Les filles de noces, Alain Corbin, misère sexuelle, prostitution, XIXème siècle
Plus que la vie des prostituées, les Filles de noce d'Alain Corbin, historien français du XIXème siècle et des sensibilités, est un livre qui ouvre une histoire sociale: les regards sur la prostitution et les campagnes que celle-ci engendre donnent des indications sur l'évolution politique, sociale et mentale de la société bourgeoise entre autre dans le cadre de la moyenne durée, que l'auteur tente assez approximativement de respecter, s'étendant de 1871 à 1914. L'évolution de la prostitution en France à cette époque semble être le curseur d'une communauté en pleine mutation: en effet, c'est peut-être au regard de ses marges et de ses peurs qu'on arrive vraiment à se saisir d‘une société.
Il est alors intéressant de voir en quoi l'évolution prostitution, qui est un phénomène insaisissable de part le peu de sources directes que l'on possède, reflète un malaise politique et social au XIXème siècle.
Pour cela, nous verrons d'abord l'évolution politique prostitutionnelle, puis le statut différent de la prostitution officiellement tolérée et de la clandestinité de l'activité, avant d'étudier l'opinion publique qui dénote une fascination et une angoisse face aux « filles de noce ».
[...] Elle fonde en juillet 1877 la Fédération britannique et continentale pour l'abolition de la prostitution sur laquelle se calquera en France l'Association pour l'abolition de la prostitution réglementée le 16 juin 1879 ainsi que la Ligue française pour le relèvement de la moralité publique en mai 1883. En effet, parmi les buts de l'abolitionnisme français (défendu par les tendances de gauche) : -comme son nom l'indique l'abolition de la prostitution officielle et réglementée. -Le désenfermement des prostituées qui tend à créer un milieu marginalisé, sans la disparition de la prostitution. [...]
[...] Dès lors, l'opinion publique est criblée de discours ce qui aura des effets dissuasifs sur le sexe de façon durable. L'organisation de la lutte anti-vénérienne se fait donc dans un cadre international. La conférence de Bruxelles de 1899 voit alors de longs débats s'élancer à propos de l'intensité comparée de la maladie chez les filles soumises et les clandestines: on adopte alors le point de vue néo-réglementariste. Se constitue alors une Société Internationale de Prophylaxie Sanitaire et Morale qui a pour but de coordonner les efforts de tous ceux qui luttent contre le péril vénérien. [...]
[...] EX : à Paris la proximité de l'Opéra offre les filles les plus chères, par opposition aux bords de Seine. Les filles qui habitent en périphéries descendent travailler dans le centre de la capitale, rappelant l'angoisse des descentes populaires et quasi-révolutionnaires qui avaient ressurgi en 1871. La multiplication des magasins prétextes comme des lingeries, parfumeries, librairies, établissements de bains avec une arrière boutique au fond sont monnaie courante durant les années 1880. Ces boutiques abritent 2 à 3 filles qui partagent les sommes versées par le client, souvent bourgeois, avec la patronne. [...]
[...] L'essor des magasin s'accompagne d'un essor de la prostitution bourgeoise. Au moment où de larges fractions du prolétariat adoptent certaines des valeurs qui avaient fondé la grandeur de la bourgeoisie, on constate une libération relative des conduites sexuelles féminines au sein de cette classe Les causes de ces fissures sont la croissance des effectifs de la petite et moyenne bourgeoisie ainsi que le déclin de plusieurs facteurs de répression sexuelle (et notamment l'emprise de l'Eglise). Un climat propice à l'évolution des mœurs s'installe alors, entre 1876 et 1879 la sexualité s'affiche sans voile dans les œuvres littéraires et en 1906 c'est l'abandon du corset. [...]
[...] Pour cela, nous verrons d'abord l'évolution politique prostitutionnelle, puis le statut différent de la prostitution officiellement tolérée et de la clandestinité de l'activité, avant d'étudier l'opinion publique qui dénote une fascination et une angoisse face aux filles de noce I. L'évolution des politiques prostitutionnelles au XIXème siècle : un contexte historique miroir d‘une anxiété sociale. A. Le réglementarisme Naissance et définition Le réglementarisme*, instauré depuis le consulat (1799-1804) par des administrateurs parisiens est une doctrine visant à canaliser et à contrôler de près la prostitution. Le facteurs de l'émergence du réglementarisme en France est l'angoisse des classes bourgeoises, en pleine expansion au XIXème siècle, de l'invasion du corps social par les classes laborieuses, symbolisée par la prostitution des bas-fonds. [...]
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