« How exactly did these Italians come to believe so deeply in “their” whiteness and their fundamental difference from blackness and, at other times, brownness and yellowness ? » Voilà la question à laquelle tente de répondre Thomas Guglielmo dans cet article paru dans le Journal of American Ethnic History en 2004, à l'occasion d'un numéro spécial, intitulé « The Study of « Whiteness » ». Ce numéro fait le point sur un nouveau champ de recherche dans l'historiographie américaine, celui de la blancheur (whiteness studies) qui donne une nouvelle perspective aux études ethniques de la société américaine. En effet, ce champ de recherche que sont les études ethniques ne sont pas récent puisqu'elles servent de fondement pour comprendre la société américaine, terre d'immigration et de communautés, mais les études sur la couleur, en l'occurrence sur la blancheur, sont plus récentes et tiennent à faire la distinction entre la couleur et ce que les historiens américains appellent race, c'est-à-dire l'ethnie au sens de la nationalité (origine) des immigrés. L'auteur a lui-même réalisé un article retraçant l'historiographie des whiteness studies, qui selon lui débutent au début des années 1990. Cette nuance entre race et color permet de mieux appréhender les différents facteurs d'intégration des immigrés. Si l'on prend l'exemple des Italiens de Chicago, dont il est question dans cet article, bien qu'étrangers et appartenant à une race autre de ce qui se veut être un Américain (White Anglo-Saxon Protestant), sont rendus acceptables au sein de la société américaine par leur identité blanche.
[...] Après le contact de l'entourage, l'auteur s'attarde sur les structures dans lesquelles apparaissent des différenciations entre les couleurs, notamment les maisons de quartiers pour immigrés, ces associations permettant une intégration des nouveaux arrivants. Souvent gérées par les communautés immigrées, on dénombre certaines de ces maisons gérées par les Italiens qui excluent les Afro-Américains de leurs services, l'auteur prenant exemple sur une de ces maisons réputées des plus ouvertes (Hull House) mais qui marginalisaient largement les communautés noires, sous la pression. Ainsi, les Italiens étaient confrontés à leur statut de blanc directement, sans en avoir forcément conscience. [...]
[...] Mais l'auteur relève bien la nuance qu'il faut établir selon le sexe, la génération, la classe sociale de chacun ou encore les opinions politiques. Dans ce cas, il aurait aussi été intéressant pour mieux comprendre cette volonté de s'élever face à la population noire, d'insister sur le fait que les Italiens ont leur propre lutte raciale à mener. En effet, eux aussi peuvent être critiqués publiquement, et ont un statut social inégalitaire face aux Américains natifs. Cela expliquerait pourquoi, les Italiens en sont venus de partager une relation amicale avec les Afro-Américains, à contribuer à leur dénigrement quotidien. [...]
[...] Cela n'est pas forcément une faute de la part de l'auteur, mais cela révèle simplement que le fait que l'auteur soit un précurseur dans le domaine ne donne pas de points de comparaison permettant de projeter la situation qu'il décrit dans cet article, les Italiens de Chicago face à la blancheur, au sein d'autres représentations de cette blancheur selon les caractéristiques spatiales et raciales. La ségrégation ne peut être réalisée sans la justifier, il faut donc mettre en évidence les différences avec l'autre pour montrer que l'on ne peut vivre en relation avec lui. C'est l'autre point fort de l'identification italienne à la blancheur selon l'auteur. [...]
[...] On insiste dans l'éducation à ne pas se mélanger avec les Noirs, car ce serait franchir la color line, ce qui équivaudrait à subir les mêmes humiliations : être relayé aux emplois les plus subalternes, être humilié dans la presse par des comics qui font passer les Afro-Américains pour des moins que rien. Petit à petit, la prise de conscience de l'identité blanche se fait par les Italiens, par des moqueries contre les Afro-Américains, les Mexicains ou les Asiatiques, mais aussi par la formation de gang qui se fait une réputation par leur violence contre les noirs. [...]
[...] Cette étude s'intègre donc pleinement dans la recherche précédente de l'auteur, dans le sens où il s'agit d'un exemple précis de la thèse développée précédemment dans l'auteur. On peut alors se douter que cet article, publié dans une revue spécialisée sur la question lui sert à faire valoir ses recherches puisqu'il fait largement référence à son ouvrage et qu'il conclut même son article en affirmant que les éléments de réponses proposés sont plus détaillés dans son ouvrage, venant juste d'être publié. [...]
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