Depuis plusieurs décennies, les campagnes électorales sont de véritables marathons qui mobilisent une équipe toujours plus grande et spécialisée : on a pu le constater à nouveau lors des élections présidentielles de 2007, durant lesquelles les machines électorales des deux grands partis étaient en compétition. La jeune génération est habituée à ce processus, et l'on en oublie presque qu'il n'en a pas toujours été ainsi : en effet, l'homme politique a vu son parcours nettement évolué, en se professionnalisant, notamment au cours de la IIIe République.
C'est sur cette évolution que se penchent les auteurs de l'ouvrage La profession politique – XIXe-XXe siècles, dirigé par Michel Offerlé. Dans l'article « La fin des notables revisitée », Eric Phélippeau, qui se revendique comme un disciple de Norbert Elias, s'intéresse tout particulièrement au lien entre notables et hommes politiques, et tente de montrer, par l'exemple véridique du Baron de Mackau, que la professionnalisation politique n'entraine pas la fin de la présence des notables dans ce domaine. Pour cela, l'auteur utilise une méthode empruntée à Norbert Elias, qui consiste à étudier une profession, un parcours, pour comprendre le contexte social d'un pays à une époque donnée : ainsi, Eric Phélippeau va étudier le parcours politique du baron Armand de Mackau entre les années 1960 et la Première Guerre mondiale dans le département de l'Orne, dans le but d'éclairer le processus global de professionnalisation de la politique dans cette période charnière.
[...] Tous ces éléments, auxquels va s'ajouter le nouveau rôle de la presse, annoncent une réponse positive. 3/Le nouveau rôle de la presse Le rachat de la tribune de presse Le journal d'Alençon semble confirmer une réponse positive. Cet achat a pour but de fédérer l'ensemble du parti conservateur ornais et était devenu une nécessité face à la concurrence qui s'organise et prend aussi place dans la presse. Pour cela, il fait appel à des actionnaires –légitimistes, orléanistes et bonapartistes-. Ce nouvel accaparement de la presse par la politique est une véritable extension de la machine électorale, et fonctionne comme une agence de renseignement politique. [...]
[...] -Eric PHELIPPEAU, La fin des notables revisitée in Michel OFFERLE (dir.), La profession politique. XIXes- XXe siècles, Belin, coll. [...]
[...] Il continue à penser, ou du moins à écrire qu'il est élu par affection ou confiance plutôt que pour de quelconques intérêts beaucoup plus terre-à- terre. De même, lorsqu'il rencontre des gens, il le fait à la manière d'un notable, c'est-à-dire de façon très précise et organisée, et il ne s'agit en aucun cas d'un échange libre de paroles ou d'un quelconque meeting. 3/Un résultat hybride, entre militance et légitimité notabiliaire Le Baron de Mackau sait revêtir le costume du grand notable soucieux de rendre service, mais aussi celui du militant qui part en tournée pour faire campagne. [...]
[...] Il rappelle aussi l'importance du travail de Max Weber sur l'expropriation politique idée développée dans ses écrits politiques et qui fait allusion à l'apparition de classes modestes en politique, ici pour le cas de la société russe juste avant la révolution de 1905. Enfin, l'œuvre de Daniel Halévy La fin des notables, semble être à l'origine du titre même de l'article de E. Phélippeau La fin des notables revisitée), qui soutient le fait cette fin des notables est loin d'être si évidente. Il choisit pour cela d'exploiter les archives relatives à la vie du Baron de Mackau, figure emblématique de la professionnalisation politique, étant donné son itinéraire situé à cheval sur les deux siècles étudiés et dans cet espace politique qui s'autonomise. [...]
[...] Et de nos jours, même si le temps des notables paraît lointain, il est toujours possible d'apercevoir cette fibre autrefois notabiliaire qui consiste, chez certains politiciens, à vouloir se montrer proche de chacun de ses concitoyens. De plus, il est intéressant de noter ce que souligne Daniel Gaxie dans Les logiques du recrutement politique : l'indice de représentation politique au sein de la chambre basse s'accroît régulièrement quand on va des classes populaires aux classes supérieures (en 1980). Cela ne serait-il pas un héritage de la préexistence des notables en politique ? Sources -Daniel GAXIE, Les logiques du recrutement politique Revue française de science politique, vol.30, nº p.5-45. [...]
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