De nombreuses enquêtes de l'Etat français portant sur la sidérurgie ancienne ont eu lieu durant la révolution et l'Empire, comme le montre dans sa thèse Denis Woronoff. Ainsi, les conclusions de l'enquête de 1848 sur le sujet sont bien connues. Pour l'historien, cela permet de multiplier les exemples à des périodes plus proches. Outre une analyse des conclusions de l'enquête sur le travail de 1848, cette étude a pour but de proposer un exemple d'état d'un canton de sidérurgie ancienne. Et quand on parle de sidérurgie ancienne en 1848, dans un milieu de montagne, plus particulièrement ici dans les Pyrénées, tous les espaces de cette activité sont régis plus ou moins par les mêmes contraintes. L'existence des ouvriers y est donc fortement semblable.
Le canton d'Ax-les-Thermes en Ariège, à proximité immédiate de l'Andorre sera pour nous plus qu'un simple exemple du fonctionnement de la sidérurgie, mais celui d'un système de pluriactivité fonctionnant de façon saisonnière et basé sur les migrations. « L'agriculture qui est l'industrie principale » (on constate le problème de définition de l'industrie), va tenir un rôle central du simple fait que c'est elle qui emploie le plus de personnel. Mais entre les ouvriers de l'agriculture et des forges, la situation du monde ouvrier est globalement très en difficulté.
[...] En effet, les conditions climatiques dans le canton d'Ax-les-Thermes sont par moment très dures. La neige couvrant le sol pendant 6 mois de l'année la période inactive de l'année est beaucoup plus longue et difficile que dans le cas plus classique de l'agriculture de plaine. La belle saison étant plus courte, le travail requiert d'autant plus de bras et le travail y est dur : travail pénible des terres et conduire les bestiaux aux pâturages Devant l'ampleur des migrations saisonnières, il arrive toutefois que pendant les périodes de forte demande de main-d'œuvre, la réponse ne soit pas suffisante. [...]
[...] Il faut veiller à procéder en l'absence d'oxygène, sinon on obtient des cendres et non du charbon. Ce charbon va ensuite faire un bien meilleur combustible permettant d'atteindre les températures nécessaires. Le temps fort des coupes de bois se situe durant l'hiver. Le 3e type d'ouvrier externe est le voiturier ou charrieur, qui assiste le charbonnier et achemine les matériaux à l'usine, cela à l'aide d'animaux de bâts ou si ceux-ci ne peuvent pas évoluer dans de bonnes conditions, selon l'état des chemins, sur leur dos. [...]
[...] Ces ouvriers ont tout d'abord des conditions de travail des plus difficiles. Ce sont les ouvriers externes qui sont soumis aux intempéries de la montagne durant leur travail : Ils sont exposés à toutes les intempéries des saisons dans les bois de montagnes avec des charges de travail particulièrement harassantes : Ils portent sur le cou un sac qui pèse jusqu'à 50 kilos, pendant un trajet de 4 à 5 heures Ces charrieurs n'ayant pas de savoir-faire à proprement parler et donc n'étant pas une main-d'œuvre difficile à embaucher, les patrons ne leur réservent pas les meilleurs salaires et les meilleures conditions de vie : si en arrivant à leur destination, ils avaient une goutte de vin ou un peu de soupe pour réparer leur épuisement ; mais à peine ont-ils de pain de mauvaise qualité Les forgeurs sont mal-logés, bien nourris. [...]
[...] Cet isolement, on le sait, est physique. En dehors des quelques grands axes routiers, il existe bien, comme dans toutes les campagnes françaises, un réseau de chemins et de sentiers qui relie les villages et permet l'accès aux espaces agricoles. Mais l'entretien d'un tel réseau, supposait des moyens en hommes et en argent que n'avaient ou ne voulaient pas se donner les communes. L'importation du charbon pour les forges est d'ailleurs impossible, du fait de l'absence de route liant Ax-les-Thermes à l'Andorre, lieu d'extraction important (ligne 30 à 33). [...]
[...] Or, la déforestation réelle des forêts ariégeoises tout au long du XVIIIe siècle et début du XIXe amène les forges d'Ax-les-Thermes à importer du charbon. L'essor prodigieux de l'extraction houillère marque ce XIXe siècle, et en même temps, désavantage les industries ariégeoises éloignées des puits d'extraction. Le travail des métaux fournis par ces forges n'avait pas entraîné la mise en place de grands établissements. Seuls de petits ateliers fournissaient les principaux produits demandés par la consommation locale ou parfois régionale: faux, limes en Ariège, clous dans les Hautes-Pyrénées Il est significatif que vers le milieu du XIXe siècle, la métallurgie n'ait occupé que des ouvriers en Ariège. [...]
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