Commentaire d'une estampe représentant la fête de la Fédération du 14 juillet 1790. D'auteur inconnu, cette estampe célèbre l'unité nationale voulue par les députés en mettant en scène le peuple dans sa "totalité".
[...] La fête reconstitue les décors de l'Antiquité. C'est le Champs de Mars, qui a été choisi et aménagé pour la fête. En effet, un nouvel aménagement de l'espace paraît nécessaire face à un nouvel aménagement politique. Il s'agit de créer une sorte de ville utopique, ou toute dissonance se doit d'être évitée. Il ne nous apparaît pas dans son entier sur l'image, il à la forme d'un cirque, tel les cirques romains, ce modèle architectural de l'amphithéâtre est lié à la vertu du rassemblement. [...]
[...] Cependant, il est intéressant de considérer que cette fête a des aspects contradictoires, notamment concernant la figure du roi et les absents de la fête, ce qui ne reflète pas l'unité de tous les français. Intéressons-nous tout d'abord à Louis XVI, ce bon roi citoyen (l.2, ch1). Il faut rappeler qu'à partir de 1789, le terme de citoyen désigne l'homme libre qui n'est plus le sujet du roi. En le désignant comme citoyen, Déduit fait de Louis XVI un homme parmi les autres, en quelque sorte, un homme libéré du statut de roi. [...]
[...] Cette fête développe les thèmes de la réconciliation nationale. On remarque que le graveur ne cherche pas à mettre en avant certains personnages en les dotant d'attributs, ce qui nous permettrait de les reconnaître. Cela tient de a volonté de confondre chaque personnage dans cette fête de l'unanimité. On arrive cependant à distinguer au moins un personnage, Talleyrand, sur l'autel de la Patrie. C'est l'évêque d'Autun qui est appelé à célébrer la messe, il est entouré de ministres du culte en blanc. [...]
[...] Cette idée de progression vers un monde nouveau est également mise en relief par l'escalier. Cette fête de la Fédération se veut clore la révolution, faire abstraction du passé, mais elle a besoin de se donner des références, se couper du passé proche et dans le même temps renouer avec un passé mythique. L'arc de triomphe, avec ses trois entrées est typique des arcs romains c'est donc également une référence à l'Antiquité, c'est le symbole de la victoire de l'empereur. [...]
[...] Nous terminerons par une citation de Jean Jaurès qui résume bien les non-dits de la fête de la Fédération : Il est bon, que des esprits pénétrants et âpres démêlent sous les prestiges des fêtes et l'éblouissement de l'universelle joie les causes subsistantes de désordres, de défiance et de violence qui le lendemain développeront leurs conséquences. BIBLIOGRAPHIE Outils de travail FURET, François et OZOUF, Mona, Dictionnaire critique de la Révolution française, Paris, Flammarion réed.2007, 365p. MARTY, Georges et Colette, Dictionnaire des chansons de la Révolution française, Paris, Tallandier 350p. SOBOUL, Albert (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, PUF réed 1132p. [...]
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