Le document ici est une profession de foi, soit un document public réalisé par un parti candidat aux élections législatives de 1951, destiné à tous les électeurs.
Cette profession de foi est celle du Rassemblement du peuple français (RPF), un mouvement politique formé en avril 1947 par le général de Gaulle après l'adoption du projet constitutionnel proposé par les partis au pouvoir et qui se révèle fort éloigné de ses attentes. Pour son fondateur le RPF n'est pas un parti puisque, selon son discours prononcé à Bayeux en 1946, les partis politiques divisent la nation. Il le définit donc comme une large union dans laquelle il invite des Français de toute appartenance politique à y entrer. Le RPF connaît un grand succès dès sa création. En 1947-1948 il revendique déjà plus d'un million d'adhérents. Aux élections municipales de 1947 les listes de coalition qu'il patronne remportent 40% des suffrages dans les villes de plus de 9000 habitants.
L'année 1951 est ainsi pour les gaullistes l'occasion de prendre le pouvoir en obtenant la majorité des suffrages aux élections législatives. Face au RPF et aux communistes, les partis acceptant le système parlementaire de la IVème République (socialistes, modérés, radicaux), désormais minoritaires en voix, se sont regroupés au sein d'une coalition appelée « Troisième Force ». Leur préoccupation va alors être de trouver une loi électorale afin de s'assurer une majorité stable aux élections. C'est le rôle assigné à la loi des apparentements votée en mai 1951. Le scrutin demeure proportionnel mais plusieurs listes peuvent avant les élections se déclarer apparentées. On additionne alors leurs suffrages et si ceux-ci dépassent la majorité absolue, les listes apparentées se partagent la totalité des sièges. Les gouvernants cherchent ainsi à éliminer les communistes qui ne trouveront pas de parti avec qui s'apparenter et d'amener le RPF à accepter le jeu parlementaire. (...)
[...] En effet, les élections législatives approchent et pourraient permettre aux gaullistes de renverser les partis de la Troisième Force au pouvoir depuis 1947 et de constituer une nouvelle Assemblée nationale. Par cette profession de foi, le RPF propose donc son programme pour l'avenir de la nation et expose ses engagements qui guideront sa politique. Pour les gaullistes, la France est clairement menacée. Ils évoquent ligne 3 la guerre froide entre les Etats-Unis et le bloc soviétique qui domine les relations internationales depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. [...]
[...] Le RPF dénonce de manière virulente le communisme et montre sa peur que la France devienne une des scènes d'affrontement entre les Etats-Unis et l'URSS. Le texte fait même allusion aux combats contre les Allemands en 1943-1944 (ligne 21-22) afin de faire réagir les électeurs pour qui la guerre a été un traumatisme. Afin de corriger les problèmes du régime et maintenir la paix, il faut donc construire Et la première chose à construire est un Etat solide grâce à une Constitution remaniée (ligne 24). De Gaulle s'était opposé aux deux projets constitutionnels proposés en mai et octobre 1946. [...]
[...] Il doit également y avoir une séparation des pouvoirs, avec une Assemblée confinée dans son rôle législatif afin de supprimer un régime de partis. Le chef de l'Etat doit assurer un arbitrage national (ligne 26-27)l. Il doit être la clé de voûte du régime et non plus une figure faible face aux partis. C'est à lui que revient le rôle de veiller au respect de la Constitution et de consulter le peuple directement. C'est donc par l'instauration d'un nouveau régime que les questions budgétaires pourront être réglées (ligne 28). [...]
[...] Le camp soviétique semble d'autant plus menaçant qu'il a fait exploser sa première bombe atomique en 1949. A l'intérieur, le PCF se considère comme mobilisé pour empêcher le camp impérialiste d'attaquer l'URSS. Il organise des grèves et des manifestations très violentes et critique vivement la politique du gouvernement. L'agitation communiste fait régner un climat de guerre civile. Le pays est donc selon les membres du RPF en danger face au communisme. Face à ce constat, ils proposent deux choses : changer et construire. [...]
[...] La France peut se protéger du péril extérieur par une défense nationale rénovée mais en conservant une autonomie nationale. Ainsi, afin de se protéger de la menace communiste, la défense nationale doit se moderniser. Mais elle doit garder une indépendance notamment vis-à-vis de la puissance américaine. Par la suite, de Gaulle, lorsqu'il sera au pouvoir, encouragera d'ailleurs le pays à se doter de l'arme nucléaire et à quitter le commandement intégré de l'OTAN. Le péril intérieur vient de la lutte des classes (ligne 36). [...]
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