de société ou gouvernement. En réalité le terme recouvre un sens beaucoup plus complexe très développé dans Les Morphologies sociales (2005) Dans La métaphysique et son avenir (1860), Ernest Renan René Guénon (1886-1951) : Il exposait directement dans ses œuvres certains aspects des doctrines métaphysiques de l'Orient. Julius Evola (1898-1974) : Penseur antimoderne qui présente une vision de l'histoire comme décadence, à partir de la conviction qu'il existe des castes selon un principe de hiérarchie entre l'inférieur et le supérieur. [...]
[...] "La grande parenthèse (1914-1991), essai sur un accident de l'histoire", Jean Baechler Sommaire Introduction I. La conception moderne de l'histoire A. Le progrès et ses parenthèses B. Vers une prédiction rétrospective de l'histoire ? II. Ruptures et continuités de l'analyse Baechlerienne de l'histoire A. Progrès et décadence B. La prévisibilité de l'histoire est-elle une notion sérieuse ? [...]
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