En 1962, lorsqu'arrive la crise des missiles de Cuba, les relations entre l'URSS et les Etats-Unis (EU) sont extrêmement tendues. En effet, depuis 1947 les deux pays sont entrés dans la Guerre Froide, constituant autour de chacun d'eux un bloc de plusieurs pays : le bloc occidental et le bloc soviétique. Cette guerre entre les blocs se caractérise ainsi par une volonté commune aux deux puissances d'étendre leur influence sur un maximum de territoires, mais également par une course aux armements afin de renforcer leur puissance militaire respective (ce qui explique l'acquisition de l'arme nucléaire par l'URSS en 1949). La Guerre Froide a ainsi été à l'origine de crises entre les deux blocs comme à Berlin en 1948-1949 ou en Corée (1953-1956).
Depuis 1956, la politique extérieure entre les deux grands est fondée sur la « coexistence pacifique », ce qui n'empêche par l'explosion de nouvelles crises telles que la construction du mur de Berlin en 1961 ou, bien plus dangereuse encore, celle des missiles de Cuba. Ainsi cette crise s'ouvre alors que les relations conflictuelles entre l'URSS et les EU, fondées sur « l'équilibre de la terreur », empêchent toute négociation.
[...] En effet, la caricature d'Illingworth montre bien que le rapport de force engagé entre l'URSS et les EU avait de lourds enjeux. Ce rapport de force étant égal entre les deux, l'enclenchement de la guerre par l'un des deux camps aurait entrainé une riposte immédiate et violente de l'autre camp. Heureusement la voie de la discussion et du compromis a été préférée à celle de l'action. La situation était d'autant plus critique que la prise de décision appartenait à un petit nombre d'hommes, et notamment à Kennedy alors nouvellement élu président. [...]
[...] Kennedy, afin de mettre fin à cette situation de crise, propose à Khrouchtchev de mettre définitivement un terme à toute action américaine contre Cuba, mais également de retirer les missiles qu'il avait installés en Turquie. Selon le chef soviétique, l'URSS n'a donc plus besoin de défendre l'île ce qui était au départ le seul objectif de l'installation de missiles. En réalité, Khrouchtchev se satisfait de ce compromis car il sait qu'ainsi Cuba reste un allié des communistes et qu'une alliance avec cette île si proche du territoire américain est un atout dans la Guerre Froide. [...]
[...] La crise de Cuba est également l'occasion d'une grande prise de conscience. Après avoir frôlé la guerre nucléaire, les deux côtés savent maintenant qu'ils ont la possibilité de s'autodétruire. Le manque d'informations sur les véritables intentions de l'adversaire et l'absence de communication efficace aurait en effet pu être fatal. La fin de la crise marque alors l'entrée dans une nouvelle période de la Guerre Froide, la détente pendant laquelle les relations en Etats-Unis et URSS vont considérablement s'assouplir. Afin de mettre fin à une course aux armements coûteuse et de réduire les risques de guerre nucléaire, les deux Grands signent en effet un Traité de Non- Prolifération de l'arme nucléaire en 1968 et ils passent l'accord de SALT I en 1972 sur la limitation des armes stratégiques. [...]
[...] L'envoi à partir de mai 1962 de soldats soviétiques à Cuba, puis de missiles et de torpilles nucléaires, est également un moyen pour l'URSS de rééquilibrer les forces militaires avec les EU, alors que ces derniers ont auparavant installé des missiles en Turquie et en Italie. Cependant, le 14 octobre 1962, le secrétaire américain à la défense Mc Namara entre en possession de clichés aériens qui prouvent la présence à Cuba de rampes de lancement de missiles soviétiques. Ces missiles situés à une centaine de kilomètres des côtes étasuniennes et mexicaines sont une réelle menace. De plus, on se rend compte de l'arrivée de navires soviétiques vers l'île. [...]
[...] Cependant, les conséquences de cette crise vont être nombreuses, et elle marque un tournant dans la Guerre Froide. Tout d'abord, le compromis réalisé illustre l'entrée dans un nouveau type de rapport de force fondé sur un jeu à somme non nulle, dans lequel une partie sort toujours plus victorieuse qu'une autre. En effet, bien que les EU aient laissé à l'URSS la possibilité de reculer sans perdre la face, ce sont eux les véritables vainqueurs. Ils ont en effet évité une guerre nucléaire ; de plus, Kennedy, dont la popularité augmente énormément, a montré sa capacité à gérer de grandes crises, et surtout la promesse de retirer les missiles de Turquie n'est pas réellement contraignante puisque Kennedy avait déjà prévu cette opération en 1961. [...]
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