C'est à Paris, en 1931, que l'exposition coloniale internationale est organisée afin de mettre en avant la grandeur des empires coloniaux européens, plus particulièrement les colonies françaises. Nous allons étudier cet événement à l'aide d'un corpus documentaire de quatre textes. Le premier d'entre eux est un extrait de Voyage au Congo écrit en 1927 par André Gide. Dans cet extrait, Gide sillonne les possessions françaises pour le compte du ministère des Colonies le 27 octobre 1925. Le second texte est un tract des surréalistes publié durant l'année 1931, dans lequel les surréalistes condamnent et dénoncent l'Exposition Coloniale de Vincennes de 1931. Le troisième texte est le discours inaugural de l'Exposition Coloniale prononcé par Paul Reynaud le 6 mai 1931, alors ministre des Colonies. Dans ce discours Paul Reynaud fait l'éloge de la Plus Grande France. Enfin, le dernier document est un extrait de la chanson La petite Tonkinoise composé par Vincent Scotto en 1906.
Tous ces documents nous permettent d'avoir une vision « croisée » de l'Exposition Coloniale de 1931. Celle-ci se déroule à un moment où la France est le second Empire colonial du monde derrière la Grande-Bretagne, et avait pour but de présenter aux citoyens français de métropole, les peuples et les civilisations issues de la colonisation et de la mise sous protectorat de l'Afrique noire, de Madagascar, de l'Afrique du Nord, d'Indochine ainsi que de la Syrie et du Liban, des colonies bien souvent méconnues des citoyens français. Ainsi, on peut se demander dans quelles mesures l'exposition coloniale de 1931 s'inscrit dans la IIIe République et quelles réactions celle-ci a engendrées.
[...] Et à coup sûr, l'Exposition Coloniale en est un. Tiré à la veille du 1er mai 1931 et deux jours avant l'inauguration, le texte du premier tract des surréalistes avait été écrit par Louis Aragon et Paul Eluard, membres du bureau de la Ligue Internationale. Il était signé par Breton, Eluard, Péret, Sadoul, Unik, Thirion, Crevel, Aragon, Char, Alexandre, Tanguy et Malkine, mais non par des colonisés : Nous avons cru devoir refuser, pour ce manifeste, les signatures de nos camarades étrangers Le tract des surréalistes circule dès l'ouverture de Vincennes malgré la chasse aux militants livrée par la police. [...]
[...] On peut par ailleurs noter que l'exposition coloniale fut un triomphe inouï elle reçut huit millions de visiteurs dont quatre de Paris et sa banlieue, trois millions de provinciaux et un million d'étrangers. De plus, cette manifestation se révéla fortement bénéficiaire : les entrées, les abonnements et les recettes diverses permirent un bénéfice de 30 à 35 millions de francs. Ainsi, il s'agit d'une véritable réussite. Nous avons donc vu que l'exposition coloniale de 1931 fut mise au service de la puissance coloniale française. [...]
[...] Il met en avant les bienfaits de la colonisation et notamment la mission civilisatrice : Nous avons apporté de la lumière dans les ténèbres L'idée que la France a la mission spécifique de civiliser ceux qu'elle considère comme des peuples retardés trouve son apogée sous la IIIe République. En effet, l'épopée coloniale est présentée comme une leçon de nationalisme, l'acte colonial s'inscrivant pleinement dans les valeurs de la République. Ainsi, de par son passé, mais également de par sa supériorité affirmée, la République française voit dans la colonisation un devoir envers l'humanité. L'exposition doit permettre l'adhésion d'un maximum de français aux idéaux civilisateurs de la République. [...]
[...] Ces conditions imposées par les grandes compagnies sont le plus souvent abominables, et s'assimilent à du travail forcé. Ainsi André Gide dénonce dans Voyage au Congo (1927) puis dans Retour au Tchad (1928) les conditions de vie difficiles des indigènes de même que les mauvais traitements qu'ils subissent. Pour ce faire il fait référence à plusieurs questions sociales angoissantes et notamment à un évènement qui l'a choqué : On attacha douze hommes à des arbres [ ] Le sergent Yemba et le garde Bonji tirèrent sur les hommes ligotés et les tuèrent. [...]
[...] L'idéal colonial républicain trouve également sa raison d'être dans la notion de progrès que garantit la France à ses colonies d'outre-mer. Ainsi, Paul Reynaud se vante d'amener le progrès et un certain développement dans ces régions : vous regarderez les tableaux et vous connaîtrez alors la poésie des graphiques C'est donc naturellement qu'on retrouve dans l'exposition des affiches ou des photographies montrant des ponts, des routes, des bâtiments administratifs, des dispensaires et les premières cliniques Ainsi partout l'exposition démontre les apports français : le perfectionnement des techniques, la modernisation des infrastructures, les progrès de l'hygiène On voit donc que la politique coloniale de l'époque témoigne de la volonté de mettre en avant la bonne conscience coloniale. [...]
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