L'analyse de Stanley Hofmann s'articule autour de ruptures historiques et de continuités : nous allons en premier lieu nous intéresser aux ruptures : la plus prégnante est celle de l'achèvement du "roman national", les enjeux européens tendent à l'estomper. Après la présidence de De Gaulle, la politique de grandeur nationale s'atténue fortement, sans pour autant qu'il n'y ait cessation de l'obsession du déclassement. Simplement, cette lutte prendra une autre forme, au lieu d'exalter l'image nationale, on va plus s'attacher à s'impliquer dans l'Union européenne mais en tant que figure de proue, et la nouveauté est cette fuite en avant de la France dans l'Union européenne malgré la peur d'un certain totalitarisme en un supranationalisme écrasant, d'une aliénation de souveraineté, d'une frénésie libéraliste détruisant le service public français, privatisant à outrance avec une concurrence débridée. L'autre rupture est que la France s'est effacée du premier plan européen pour céder la place à l'Allemagne. Dans une Europe en plein renouveau, le vaincu devient le vainqueur. Il y a eu une reconfiguration militaire et stratégique, en effet nous constatons une reprise de la prééminence des armes conventionnelles sur le nucléaire (manifesté par les accords et les enjeux encore actuels de non-prolifération nucléaire), allant à contre-courant de la prime politique engagée par De Gaulle. De plus on pense de plus en plus à l'indispensabilité d'une diplomatie et d'une politique militaire européenne, il y a moins d'hésitation à entamer sa propre liberté d'action après l'incurie en Yougoslavie. La France cherche une issue contre le déclassement et pour se positionner face aux grands en la promotion d'une Union européenne soudée, héritière de la France, contre les produits et la culture américaine. Donc l'implication dans l'Union européenne constitue un tournant encore jamais autant accentué depuis les premiers rêves des pères fondateurs. Néanmoins, un nouveau frein diplomatique et politique se pose face à la France : elle n'a plus d'influence à l'Est, ces pays sont plus enclins à s'aligner sur les décisions des Etats-Unis (héritage de la Guerre Froide) et cela constitue une pierre d'achoppement au projet français de construire une Union européenne totalement indépendante de puissances extracontinentales. Toujours au niveau des points de rupture diplomatique qui jalonnent l'histoire de France entre 1979 et 2000, nous pouvons noter l'erreur du président Chirac lors de la réintégration aux structures intégrées de l'OTAN, il ne s'est effectivement pas assuré d'un minimum de pouvoir que les Américains pourraient lui garantir au sein de cet organe (...)
[...] On montre une réelle continuité avec ses prédécesseurs qui développent la politique africaine de la France ainsi que la défense de la langue française dans le monde et la francophonie. La posture est la même qu'au temps du général de Gaulle : au fur et à mesure que la France confirme son choix européen, elle ressent le besoin s'appesantir sur son passer et de le glorifier, de se convaincre qu'elle ne renonce pas à sa vocation mondiale. Les ruptures avec la tradition gaulliste sont : l'effacement de la sanctuarisation du territoire, l'intégration aux forces intégrées de l'OTAN, et l'interdiction des essais nucléaires qui faisaient beaucoup de pays ou régions mécontents : la France relativise l'attitude presque autoritariste de De Gaulle, et cela constitue une rupture de l'approche diplomatique que la France adopte. [...]
[...] 2ème article : La France et son rapport au monde au XXe siècle, Robert Franck Présentation de l'auteur : Robert Franck est un historien français spécialiste des questions européennes et des relations internationales. Agrégé d'histoire, il enseigne à l'université parisienne Panthéon Sorbonne ainsi qu'à Sciences Po Paris (en 2ème année). Il a collaboré à de nombreuses revues spécialisées, et dirigeât la célèbre unité de recherche du CNRS (centre national de la recherche scientifique) : l'Institut d'Histoire du Temps Présent de 1990 à 1994. [...]
[...] De plus France et Allemagne en tandem se posent au 1er plan de l'Union européenne oubliant que l'Union européenne se joue à 27et cette attitude méprisante est un autre obstacle auquel l'Union devra faire face. L'Europe a un corps gangrené et il lui manque une âme. Nous vivons à l'aune d'un autre de ses renouveaux. A l'aune d'un radical changement de la place de la France dans le Monde. Sa souveraineté étant sérieusement altérée par les contraintes engendrées par la mondialisation (dépendance des marchés, des puissances pétrolières, dépendance avec le dollar comme 1ère monnaie), la crainte d'un fédéralisme européen devient désuète. [...]
[...] L'auteur pointe néanmoins une nouvelle donne : les Etats lorsqu'ils mènent des réformes vont rarement jusqu'aux racines, frappés par des conservatismes touchant tous les niveaux de la population. Et cela peut porter préjudice à la France dans la place qu'elle tient dans le monde. La France a inversé un schéma particulier depuis 20 ans : elle se défendait et se débattait en Europe, avait comme jalon de rayonnement la scène mondiale. A présent il s'agit de l'exact contraire. Avec une atlantisation de sa politique étrangère, malgré son attitude agonistique vis-à-vis des USA. [...]
[...] Nous arrivons là à un nouveau jalon de notre histoire politique car des réformes révolutionnant tous les domaines de notre vie vont survenir, le sursaut est le seul moyen de remédier à cette situation de chao et relancer la France sur les rails de la croissance. La refonte des institutions est le cœur de nos débats. Mais l'essor des nationalismes en Europe présage aussi d'un changement radical, le continent étant hanté par les spectres des deux grandes guerres fratricides. De même que la configuration économico-stratégique du monde, en phase de libéralisation débridée, la France est fébrile. C'est une petite puissance qui n'a pas de voie crédible face aux géants qui se multiplient (BRICS notamment). [...]
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