Ce qu'est le nationaliste intégral, Charles Maurras, Action Française, Henri Vaugeois, Maurice Pujo, idélogie antidreyfusarde, maurrassisme, royalisme, droite monarchiste
Le Soleil, quotidien français fondé en 1873 et dirigé conjointement par Édouard Hervé et Jean-Jacques Weiss, était un journal monarchiste modéré qui évoquait principalement l'actualité internationale. Le texte porté à notre étude en est un extrait, parut le 2 mars 1900 et qui est intitulé "Ce qu'est le nationalisme intégral", rédigé par Charles Maurras, alors journaliste au quotidien. Charles Maurras, né en 1868 et mort en 1952, était un journaliste, essayiste et théoricien politique français. Intimement proche des milieux catholiques et traditionalistes de l'époque, il est surtout renommé pour l'apologie du nationalisme royaliste dont il fut le principal défenseur contre la forme républicaine d'organisation du pouvoir qu'il considère comme irrémédiablement décadente.
Ce nationalisme incorrigible le rapproche inéluctablement vers le jeune mouvement créé par Henri Vaugeois et Maurice Pujo dit de "l'Action Française" créé en 1898 qui base leur idéologie sur une position antidreyfusarde et soutenant le retour d'une monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire et décentralisée. Dans cet article, Charles Maurras présente donc sa vision du nationalisme, qu'il qualifie volontairement de "nationalisme intégral", autrement appelée "maurrassisme".
[...] Cette critique entame donc la mise en place de l'idéologie maurrassienne et appelle tous les opposants à la république à s'allier derrière ses idéaux pour fonder une nouvelle forme de pouvoir forte et intransigeante fondée sur un chef charismatique, prêt à défendre ces grands intérêts nationaux Le nationalisme comme divinisation de la nation Après avoir déconstruit la forme républicaine de gouvernance, Maurras s'attèle donc à décrire sa vision personnelle et partisane du sujet. Il considère ainsi que la nation doit concentrer tous les regards et devenir le centre d'intérêt de tous les citoyens. Il évoque ainsi la retranscription poétique de Jacques-Bénigne Bossuet de la passion inconditionnelle du peuple romain envers la nation romaine, qu'ils élèvent au rang de divinité la déesse Rome ligne 20). [...]
[...] Malgré l'instauration d'un régime républicain et l'assimilation progressive par la population des équilibres apportés par la République, la fin du XIXème semble faire donc connaitre à la France une série de remises en question, tant idéologiques qu'organisationnelles et fait naître la volonté d'une réaffirmation de la puissance française, considérée par certains comme n'étant qu'en pleine décadence depuis l'avènement de la république. L'un des reflets de cette métamorphose nationaliste s'entrevoit dans les discours retranscrits dans les écrits journalistiques. En effet, la libéralisation de la presse écrite promulguée en 1881 permet la multiplication des journaux écrits et la pluralisation des idées retranscrites. Parmi eux, Le Soleil, quotidien français fondé en 1873 et dirigé conjointement Édouard Hervé et Jean-Jacques Weiss, était un journal monarchiste modéré qui évoquait principalement l'actualité internationale. [...]
[...] Charles Maurras fait même appel à Paul Déroulède, fondateur des Ligues Patriotes en 1882. On comprend dès lors que Charles Maurras voit en l'idéologie royaliste une synthèse idéale des diverses opinions de la droite française, qui rassemble des divers postulats du nationalisme et devient donc lui-même l'expression la plus aboutie du nationalisme intégral selon Charles Maurras. Après avoir démontré cette qualité du royalisme de pouvoir unifier la droite nationaliste, Charles Maurras fait un appel à l'unité derrière le royalisme en prophétisant ses capacités mobilisatrices. [...]
[...] Mais alors, en quoi la vision défendue par Charles Maurras du nationalisme permet-elle l'émergence d'un nationalisme français spécifique et novateur ? Nous verrons dans un premier temps que Charles Maurras élabore une idéologie nationaliste à part entière puis nous étudierons en quoi la politisation affirmée de cette idéologie novatrice a-t-elle pu engendrer la formation d'une théorie politique du nationalisme royaliste (II). I Elaboration d'une théorie nationaliste et portée idéaliste de l'idéologie maurrassienne Une critique acerbe d'une république en déclin Dans l'ensemble du texte, on ne dénombre la présence du mot république qu'à une seule reprise. [...]
[...] Il se donne pour objectif de fonder un mouvement novateur qui fédère les nationalistes de tous horizons : antisémites, alliés du Boulangisme ou contre les partisans d'une monarchie traditionnelle pour soutenir la mise en place politique de la théorie nationaliste en usant du levier monarchiste. Charles Maurras, comme nous l'avons vu, rejoint en 1898 le groupement de l'Action Française, cette organisation qui va défendre ouvertement le retour à la monarchie et défendra par la suite l'antiparlementarisme. L'Action Française constitue donc la réalisation de l'objectif de Maurras de fonder un royalisme positiviste (antisémite, germanophobe, non-expansionniste, contre- révolutionnaire, décentralisateur et militariste) et fera rapidement progresser son influence sur l'électorat français, dans un contexte d'instabilité politique et de montée des extrêmes en démocratisant la portée des idéaux royalistes. [...]
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