Fabrice Bensimon est professeur de civilisation britannique à l'université Paris IV. Il a rédigé une thèse sur Les Britanniques face à la Révolution française de 1848 et contribué à une Histoire des Iles Britanniques, dirigée par Stéphane Lebecq. Cet article introduit un numéro de la Revue française de civilisation britannique consacrée aux mutations de l'histoire sociale britannique.
L'histoire sociale et culturelle est au cœur des études de civilisation britannique : le travail, l'histoire du genre, la famille, la sexualité, la religion, les loisirs, la santé, les villes, l'éducation, les flux migratoires, le crime… Mais les enseignements universitaires restent parfois un peu datés, même si tous les ouvrages anciens ne sont pas mauvais. La formation de la classe ouvrière anglaise d'Edward P. Thompson (1963) reste par exemple utile. Ce numéro se fixe donc pour objectif de présenter le renouvellement de l'histoire sociale britannique.
[...] Depuis les années 1950, des historiens marxistes avaient décrit le combat pour la Charte du peuple comme un mouvement social de la classe laborieuse. Gareth S. Jones a montré au contraire qu'en étudiant le discours politique, le chartisme relevait d'un mouvement politique dans la lignée du radicalisme constitutionnel. Les chartistes étaient attachés à la constitution. IV. Une histoire sociale panoramique La gender history, l'histoire des migrations, des identités nationales ou régionales sont devenues des problématiques centrales, mobilisées par l'histoire sociale dans son ensemble. L'histoire de l'Empire et de l'impérialisme restait un sujet marginal dans les programmes universitaires des années 1960. [...]
[...] Fabrice Bensimon : "L'histoire sociale en mutation. Avant propos", Revue française de la civilisation britannique avril 2008 Fabrice Bensimon est professeur de civilisation britannique à l'université Paris IV. Il a rédigé une thèse sur Les Britanniques face à la Révolution française de 1848 et contribué à une Histoire des Iles Britanniques, dirigée par Stéphane Lebecq. Cet article introduit un numéro de la Revue française de civilisation britannique consacrée aux mutations de l'histoire sociale britannique. Sommaire de la fiche I. Aux origines de l'histoire sociale II. [...]
[...] Les tournants culturel et linguistique Entre-temps, l'histoire culturelle s'était développée. Si nous prenons l'exemple de la religion, les historiens anglais sont passés d'une histoire de la théologie et des églises à une histoire de la pratique religieuse populaire, puis se sont intéressés à la culture et aux rites. Ce cultural turn avait déjà été amorcé par les historiens marxistes comme Edward Thompson qui avait travaillé sur la culture et la religion populaires. L'économie, le politique et les relations internationales ont également bénéficié de ces nouveaux questionnements. [...]
[...] L'histoire sociale influencée par le marxisme Dans les années 1930, l'histoire dominait qu'il s'agisse de l'histoire parlementaire ou de l'histoire diplomatique et militaire. Mais on note une nouvelle tendance s'intéressant aux phénomènes économiques et sociaux dans le temps long. On remarque une prédominance des historiens communistes. Les étudiants marxistes de Cambridge, parmi lesquels Eric Hobsbawn, étaient alors plusieurs centaines et étaient surnommés les taupes rouges Les historiens marxistes anglais se distinguent de leurs homologues français par un déterminisme moins fort, par le refus de toute téléologie, par la place accordée à la culture dans l'explication des phénomènes historiques. [...]
[...] Pour les auteurs, les classes sociales ont joué un rôle moins important dans la définition identitaire que le genre, la ville, et surtout la nation (galloise, écossaise L'histoire sociale s'intéresse désormais à de nouvelles catégories : femmes, enfants, déviants, immigrés, minorités sexuelles, middle class, petits commerçants Elle s'intéresse à des rapports de domination peu étudiés auparavant : les enfants par les parents, les femmes par les hommes, les travailleurs non qualifiés par les travailleurs qualifiés, les peuples colonisés par la métropole La classe sociale est devenue une communauté imaginée une construction rhétorique. La new British History a insisté sur les nations et leurs interactions. John M. Mackenzie, Propaganda and Empire : The Manipulation of British Public Opinion (1984). Bernard Porter, The Absent-Minded Imperialists : What the British really thought about Empire (2004). [...]
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